J’y vais direct !
je vais vous raconter les incestes que j’ai vécu
j’en ai marre de restée dans le silence sur ce que j’ai vécu, sur ce qu’on m’a fait
donc ça a commencé quand j’avais 3 ans en fait
il y a un souvenir qui m’est venu
je voyais tout le temps une image
je me voyais…je me voyais bébé, avec me couche, dans mon pyjama, bien au chaud, je me vois dans une chambre, dans mon lit, dans mon lit de berceau en bois en fait
dans les années 80 c’était des berceaux, des lits en bois avec un matelas assez haut
et je n’arrêtais pas de revoir une scène en fait
je voyais mon père qui s’approchait de moi et qui me tripoter
j’ai pas compris cette image, je ne comprenais pas pourquoi je voyais ça
même à l’âge adulte, même avoir ma thérapie, je ne comprenais pas pourquoi je voyais tout le temps cette image là de…mon père qui s’approche de moi comme ça doucement, avec ses yeux noirs, dans une chambre assez sombre, mais je savais que c’était lui
et ça a duré ça a duré des années en fait, parce qu’il est venu me réveiller tout le temps, il me réveiller presque toutes les nuits, à chaque fois pour me tripoter
et c’est pour ça que j’ai eu des problèmes de sommeil pendant plus de 30 ans en fait
parce que je n’arrivais jamais à m’endormir en fait, parce que je repensais à se souvenir de mes trois ans,
que…au moindre bruit je me réveillais, j’arrivais pas pas du tout à dormir, pour moi il fallait au moins trois ou quatre heures avant de m’endormir chaque nuit, donc
ça a duré plus de 30 ans
donc j’ai compris après pourquoi
pourquoi justement j’avais du mal à dormir
c’est parce que ce souvenir, cette image, était bien réel
j’avais bien vécu ça, donc les premiers inceste à trois ans
parce que justement c’est ça qui m’a bloqué c’est mon bégaiement et je crois que mon père en a profité que je bégaye que je puisse pas parler, pour justement me faire peur, que ça à augmenter mon bégaiement et que ça a bloqué tout ce que j’avais à dire, donc maintenant j’ai plus peur de parler, dont je vais parler donc, désolé si je bégaye mais là il faut que ça sorte
j’espère que mon témoignage va donner envie aux gens qui ont vécu un inceste ou un viol de pouvoir en parler, de ne plus se cacher
même si c’est trente ans après, quarante ans après, peu importe
le fait d’être resté dans le silence, ça m’a carrément brisé quoi
y’a qu’a voir dans les témoignages que j’ai fait sur le suicide, dépression et traumatismes…ça m’a brisé quoi
j’étais obligé de faire une deuxième thérapie donc voilà
donc je vais continuer sur mes 8 ans
mon témoignage en fait, je suis en thérapie et tout se passe par l’écriture, donc je vais lire ce que j’ai ce que j’ai écrit…
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J’ai 8 ans, ma famille joue beaucoup aux cartes, à la belote, mais je suis trop petite, je ne comprends pas beaucoup les règles du jeu, c’est compliqué. J’ai l’impression d’être mise de côté parce que je ne sais pas y jouer.
Alors, pendant que maman est dans le jardin, tout au fond, loin…c’est drôle, on dirait qu’elle est toute petite.
Je demande à papa si il veut bien m’apprendre les règles du jeu.
Il me répond que oui, il me dit que pour ne pas être dérangé, on sera mieux dans ma chambre…moi toute contente, je cours chercher le paquet de carte dans le tiroir de la cuisine, un joli paquet de carte rouge avec un clown dessus.
J’aime bien les clowns, ils me font rire.
Je rejoins papa dans ma chambre, je cours m’asseoir sur ma chaise de bureau.
Je vois papa qui ferme la porte.
C’est normal, il m’a dit juste avant qu’on serait plus tranquille.
Papa s’assoit à côté, sur une chaise, collé à moi.
C’est normal aussi, c’est mon papa, il me protège.
Je sors les cartes du paquet.
Il me dit : « tu aime les clowns ? »
Je répond : « oui », en rigolant.
Je sors les cartes, toute fière d’apprendre un jeu pour les grands.
Je pense en ce moment, qu’on ne me traitera plus comme un bébé qui ne sait rien faire.
Papa commence à m’expliquer le jeu, les atouts et tout le reste.
Mais il y a quelque chose de bizarre…je sens sa main qui se pose sur mon genoux gauche.
Je ne dis rien.
C’est sûrement juste un geste pour me rassurer, parce que c’est difficile à apprendre ce jeu.
Il est calme quand il m’explique, il parle presque en chuchotant.
Il me demande : « t’as compris les atouts ? »
Je dis : « oui oui, ça va »
Il m’explique la valeur des cartes.
Mais je sens de nouveau sa main…cette fois elle est remontée un peu plus haut.
Je sens qu’il me regarde, mais je fais semblant de rien, je continue de l’écouter pour m’expliquer les règles du jeu.
J’ai que 8 ans, je ne sais pas si c’est bien ou mal ce qu’il fait.
Il s’approche de mon oreille et il me chuchote : « je t’aime »
Il me demande : « et toi…tu m’aime ? »
Je le regarde : « oui, papa, je t’aime »
Il dit : « tu comprends ? » en regardant sa main
Je ne sais pas quoi dire, je le regarde juste dans les yeux en faisant oui de la tête.
Je commence à ressentir une chose que je n’avais jamais ressenti en sa présence.
Avant je me sentais rassuré avec lui, il est fort, grand, mais cet-après midi, j’ai peur. Je ne sais pas ce qu’il va faire, ni pourquoi.
Il me répète que tout va bien, et qu’il m’aime.
Il me dit : « c’est toi qui l’a voulu ! »
Moi je pense que c’est de la règle du jeu qui parle, alors je répond juste « oui ».
Il continue de me faire voir les cartes avec les jolis dessins dessus, j’aime bien les couleurs.
Papa continue de faire remonter sa main, mais cette fois, il va un peu trop haut.
On ne m’a pas dit comment ça s’appelait, mais c’est là où je fais pipi. Je crois que j’ai entendu maman dire le « minou ».
Je ne sais pas pourquoi il me touche, à cet endroit.
Il me dit : « surtout, ne dis rien…je t’aime »
Je…je le laisse faire…
Si il me dit qu’il m’aime, alors c’est peut-être comme ça que les papas font avec leur fille ?
Je ne sais pas…dans les dessins animés que je regarde, il n’explique pas ça !
Il continue de me faire voir les couleurs des cartes, je me concentre dessus, parce que, je veux vraiment faire comme les grands et comprendre ce jeu compliqué.
Je me mets à trembler.
Je ne regarde pas papa, je sens seulement sa main qui est maintenant dans ma culotte, il est en train de me caresser, d’abord doucement et de temps en temps, un peu plus vite.
Il me répète toujours qu’il m’aime et que ce qu’il fait, c’est normal.
Je le vois gesticuler sur sa chaise et pousser des petits gémissements, en se caressant la bouche avec sa langue.
Il commence à me faire des bisous dans le coup, en me chuchotant : « regarde les cartes, tu vois, les couleurs, comme c’est joli ? »
Je dis juste « oui, c’est joli », en bégayant.
Je pense à maman qui est dans le jardin, j’ai envie d’être avec elle, loin, tout au fond, toute petite.
Je suis paralysé, je ne comprends plus rien.
Il continue de me faire des bisous, mais cette fois, c’est des bisous d’amoureux, comme j’aime bien dire, parce que c’est sur la bouche et que y’a que les amoureux qui font ça.
Vu qu’il m’a dit plusieurs fois qu’il m’aimait, ça veut dire qu’il est amoureux de moi ?
Je sens sa langue dans ma bouche, c’est beurk !, j’aime pas ça, c’est bizarre, je sens le goût de son dentifrice sur ma langue, c’est à la menthe, j’aime pas la menthe, ça pique.
Je fais une grimace.
Il continue ses bisous dégoûtant.
Je ne fais rien, je suis figée.
Il continue de me dire de me concentrer sur les cartes si je veux comprendre, mais, je n’écoute plus ce qu’il me dit, tout est devenu comme un brouillard, mais, en fait, je me rends compte que ce sont mes yeux, qui se sont remplis de larmes.
Je voudrais crier pour appeler maman, mais j’ai beau essayé de parler, plus aucun son ne sort.
Mon bégaiement et ma peur m’empêchent de m’exprimer.
A l’intérieur de moi, je hurle, très fort, pour qu’il arrête.
Je voudrais lui dire « papa, arrête ! », mais je ne dis rien.
Etant donné qu’il m’a dit qu’il m’aimait et que c’est moi qui l’ai voulu, alors je reste coincé dans mon corps.
Il commence à m’enlever ma culotte, en me murmurant : « chuuuut, ne dis rien, laisse toi faire, sois gentille avec ton père, tu veux me faire plaisir, pas vrai ? »
Je n’ai rien répondu, je l’ai juste regardé dans les yeux.
Il me fait peur avec ses yeux sombres, marron très foncé, presque noir.
Il me prend doucement par le bras pour me lever de ma chaise, je ne sais pas ce qu’il va faire…il soulève ma robe, baisse ma culotte.
On est debout, il se met devant moi, en me regardant dans les yeux, et il met son…son sexe en moi…il continue de me regarder et me dit : « chuuut, dis rien, je t’aime, c’est pour ça que je fais ça, c’est normal quand on s’aime…soit gentille…chuuut »
Je ne sais pas combien de temps il est resté, comme ça, mais j’ai mal…là, en bas…ça pique, ça brûle !
Il ne fait pas beaucoup de bruit, il sait que mes deux grand frères sont en train de jouer dans leur chambre.
Ils n’entendent pas ce qu’il se passe juste à côté !
Je ne comprends pas pourquoi j’ai mal.
Je ne sais pas pourquoi je pleure, il me rassure en me disant que c’est normal, que tout va bien.
Il me répète toujours les mêmes mots : « chuuuut, je t’aime, sois gentille avec papa »
Je le regarde et je lui dis « d’accord papa », en bégayant.
Il s’arrête, il ne bouge plus, il enlève son sexe de moi, il referme son pantalon.
Il m’aide à remettre ma culotte et remet ma robe comme il faut, comme fait un gentil papa qui aide son enfant à s’habiller.
Je dis merci parce qu’il m’a aidé à remettre ma robe et que je dois toujours être gentille et poli.
Il s’éloigne de moi, il ouvre la porte, il me regarde une dernière fois, avec ses yeux noirs en fronçant les sourcils.
Et il dit très fort, pour que mes frères entendent : « t’as bien compris la règle du jeu ? »
Je répond : « oui papa, j’ai compris ! »
Il dit : « je te prête les cartes, joue un peu avec, mais ne les abimes pas, d’accord ? »
Moi : « d’accord papa »… »merci papa »
Il referme la porte de ma chambre et il me laisse, toute seule. Je ne sais pas quoi faire.
Ni quoi penser.
Je m’assois sur ma chaise, devant mon bureau…je regarde les cartes en tremblant, je les passe une à une, en me concentrant sur les couleurs, comme m’a dit de faire papa.
J’entend papa qui allume la télé dans le salon.
J’entend maman qui revient du jardin, elle frappe à ma porte, et demande juste : « ça va ?, tu fais quoi ? », sans ouvrir la porte.
Je réponds : « ça va maman, je joue aux cartes ! »
Ton ecriture est vraiment speciale et intriguante, beaucoup de talent
J’adore la facon dont tu raconte les evenements, tu aurais pu devenir un grand écrivain