Témoignage

Bonjour
C est exactement ce que je cherchais un site pour à mon tour m’exprimer, oser dire mon combat, le combat d’une vie, pour retrouver de la dignité, pour réparer mes blessures et traumatismes…
J’ai été victime de harcèlement sexuel et d’agressions sexuelles, je venais d’avoir 13 ans, mon corps prenait des formes et mon père y a vu comme une invitation…
Il a commencé a me guetter en ouvrant la porte de la salle de bain, une autre fois il s’est exhibé nu la verge en avant, je n’avais jamais vu un homme nu ! j’étais stupéfaite, je ne pensais pas à mal et devant l’autorité qu’il exerçait, je ne pouvais rien dire…
Les faits se sont multipliés , jusqu’à ce qu’il m’oblige à le masturber…une autre fois il a voulu, me donner du plaisir avec ses mains …je ne connaissais rien de l’amour, du sexe, du désir (c’était en 1981) , j’ai du me soumettre devant un père fort, il m’a obligé, je ne pouvais pas discuter, il a exercé sur moi son autorité, il a fait des va-et vient avec ses mains qui sont aller entre mes cuisses, frotter mon intimité, mon clitoris…
il n’y a pas viol, tant qu’il n’y a pas de pénétration, mais quand il y abus, sans consentement, contre son propre gré, la frontière est limite, il m’a obligé de me laisser toucher, il a corrompu mon innocence, mon insouciance, ma pureté… par instinct je savais qu’il me fallait tout faire pour l’éviter… j’en ai parlé à ma mère ! et oui ces faits se font sans présence, ni témoin….
Ma mère ne me croyait pas, elle a tout répété à mon père, son mari…. j’ai eu le droit à un sermon, c’était grave de dire de telle chose ! Il a réessayé et cela s’est reproduit…..
Un jour je lui ai montré un article sur l’inceste et les interdits….jusqu’à 15 ans, j’ai été harcelée, ensuite il est sorti avec une de mes connaissances , elle avait 30 ans et était consentante…
A 18 ans, j’ai été mise dehors…pour avoir résisté aux avances, pour les avoir repoussés, pour ne pas m’être pliée.
J’étais tellement mal psychologiquement que j’ai vu plusieurs psy, et là il y a beaucoup à dire, et beaucoup de psy pas formés à ces causes spécifiques mais plus généralistes (il m’a été dit que je devais revoir mon père, sortir ma colère…..Merci Mme la Psy de Créteil pour vos séances à 75e, ! si c’est pas de l’abus, ces professionnels qui ne parle jamais de droit mais de psychose). Ce n’est qu’en 2005 en reprenant des études, en introduction en droit que j’ai compris, que je ne tournais pas mal, que ce n’était pas moi le problème… mais je me suis effondrée, j’étais K.O., l’enseignante en droit m’a incité a porter plainte et j’ai rejoins une association Cap Vif puis l’enfance bleue…. je me suis confiée, j’étais dévastée… j’ai été dans des groupes de paroles, jusqu’à l’ange bleu qui invite des hommes en proie a des pulsions incontrôlables (il y a une écoute pour eux) …
J’ai écris au Procureur, porté plainte…
j’ai fais le parcours des avocats , qui sans la charge de la preuve ne peuvent rien…. j’ai donc vu 4 avocats, un seul submergé de dossiers, m’a expliqué que l’on allait attaqué sur les conséquences des faits, là j’avais des témoignages…entre-temps il y a eut prescription, la parquet de Bobigny a classé pour infractions prescrites !
C ‘est difficile d’être crue, d’être soutenue, lorsque j’en ai parlé j’ai été vite mise de coté, ces histoires là sont gênantes, dérangeantes…et puis on se sent différentes, salie , trahie, humiliée…j’ai culpabilisé de ne pas pouvoir être claire, mais il se joue tellement de ressentiment….pour être comprise, pour expliquer au delà de la honte, c’est presque la victime qui est montré du doigt, pour éviter le clash familial.
Cela m’a causé de nombreux préjudices, moral, psychologique , émotionnel,ensuite dans mes relations avec les hommes, difficiles de faire confiance, d’expliquer, d’être plausible… et dans la vie du quotidien, il faut se reconstruire; A quelle place ? victime, en cours de réparation….comment se réapproprier le temps volé? Comment de tels actes peuvent-ils être prescrits ? comment amener la preuve lorsque ces situations sont faites dans l’ombre ? Un pervers ne fait jamais cela devant témoin…et faire ce chemin en étant déposséder de soi, casser, briser ? C’est vraiment difficile…
Merci pour cet espace, cela m’a fait du bien de témoigner, de dire

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2 Commentaires

  1. Anne64

    Je suis tout à fait d’accord avec vous.
    Le problèmes des prescriptions posent énormément de problèmes aux victimes pour porter plainte.
    D’autant plus que dans beaucoup de plaintes d’une même victime il y a un lien évident flagrant seulement avec les années la prescription joue toujours en faveur des agresseurs et le système judiciaire s’en sert de la même façon que les agresseurs d’où la complicité évidente de la justice comme association criminelle. Mais ce n’est jamais reconnu comme tel et la justice et les agresseurs sont sortes toujours avec honneur.
    Ce sont les victimes qui sont étiquetées pointées du doigt comme agresseuses !!! La justice nous l a fait a l envers en quelque sorte.
    La prescription ne devrait pas exister.
    Les affaires devraient être traitées au fur et à mesure même si ça doit prendre plusieurs années. Comme aux USA.
    Pas de prescription pour les délits et les crimes.
    Anne64

  2. Lilas

    Bonjour
    Je relis mon témoignage d’il y a 3 ans.
    Chahutée par le témoignage de Camille Kouchner. Mon père est mort en 2018 , mais j’ai réussi à lui écrire, à mettre des mots sur les silences et la parole qui m’avait manquée face à lui. il m’a retourné ma lettre, pour nier… Il ne reconnaîtra jamais les faits, ne demandera jamais pardon.
    Sa mort, 1an après à été comme une révélation, de ne pouvoir vivre suite à la vérité de mon courrier.
    J’ai tellement attendu une réparation….et le dédommagement de toutes ces années, 17 ans d’analyse, de traumatisme à vie ..
    et 30 000€ »environ pour mes séances, e’ remerciant les séances offertes..
    Il n’a jamais vu son petit fils, mon fils de 20 ans,..
    j’ai été sans famille, seule, mal traitée, humiliée, sous contrainte, sous la peur, la terreur, un terrorisme imposé, soumise à sa domination (physique, sa force… sa possession d’armes, sa perversion psychique !! ), en étant en face fragile, vulnérable, c’était facile de profiter de toutes les situations d’une jeune fille adolescente (me guetter, se frotter à moi. me montrer des films x, vouloir des petits câlins …).
    Seule, vide de pensées, j’ai erré dans un désert, dans une forme d’effondrement intérieur, je ne savais pas à quoi me raccrocher, habitée par la terreur, l’angoisse constante..
    Ma mère vivante aujourd’hui, auquelle j’ai reparlé après 32″ans de rupture, s’étonne de ma parole…
    Une complice dans la résignation,dans le mutisme, le déni…que j’évite.
    Moi aussi, je suis prête à écrire, à dénoncer ce qu’une société tait, pour rester politiquement correcte…épargner les autres pour ne pas choquer, rester dans l’illusion, avec des frayeurs à vie…
    Un deuil impossible…

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