Voilà
Je m’adresse à toi, *******, je n’ai aucune idée de ce que tu es devenu.
Tu dois avoir aujourd’hui environ 63 ans.
Peut-être es tu malade, mort, en pleine santé.
Ce que tu es devenu m’importe peu mais je veux te conter l’histoire d’une très jeune fille qui a croisé ta route, il y a de celà 47 ans.
Je vais me rappeler à ta mémoire, je suppose que je suis un épisode sans importance que tu as sûrement oublié.
Mes parents avaient acheté une vieille ferme à *********, ils avaient apprécié le havre de paix que ce lieu leur procurait. Et à partir de mon neuvième anniversaire, j’y ai passé toutes nos vacances jusqu’à 20 ans.
Nos deux familles se sont rencontrées.
Les activités pour les enfants étaient inexistantes alors les petits parisiens sont allés jouer avec vous, le plus souvent chez toi.
Moi je retrouvais ta soeur ******* qui dès l’âge de 11 ans me parlait de ses premiers flirts.Mes frères s’étaient liés à toi et à ton frère *******, ils étaient sensiblement du même âge.
Il faut croire que dans vos campagnes, on s’ennuie ferme et très vite, j’ai compris que la meilleure distraction n’était ni la littérature, ni les visites culturelles.
D’abord, ton père qui, à plusieurs reprises et devant moi, a harcelé ma mère puis ma tante, pour essayer d’obtenir leurs faveurs.
Je me souviens également d’un après-midi, nous avions voulu jouer aux gendarmes et aux voleurs, je devais avoir 12 ans, ton frère ******* , sous prétexte d’attraper le voleur avait cherché à me peloter, ce qui avait mis mon plus grand frère en rage.
Ton frère a, par la suite, lors de visites de ” courtoisie”, cherché à me peloter et m’embrasser ouvertement devant ma mère
Je plante juste le décor, là, ******* Tu dois déjà bailler d’ennui.Tu n’as sans doute pas lu une aussi grande lettre depuis longtemps.
Alors avant que tu n’abandonnes, je vais en venir au fait.
Cette année là, j’avais 13 ans, mes frères n’étaient pas là, j’étais venue avec ma mère et une copine .
J’avais changé,13 ans pour une fille,ça commence sérieusement à intéresser les garçons. Du jour au lendemain, une bande de garçons dont toi est venue nous rendre visite. La plupart de gros balourds comme toi.
Dont ton cousin qui avait au moins 25 ans et qui n’a pas cessé de me harceler.
Vous veniez jouer au badminton.Certains de tes copains semblaient un peu moins rustres.
Très vite, il est apparu que vous ne veniez pas seulement pour le badminton.
Ma copine est rentrée sur Paris…
Un jour, tu m’as demandé (Je me souviens précisément de la phrase)
Tu veux draguer avec moi?
Et moi, comprenant que tu me proposais un flirt, je t’ai dit oui.
Dès le lendemain, tu es revenu.Je savais que tu devais venir l’après-midi et j’ai refusé de suivre ma mère qui voulait faire des courses à *******.
Alors où est le problème ******* ?
Pourquoi tous ces mots pour finalement dire que je l’ai bien voulu cette histoire.
Et bien c’est que figure toi les mots n’ont pas le même sens à ******* qu’ à Paris.
Car à Paris quand on flirtait avec un garçon, ça s’arrêtait à quelques baisers et aussi quelques caresses.(mais je l’ai appris par la suite,cela n’est pas vrai non plus !)
Je n’avais jusqu’alors connu aucun flirt.
De caresses , de baisers, il n’y eut pas. Quand on est élevé avec les taureaux, on se comporte comme les taureaux. Alors, droit au but, tu n’as pas vu ma frayeur…
Je n’avais jamais vu de sexe en érection.Tu n’étais pas venu dans un but pédagogique. Et malgré les non que j’ai prononcés, tu m’as pénétrée. J’ai poussé des cris de douleur, c’était ma première fois.
J’ai répété plusieurs fois le mot non.
Tu m’as demandé pourquoi?
Puis comme pour me rassurer, tu m’as dit:
Je ne suis pas un salaud.
Cette phrase, je ne l’ai pas comprise.
Après l’événement, je me suis demandé mille fois ce qu’elle voulait dire.
Rassure toi, depuis je l’ai comprise.
La suite est plus improbable car comme tu l’as sans doute perçu, je n’ai pas particulièrement aimé la première expérience.
Et bien c’est là que je ne comprends plus.
Car je t’ai revu, sans doute quelques jours après. Et je t’ai suivi. Pourquoi? Soumise…Je n’arrive toujours pas à savoir pourquoi.Tu m’as emmenée, nous étions escortés par ton copain qui nous a offert le gîte : la chambre de ses parents…
J’ai de nouveau dit non mais là j’avoue, je n’étais pas crédible. Qu’est-ce que je foutais là si je n’en avais pas envie?
Et comment penser que la première expérience m’ait donné envie de recommencer ?
Même taureau, mêmes mots pour rassurer la belle…Même scénario.
Le copain celui qui invitait faisait sans doute le guet et il nous a fallu partir en courant car sa mère rentrait chez elle sans prévenir !
Cela aurait pu s’arrêter car quand je suis sortie de cette deuxième fois, j’étais particulièrement furieuse et surtout honteuse.
La troisième fois, je rentrais en vélo en passant par la ferme des *******, des fermiers que j’aimais beaucoup et qui eux, avaient le respect des bêtes et des hommes.
Mais tu n’étais pas de cette espèce là.
Donc alors que j’étais à bicyclette, tu m’as bousculée dans un champ .Ce jour là, j’avais mes règles, cela n’a pas arrêté la bête que tu étais et que tu es sans doute encore.
Tu m’as sodomisée.
Je n’avais pas connaissance de cette pratique. Décidément, tu m’as appris beaucoup.!
J’ai oublié de te remercier car malgré ces rapports non protégés bien sûr, tu ne m’as pas laissé en souvenir, une vilaine maladie.Alors merci pour l’attention, *******.
J’ai oublié, je t’ai revu par la suite, mais je pense que je ne devais pas être un aussi bon coup que ça car tu avais abandonné l’idée de me sauter par devant ou par derrière…Mais tu pensais à moi pour m’offrir à des copains, qui paraît-il, auraient bien aimé parfaire mon éducation.
J’ai bientôt fini…Pour toi cette lettre doit te paraître un roman. Mais en as-tu jamais lu ?
Je voulais aborder encore quelques détails sur ces événements qui ont hanté ma vie.
Pour ne pas perdre ton attention de salaud, je vais faire simple.
Voici les mots à retenir des dégâts que tu as provoqués dans mon existence.
La honte a d’abord hanté mes nuits, la culpabilité a suivi puis l’impression de n’être rien, de n’avoir aucune valeur puis le manque de confiance, l’idée que les hommes ne voient en moi qu’un objet sexuel.
Je te passe mon manque de motivation pour les études, mes échecs scolaires, mes violences, mes idées d’en finir avec la vie.
Aujourd’hui cette histoire me revient en pleine face et hante encore mes jours et mes nuits.
Mes angoisses sont intolérables alors que,toi, je suppose tu dors tranquillement dans ton lit.
Ton père était un taureau, ton frère, ton cousin…C’est génétique ? Tes fils en sont-ils ?
Non *******, je ne peux plus rien contre toi.
Tu serais face à moi, tu nierais le mot “viol” alors mettons que la deuxième fois, j’étais consentante… Mais j’avais dit non aussi…
Il y a quand même eu deux fois des actes à mon encontre que l’on peut qualifier de viol. Et sais tu que c’est un crime?
Je suppose que je n’ai pas été la seule à subir de telles violences de ta part .
Tu as dû continuer, cela te semblait normal. C’est ta façon à toi d’avoir des attentions pour les femmes !
Alors aujourd’hui, j’écris pour exprimer ma colère envers toi, juste pour raconter des faits commis sur une jeune fille de 13 ans. Quand ma fille a eu 13 ans, je me souviens avoir pensé que c’était encore une enfant, et je pensais alors à ce que j’avais subi moi, à cet âge là…
Le havre de paix que mes parents avaient voulu acquérir pour s’éloigner de toutes les agressions parisiennes n’était pas si paisible que ça.
Depuis je n’aime pas les taureaux. J’ai croisé sur mon chemin des êtres doux et sensibles,des
hommes délicieux qui connaissent le langage des mots et pour qui le mot respect à du sens
Tu n’es pas de ceux-là.
En as-tu conscience à présent ?
ton Témoignage est poignant.
je te souhaite beaucoup de courage pour te reconstruire.
vas tu envoyer cette lettre?