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C’était mon mari

Très souvent le soir, presque tous les jours, en fait, il me demandait :
« Alors, qu’est ce qu’on fait ce soir ?».
J’avais beau lui expliquer que je ne souhaitais pas être abordée comme cela, que cela coupait mon désir, il recommençait systématiquement. Sans un geste tendre, juste avec son impérieuse exigence. Aujourd’hui je sais que c’était exprès. J’avais la sensation d’avoir à décrire la « passe » que j’allais lui accorder, il avait besoin de savoir à l’avance la position, les détails techniques. Moi ça m’ôtais toute envie, et je le lui disais. Et il insistait tellement, que je ne pouvais pas m’y soustraire. Les enfants n’étaient pas encore couchés, difficile de se rebeller. Et si jamais je ne faisais pas ce que j’avais « promis » je recevais des plaintes à n’en plus finir.
Cependant, j’étais souvent quand même « d’accord », c’était mon mari, et on faisait « l’amour » plusieurs fois par semaine. Il me reprochait mon manque de libido. J’avais un problème, selon lui. J’étais responsable, je vivais ma sexualité dans la culpabilité. Castrée. Niée dans mes envies, mes besoins de femme.

Parfois cependant j’acceptais sciemment d’avoir un rapport pour qu’il soit moins agressif le lendemain. D’ailleurs je le lui disais ouvertement, certaines fois. Pour moi. Pour mes enfants. Parce qu’il lui arrivait de me hurler dessus dès le petit déjeuner parce que j’avais oublié de mettre une petite cuillère ou d’acheter du jus d’orange… tous les prétextes étaient bons. Pour me donner le sentiment aussi que je n’étais pas à la hauteur. Dans tous les domaines.

Et parfois, la fatigue de la double journée (le boulot, les enfants…), « Alors, qu’est ce qu’on fait ce soir ?» je répondais que j’étais fatiguée. Quand je dis fatiguée, c’est à dire que je pouvais poser la tête sur mon oreiller, et je m’endors aussitôt, même s’il n’est que 21h.
Et il lui arrivait de « vouloir » quand même.
Alors, le scénario de cauchemar commençait. Il se met au lit à côté de moi, et se met à me parler (de sa frustration qu’il qualifie de nos problèmes conjugaux) me parler chaque fois juste au moment où je commence à sombrer dans le sommeil. Des heures durant. Ça peut durer jusqu’à 1 heure du matin. Je ne sais pas si vous avez déjà été réveillé pile au moment où l’endormissement arrive, mais c’est une véritable torture. Surtout quand ça arrive plusieurs fois d’affilée et que vous êtes épuisé.
Je finis par me lever pour aller dormir sur le canapé, mais il me pourchasse jusque-là. Il m’est même arrivé d’aller me réfugier sur le balcon. 2h, 3h du matin parfois.
Je veux sortir de l’appartement, il m’en empêche. Il me barre physiquement l’accès à notre porte d’entrée. Il me retient physiquement. De toutes façons, je sais que je risque gros si je pars. Pour mes enfants. Alors je me laisse facilement convaincre de rester. Je voudrais mourir. Voilà ce que je ressens. Je le lui dis. Suis je folle? Déséquilibrée? Je n’ose en parler à personne. Silence total. Honte. Ce scénario d’enfer se répète de temps en temps. Alors j’oublie. De toutes mes forces, j’oublie. C’est la seule façon de survivre. J’ai mis des mois à me souvenir, avec le soutien de mon psy…. Finalement, c’est peut-être la seule chose dont je peux le remercier aujourd’hui, de m’avoir retenu. Pour les enfants.

Il avait du lire quelque part que « titiller » les seins de sa partenaire provoquait de l’excitation. Alors il s’y est essayé. À me pincer si fort que j’en hurlais de douleur. Plusieurs fois à en avoir mal pendant des mois. À être tellement sensible qu’il m’était impossible de me laisser toucher la poitrine.

Alors parfois, « Alors, qu’est ce qu’on fait ce soir ?» je n’ai pas le courage de vivre son harcèlement, je lui explique que je n’ai pas envie d’un rapport sexuel, mais que je ne veux pas vivre la nuit de cauchemar qu’il sait m’infliger lorsqu’il est frustré. Je simule pour que ça aille plus vite.

Un jour, c’était il y a plus de 2 ans, je lui explique que je n’ai pas envie, mais que j’ai besoin de dormir et que je préfère donc qu’il se soulage plutôt que de subir encore une longue nuit de harcèlement, j’insiste même. Mais pour une fois, je ne simule pas, je ne bouge pas. J’écoute mon corps qui n’est pas d’accord. Je pleure dans ma tête. Lorsqu’il a fini, il me dit cette hideuse petite phrase qui restera à tout jamais gravée dans ma tête « t’aurais pu bouger au moins ».
J’ai eu un déclic. J’ai envie de hurler mais rien ne sort. J’ai été très choquée, 3 jours de sidération totale avant de pouvoir lui parler. Mettre des mots. Une pénétration sans consentement, sous contrainte, c’est un viol. Le harcèlement, c’est une contrainte. Encore faut il que la victime en est conscience, ou plutôt accepte d’en prendre conscience. Et lui il sait très bien ce qui se passe. Sa petite phrase le prouve.
J’ai mis 6 mois de plus à sortir de l’emprise. À accepter de renoncer à mon rêve de petite fille (et ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants, et vécurent heureux jusqu’à la fin de leurs jours…)… mais qu’est-ce qu’on met dans la tête des petites filles ?… programmées pour accepter l’inacceptable pour rentrer dans le schéma du conte de fée.
Aujourd’hui, je suis divorcée et je me sens soulagée, enfin libre. Mais je dois encore rencontrer mon agresseur plusieurs fois par semaine pour les enfants. C’est assez insupportable.
J’en ai parlé avec mon avocate, qui m’a déconseillé d’aller sur ce terrain là. Ma parole contre la sienne… Des années de procédure et d’énergie pour se battre et peut-être, dans le doute, perdre, ne pas être reconnue. Une douleur de plus dont je ne veux pas. Trop risqué.
Le délai de prescription court. Un jour, peut être…

Je témoigne aujourd’hui dans l’espoir que cela aidera d’autres femmes. Il faut beaucoup de courage pour sortir de ces situations.

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barchen
barchen
6 années plus tôt

Le problème est justement que dans ce genre de situation, la représentation sociale joue dans les deux sens : l’homme ne se sent pas agresseur et la femme ne sait pas davantage si elle a été agressée. Ce que vous décrivez très bien : les femmes doivent elles aussi apprendre à ne pas accepter des rapports sexuels “pour avoir la paix”, “pour ne pas être culpabilisées” etc.
J’ai vécu la même genre de situation avec la fameux “t’as un problème de libido” (le problème venait évidemment de moi mais bizarrement, il a complètement disparu maintenant que j’ai un conjoint qui respecte mon refus…). Effectivement on finit par avoir un trouble du désir à force de n’être plus qu’un objet du désir de l’autre, ce qui se passe quand le non-désir n’est pas respecté.

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JePleureEncore
JePleureEncore
6 années plus tôt

Merci barchen,
Oui, “mon” problème de libido a disparu avec lui.
Par contre, c’est très difficile encore aujourd’hui pour moi de lâcher prise, malgré un nouvel ami adorable et à l’écoute. Ce genre de relation laisse des séquelles…

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