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Etre victime

Etre une victime de violences psychologiques, de violences sexuelles, c’est quoi ? On vit avec une seconde peau, la première est trouée de toute part, la première peau est en lambeaux. La seconde colle à la première, colmate les trous, tant bien que mal.
C’est une peau caoutchouteuse, fine qui vous colle tellement qu’elle empêche les grands mouvements. Alors, vous faites de petits mouvements, vous respirez doucement, vous dormez doucement de peur de réveiller des cauchemars.
Les autres ne voient pas la peau trouée, la peau calcinée, ils voient ce que vous donnez à voir. Cette seconde peau, ce subterfuge de pacotille.
Etre victime aujourd’hui, c’est être tout sauf une victime justement.
Je ne retire plus ma seconde peau, je ne montre plus les trous béants de mon âme, de mon cerveau, de mon cœur. Je ne me montre plus rien.
Etre victime c’est entendre l’inentendable, l’insupportable, l’inexcusable de la part des autres, de ceux qui n’ont jamais subi de violences.
C’est entendre votre supérieur hiérarchique vous dire que vous ne pouvez pas porter plainte contre votre ex compagnon car cela est gênant compte tenu de sa position. C’est vous entendre essayer d’expliquer les faits et voir le doute flotter dans les yeux, dans les regards des autres.
Etre victime c’est entendre un gradé de la gendarmerie vous dire, « vous comprenez, c’est délicat, il n’y a pas de témoins », c’est rappeler à ce même gradé que c’est le propre des violences psychologiques et sexuelles dans les violences conjugales se font dans l’intimité.
Etre victime c’est être celle qui dérange, qui ose parler. Etre victime, c’est supporter les paroles malencontreuses, les jugements hâtifs.. c’est entendre des paroles qui agrandissent vos trous, vos béances, votre souffrance. C’est entendre les poncifs et encore des poncifs. « ce n’est rien », « ce n’est pas grave », « il faut tourner la page », « il faut oublier ».
Etre victime c’est entrer dans l’attente. L’attente de tout. L’attente d’aller mieux. L’attente de la suite de votre plainte. L’attente de guérir. L’attente de ne plus faire de cauchemars. L’attente, longue et infernale presque aussi infernale de tout ce que avez déjà enduré. Sauf que vous n’êtes plus victime dans cette attente, c’est vous qui avez entamé des démarches. C’est une démarche volontaire, quelque chose que vous avez décidé difficilement. Vous n’êtes pas victime, vous êtes l’auteur de la plainte. On met en doute votre parole, on met en doute votre probité. On met en doute, tout et rien.
Vous finissez par n’être plus rien. Un fantôme qui erre dans ses souvenirs, que personne ne semble voir mais qui voit les fantômes ? Pourtant, vous avez lu que vous avez des droits, que les victimes doivent être accompagnées, soutenues, écoutées. Vous avez même trouvé des textes, des lois, des circulaires… mais ce sont là de simples mots qui ne règlent pas vos maux. Tout le monde joue la montre, alors vous patientez et votre corps finit doucement par lâcher. Vous avez jeté vos dernières forces dans cette plainte. Comme on jette une bouteille à la mer. Personne ne ramasse la bouteille. Personne. Pourtant tout le monde pourtant s’insurge contre les violences. Tout le monde.
Ce monde là n’est pas le votre. C’est un monde parallèle, virtuel. Votre monde à vous vous regarde avec étonnement, avec pitié ou dégoût. Même le médecin qui vous a reçu vous annonce à renfort d’ordonnance « vous faites une dépression » mais ne vous pose aucune question.
Et lorsque l’on vous pose des questions, vous les ingurgitez pour les vomir ensuite : « pourquoi êtes vous restée ? Pourquoi n’êtes vous pas partie », « comment une femme comme vous peut-elle se retrouver dans une telle situation » Pourquoi ? Vous aimeriez bien expliquer l’engrenage, l’engrenage qui broie, concasse, anéantit. Vous ne trouvez pas les mots, vous ne trouvez pas le tangible, vous ne trouvez rien car il n’y a rien à expliquer, car la violence ne s’explique par avec des mots, pas plus qu’elle n’obéit à la moindre logique. Personne n’a rien vu autour de vous pendant des mois pourtant vous avez perdu plus de dix kilos et votre magnifique sourire. Vous avez perdu le sommeil, vous avez perdu l’appétit puis vous avez perdu l’envie de vivre. Vous avez perdu votre dignité. Vous avez perdu votre estime de vous même, vous avez perdu la confiance en vous. Vous avez gagné tout le reste, la culpabilité, la honte, le mutisme, la peur.
Vous êtes devenu le fantôme de vous même. La honte vous ronge centimètre par centimètre. Honte de ne pas avoir su répondre, vous défendre. La honte de devoir vous justifier ensuite comme si vous étiez une bête curieuse.
Etre victime ce n’est pas une peine unique, ce n’est pas une double peine.. C’est une multitude de peines que l’on doit affronter. C’est un combat contre vous même mais c’est surtout un combat contre la société qui cache, voile, minimise, excuse.. C’est une autre forme d’abus..

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Mimie
Mimie
5 années plus tôt

Bravo tu as tout dis !!

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Catoune
5 années plus tôt

Chère Anonyme,

Si vous me le permettez, je ramasse votre bouteille ! Si vous voulez me parler, je suis là!

C’est la première fois que je lis une définition aussi complète et aussi vraie de ce qu’est une victime !

Ce que vous écrivez est magnifique, puissant et très émouvant !

Merci d’avoir trouvé et écrit les mots qui nous font défaut pour exprimer ce que nous ressentons et sommes, nous les victimes !

Toute ma tendresse et tout mon soutien!

Catoune

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loulou
loulou
5 années plus tôt

Chère Victime,
Vous parlez vraiment très bien de ce que c’est que d’être une victime aujourd’hui. Votre parcours est tout à fait représentatif du chemin de croix que constituent les violences, la révélation de ces violences aux autres, le dépôt de plainte, le regard gêné des autres.
Vous avez eu le cran de porter plainte, de demander des comptes, de refuser la violence. C’est le début de la remontée, de l’arrêt du pire, de la restauration de vous- même. Courage, essayez de trouver du soutien auprès d’amies, d’associations spécialisées, tenez bon.

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louna
louna
5 années plus tôt

Tout ta fais d’accord avec votre message ensuite deux choix s’offre à “nous” soi la force de la résilience ou le suicide notre douleur est là certe mais notre futur, notre bien être notre force de vivre est en soi que on soi aider ou non

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