J’avais 10 ans. C’était dans le milieu des années 70.
Mes parents m’avaient déposée, sur la route du retour des vacances, chez ma tante et mon parrain, pour un séjour qui ne devait pas dépasser une semaine.
J’étais contente, cela me convenait complètement.
Je me suis vite ennuyée, car la relation avec mes cousins et cousines était compliquée. Mon parrain était sur la route pour sa profession, et ma tante se moquait très facilement de moi.
Alors j’ai passé mon temps chez une grand-mère voisine qui m’a appris à tricoter et à broder. J’ai aussi souvent rejoint l’ouvrier agricole du village, que tout le monde connaissait, lors de ses parties de pèche dans un étang à proximité du village. Cet homme était apprécié de tous car gentil, serviable et un peu simple.
C’est lors d’une de ces parties de pèche qu’il m’a suivie alors que je m’étais écartée pour aller faire pipi. Il m’a enlevée ma culotte, a ouvert son pantalon… La seule chose dont je me souviens vraiment est son sexe. Je n’ai pas compris ce que c’était, mais j’ai trouvé cela très laid.
Lorsque j’ai réussi à reprendre mes esprits, je suis rentrée au plus vite chez ma tante. Je n’ai pas osé lui en parler, persuadée qu’elle se moquerait de moi comme elle le faisait facilement.
Après finalement plus de 15 jours, je suis rentrée chez mes parents, et là encore je n’en ai parlé à personne car dans ma famille, tout se qui passe sous la ceinture est sale.
Je suis rentrée en 6ème, et j’ai appris les bases de la reproduction humaine. Avec mes connaissances de petite fille, j’ai été persuadée que j’allais me retrouver enceinte d’un morceau de bébé car l’acte, dans mon souvenir, n’avait pas été complet.
A l’âge de 50 ans environ, soit 40 ans après, j’ai enfin essayé d’en parler à mes parents. Mon père m’a rembarrée me demandant d’arrêter de raconter n’importe quoi !
C’était une époque où l’on ne parlait pas de ça.
Je n’ai jamais eu l’occasion d’être reconnue comme victime. Cet événement a faussé toute ma vie d’adulte, mes rapports avec les autres, tout particulièrement avec les hommes. Et l’auteur n’a jamais été sanctionné car personne n’a jamais su ce qui s’est passé.
50 ans après, c’est une page qui n’est toujours pas tournée !
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