Bonjour,
J’ai été violé à l’âge de 6 ans par un cousin beaucoup plus âgé que moi. Il m’a manipulé pour que je le rejoigne dans sa chambre ou il allait me monter des « trucs de grand »..
Après, il m’a fait jurer de n’en parler à personne (ça sera notre secret !), et moi, comme un imbécile, j’ai tenu parole.
C’est le pire que l’on puisse faire, ne pas en parler. Après ça, je n’ai plus été le même, le petit garçon souriant a laissé la place à un autre, renfermé,toujours triste.
Le souvenir s’est peu à peu estompé jusqu’à revenir très brutalement vers mes 16 ans. J’ai alors fait une tentative de suicide. Le fait de rester seul, sans parler, sans trouver de réconfort m’on fait me haïr, me mépriser. Ça m’a entraîné à faire des choses terribles, vraiment dégradantes et autodestructrices.
A 24 ans ´ai eu l’immense chance de rencontrer la personne merveilleuse qui partage ma vie (j’ai maintenant 47 ans). C’est la première à qui j’ai pu parler, mais ça a pris deux ans. Elle m’a alors donné la force d’en parler à d’autres, d’abord à mes amis les plus proches.
Et après 30 de silence, j’en réussi enfin à en parler à une partie de ma famille. Je crois qu’en fait le pire ça a été après: il a nié, évidemment, ces gens là sont rarement courageux, mais surtout certaines personnes (dont ma sœur) me reprochent d’en avoir parlé. Le problème n’est même pas de me croire ou pas, mais JE leur ait fait du mal en ne gardant pas ça pour moi. Je me suis fait traité d’égoïste, que je ne pense qu’à moi, …et pour finir en me regardant droit dans les yeux, avec rage, sans ciller elle m’a dit « je ne te pardonnerai jamais, deux fois.
Ça ne faisait pas si longtemps que ça que j’arrivais à me croire quand je me répétais: c’est pas ma faute c’est pas ma faute c’est pas ma faute……
Et là en un instant plus de trente ans de travail sur moi de combats pour survivre ont juste volés en éclats, anéantis et moi avec.
Sans l’amour de ma compagne et de mes enfants, sans des amis extraordinaires, je ne pense pas que j’aurais pu surmonter ça.
Voilà pourquoi il faut parler, ne restez pas seul avec votre peine elle ne passera jamais. Seul l’amour et la compassion de personnes bienveillantes vous aideront à vous sentir mieux.
Merci, du fond du cœur aux premières femmes qui ont libéré leur parole, qui ont fondées le mouvement #meetoo. C’est vraiment grâce à vous que l’on peut s’exprimer maintenant. Merci.
Félicitations pour votre courage, c’est un long très long chemin et votre témoignage est précieux. J’ai aussi vécu le déni de mes proches (peut-on les appeler ainsi un père, une mère qui vous traitent de “folle”? ), après 6 ans d’analyse…, c’est d’une violence inouïe. J’ai fait une tentative de suicide et parfois, tant la souffrance est importante, l’idée m’en vient encore…mon salut à moi m’est venu du tai chi et du yoga, du jardinage, du travail avec des enfants (parfois maltraités et que j’aide) et de mes enfants pour qui je me dis que je dois vivre…