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emprise morale et agressions sexuelles répétées

J’avais 15 ans.
On était dans la même classe de Seconde et je m’en foutais de toi. Tu as initié un jeu de questions quotidiennes (on avait droit à une question chacun) pour savoir qui de nous deux allait décoder le plus vite possible la psychologie de l’autre. A l’origine, tu ne m’intéressais pas beaucoup. Je ne te trouvais ni drôle ni intelligent ni attractif.
L’emprise était morale mais aussi sexuelle. Je l’ai vécue au début comme un envoutement. J’éprouvais pour toi une fascination vertigineuse et au bout de trois mois de pseudo amitié, tu avais déjà conscience de l’emprise que tu avais sur moi. Jamais je n’aurais pu me douter que cette emprise allait également devenir sexuelle puisque je n’avais encore jamais ressenti de désir sexuel pour quelqu’un. Un jeudi après-midi, je suis allée chez toi avec une copine. Tu as décidé de regarder qu’on regarderait un film. Tu as étendu une couverture sur nous, j’étais assise en tailleur sur ton pseudo canapé entre toi, à ma gauche, et notre amie, à ma droite. Au bout des 20 premières minutes de film, tu as posé ta main très haut sur ma cuisse gauche, à la limite de l’aine. Les deux premières secondes, j’ai cru que c’était une erreur, que tu avais nonchalamment laissé tomber ta main et que tu allais dire « ah pardon ». Ta main est restée. Tes doigts ont commencé à tracer des gestes circulaires sur ma cuisse, à l’orée du pubis. A cet instant précis, je n’ai rien compris. Tout ce dont je me rappelle, c’est que j’ai d’abord senti une vague de chaud dans mon corps, comme si mon sang devenait bouillant et je me rappelle ne jamais avoir autant rougi de ma vie. Je n’ai rien dit, je crois juste avoir étouffé un léger sursaut. Je ne sais pas si je n’ai rien dit parce que j’étais sous ton emprise et que je ne voulais pas te perdre et te décevoir en passant pour une prude ou parce que notre amie était assise de l’autre côté. Je ne sais pas si je me suis tue parce que de toutes façons je n’aurais pas su quoi dire ou parce que quoiqu’il arrive, tu avais déjà commencé à me caresser et qu’un trop grand laps de temps s’était écoulé pour que je sois légitime à le dire. Rien ne s’est verbalisé dans ma tête, peut-être juste une onomatopée du type « ah ». J’ai continué de fixer l’écran parce que j’aurais eu tellement honte que tu lises ma gêne, j’aurais été incapable de soutenir ton regard. Ce qui est étrange c’est que la honte et la culpabilité m’ont envahie dès que j’ai compris que ta main était restée une seconde de trop. Tout ceci était très subtil, tu ne faisais qu’effleurer mon corps de tes grandes mains blafardes aux ongles jaunis.
Tous mes repères ont été bousillés et le monde qui m’entourait s’est teinté d’un voile noir. La fumée noire s’est propagée dans l’ensemble de mon corps, de mes émotions, de ma vie pendant plus de 2 ans.
Après ce premier attouchement, on n’a jamais parlé de ce qui s’était passé. Tout ton art résidait dans sa banalisation et sa normalisation. Surtout, on passait des soirées à s’échanger des messages par lesquels tu affermissais ton emprise sur moi en me valorisant puis en me dénigrant par le sarcasme ou par le fameux « tu m’as déçue, je te croyais plus intelligente que ça ». Tu agitais également ma peur de l’abandon. Tu me disais que mes crises d’angoisse -au cours desquelles je te demandais comment tu m’aimais et pourquoi on n’était pas en couple- allaient tomber un moment où tu ne pourrais plus les tolérer et où tu serais donc amené à « couper les ponts avec moi ». Tu me disais que je n’étais pas si belle que ça finalement, ou coincée et niaise. Mais en même temps, tu me disais parfois « je t’aime ». Je me rappelle que tu m’aies dit sérieusement « si je devais mourir, j’aimerais que ce soit toi qui me tues », ce qui révèle bien toute la perversité dont tu faisais preuve. Tu étais mon premier rapport à l’autre, tu posais les balises sur mon corps et dans mon esprit et je n’aurais pas pu concevoir que c’était anormal.
Cet attouchement s’est répété une dizaine de fois, les après-midis ou en soirées sur une durée totale d’un an et demi. Dans une lascivité totale mais en même temps coupée du désir sexuel et de mes émotions, je t’ai laissé me caresser les fesses, les cuisses, le pubis et m’embrasser dans le cou. J’ai éprouvé, à chaque fois, le besoin de retourner chez toi, dans ton antre. J’ai longtemps cru, en culpabilisant, que j’y retournais pour captiver ton attention et que tu me considères enfin mais je comprends aujourd’hui que je cherchais à revivre le moment pour comprendre ce qui s’était joué, le bug de ma tête. J’espérais aussi que la situation se normalise, qu’on allait enfin se mettre en couple, comme tu m’avais laissé l’espérer.
On n’était absolument pas en couple puisque tu sortais avec une autre fille qui était ta copine officielle et tu entretenais ce que tu appelais des « amitiés charnelles » avec d’autres personnes.
J’ai été une proie facile, à la fois sensible et orgueilleuse mais j’avais une légère tendance à craindre l’abandon. Tu l’as saisi très rapidement et comme tu l’as reconnu avant-hier, quatre ans après le début de cette emprise, c’était jouissif pour toi d’exercer une ascendance psychologique et physique sur moi. Tu m’as dit avoir vu ton désir sexuel s’amplifier du fait que je ne réagissais, ne répondais pas et que j’étais complètement pétrifiée. En effet, j’étais la plupart du temps inerte et jamais je n’ai eu ni l’envie ni la volonté de te toucher à mon tour ou de t’embrasser.
J’ai longtemps gardé la sensation d’un monstre tapi au fond de moi, de ma gorge et de mon abdomen. J’ai appelé ce monstre anorexie pendant deux ans mais je comprends seulement maintenant, 4 ans plus tard que ce monstre était le vautour qui me dévorait les tripes, que c’était toi.
A l’issue d’un cheminement où je m’évertuais à tenter de me réparer dans le regard et l’estime d’autres hommes, ce qui m’a fait le plus de bien c’est le fait de pouvoir lui déverser à la gueule toute ma haine. Je l’ai coincé devant des faits qu’il ne pouvait plus nier alors que j’ai vécu pendant plusieurs années dans la peur qu’il décrédibilise mon traumatisme en disant « ça va, on n’est pas non plus allés jusqu’aux prélis ». Je ne sais pas pourquoi je l’ai seulement fait récemment mais je crois que c’était le temps qui m’a été nécessaire pour arrêter de retourner le couteau contre moi-même et viser enfin en pleine cible. Aujourd’hui je me sens profondément libérée, comme si j’avais retrouvé la légèreté qui m’habitait avant que ce traumatisme se produise.
Autoriser son corps à pleurer, parler et tenter de se reconnaitre comme victime font vraiment du bien. Surtout, déverser toute ma colère au principal intéressé a fini par me faire du bien alors que c’est ce que je redoutais le plus.

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