Il m’a violée, maman.
Contexte : je suis en vacances chez ma grand-mère, été 2016.
J’étais jeune, naïve.
14 ans, je rencontre un ami de mon copain, Monsieur A, 34 ans.
On fait connaissance, sans plus.
Un soir, il amène mon copain dans mon village, on passe la soirée tous les trois.
Il ramène mon copain et me propose de revenir.
Je refuse.
Il insiste. Soi-disant, besoin de se confier.
J’accepte.
Il revient.
Me fait boire.
M’allonge sur cette table en pierre glacée, j’essaie de le repousser, ça ne marche pas.
Je m’abandonne à mon sort, pensant qu’il irait mieux après.
Je cherche une étoile dans le ciel, mais aucune ne m’apparaît .
Il finit son affaire.
Je rentre, pensant avoir fait une bonne action.
Monsieur A réitère le même processus deux fois, deux soirs, naïve et gentille, je le laisse disposer de mon corps tel un punching-ball pour assouvir ses désirs.
Mon corps est un objet.
Dont il dispose à sa guise.
22 juillet, je rentre enfin chez moi.
Ma mère comprend que je ne vais pas bien, et, sans vous expliquer les détails, elle sait tout.
Et me fait comprendre que j’ai été victime d’un pédophile.
29 août, je porte plainte.
6 février 2017, confrontation.
Il avoue un fait sur trois.
Aucune excuse, aucun remord.
Nous sommes le 30 septembre 2019, et l’instruction est toujours en cours.
Il m’a violée, maman.
Mais il ne m’a pas détruite.
Je tiens à préciser, pour toutes les victimes d’agressions, viols, inceste, un processus du cerveau permet de conserver les événements traumatiques dans la mémoire traumatique, lorsque c’est trop d’émotions.
Le docteur muriel salmona l’explique très bien.
Je vous remercie.
Et à toutes les victimes, il ne vous a pas détruit, seulement abîmée, mais vous êtes toujours aussi belles.
Je vous aime, chacun, chacune d’entre-vous.