Tony a dû percevoir très vite la fragilité de la famille. De vrais vautours, les pédophiles. Il séduit la famille en Espagne. Vacances estivales au cours desquelles il nous offre une petite croisière sur son voilier pour aller jusqu’aux iles Colombrettes. Il saura se faire une place dans la famille puisqu’il se fera invité à Bruxelles, chez nous et y restera plusieurs semaines. Il emprunte aussi de l’argent à ma mère pour acheter une Chevrolet d’occasion. Invraisemblable…
J’ai une maladie infantile rare, je dois rester à la maison. Je vis le deuil de mon père décédé quelques mois auparavant. Tony jouera au docteur, il m’ausculte. Puis cela se répète. Finalement, il convainc ma mère de me laisser partir avec lui en Angleterre, comme je ne vais pas à l’école et qu’il me faut la supervision d’un adulte, autant que je parte avec lui, maman nous rejoindra, elle qui est dans tant de difficulté. De novembre à mai, l’année de mes neuf ans, Tony me masturbe tous les soirs. Je n’ose même plus penser à ma famille, puisque c’est elle qui a donné son consentement pour que je sois remis entre les mains de ce porc… Il me touche tous les soirs, parfois il m’embrasse, je me débats quand il fait cela, et puis parfois, il met ma main dans son caleçon, je me débats aussi quand il fait cela, il me touche pendant des heures interminables… Ma mère, lors de son séjour en Angleterre, elle me laisse dormir avec lui… comment est-ce possible ? il me demande de l’appeler papa, je n’accepterai jamais de faire cela. Quelle torture ce séjour en Angleterre… Je n’en parlerai que 20 ans plus tard, et ce n’est que 25 ans plus tard que maman me demandera pardon…
Quelle folie, ces moments de masturbation contrainte, imposée par un homme adulte sur moi, ces viols, je me revois, je catapulte ma conscience dans une espace vide, tout noir, et me coupe de totalement de mon corps, je me tiens le plus loin possible de mon corps…
Plus de 35 ans plus tard, j’ai encore d’énorme difficulté à sentir ce qui est juste pour moi, et j’ai toujours tendance à me faire passer en dernière ligne quand il s’agit de faire des choix, y compris des choix déterminants comme le lieu de vie de mon ex et de notre fille… c’est terrible le chaos que cet abus a généré en moi.
Des années de “thérapie” plus ou moins fructueuse,
Le processus de pardon,
Mais ce qui subsiste c’est un sentiment d’injustice, de temps gâché, tant d’années passées à côté de mes pompes, à ne rien comprendre, à vivre dans un cirage permanent, tout simplement par ce qu’un ignoble anglais s’est jeté sur moi et a pourri pour des décennies mes rapport avec ma famille…
Quelle horreur, vraiment, que gâchis
Je suis tombée par hasard sur votre ancien post et il m’a beaucoup touchée. Il s’en dégage une tristesse et un sentiment d’abandon infinis, indicibles.
Vous décrivez votre histoire avec beaucoup de délicatesse . Quelle jolie plume pour la décrire.
Seul le titre de votre message laisse supposer que votre histoire est celle d’un tout jeune garçon (parti sans e).
C’est peut-être pour cela que votre mère ne s’inquiétait pas en vous laissant partir seul avec cet homme ?
A 9 ans, vous êtes confronté à plusieurs drames: votre maladie, le deuil de votre père, la grande fragilité de votre mère, un départ en Angleterre qui vous isole, cette agression qui vous laisse démuni.
Votre histoire est terrible et pourtant, du haut de vos 9 ans, vous arrivez déjà à montrer à ce dénommé Tony que vous n’êtes pas consentant. A 9 ans vous le repoussez. C’est déjà faire preuve de résistance. Je ne suis pas sûre que tous les enfants aient cette capacité à 9 ans.
Vous avez depuis avancé avec votre mère qui vous a demandé pardon.
Votre mère a clairement été défaillante après le décès de votre père. Mais on ne peut présumer l’impact d’un deuil.
Je ne peux pas m’empêcher de penser à ma belle-sœur qui après avoir perdu son mari subitement, n’était plus présente dans ses discussions avec ses enfants. Elle répondait sans vraiment être là. Elle a vécu dans un état de sidération pendant 2 ans alors qu’elle était très entourée. Votre mère a peut-être aussi été terrassée par la perte de votre père, d’autant plus qu’elle se retrouvait seule avec un enfant malade.
Quel gâchi, oui !
Continuez sur ce chemin de résilience avec votre thérapie. Même si ces viols répétés restent encore une blessure importante, je suis sûre que vous avez les ressources en vous pour être enfin en paix.
Je n’ai pas vécu de drames tels que les vôtres mais il me semble que nous retirons beaucoup d’humanité des blessures de nos vies. Elles sont pour moi sources de rencontres et de partage, mais aussi de compassion par rapport à nos fragilités et celles des autres.
Nos blessures nous portent à accorder plus de valeur aux moments de bonheur simple, et à vivre d’une manière plus juste, en nous investissant sur des projets qui ont du sens.
En postant votre histoire, vous avez partagé. Continuez à le faire avec ceux en qui vous avez confiance. Peut-être pouvez-vous faire lire votre post aux membres de votre famille avec qui vos relations ont été pourries par cette agression.
Bon chemin de paix et de joie.
Anne
• Chère Anne,
Merci d’avoir mis en relief cet émouvant témoignage, ainsi que la si belle plume d’Anonyme, qui nous conte avec délicatesse et tristesse, sa douloureuse histoire!
Votre plume aussi est magnifique et très touchante ! Je ne saurais faire mieux que vous car votre commentaire est tout simplement sublime ! J’ai adoré vous lire!
J’adhère à tous vos propos, ainsi qu’à la tendresse que vous adressez à Anonyme!
J’espère vous revoir sur le site et lire à nouveau vos écrits!
Bien à vous !
Catoune
• Cher Anonyme,
Je comprends et je partage ce que vous ressentez car, j’ai moi aussi été violée par un pédophile à l’âge de 6 ans et demi et ça a duré presque 4 ans, à raison de deux fois par semaine !
Votre mère vous a demandé pardon, moi j’attends encore, à 51 ans ! Pourtant, par rapport à la mienne, votre mère venait de perdre son mari ! Ma mère, mes parents n’ont pas cette excuse! Dans votre malheur, vous êtes chanceux!
Vous parlez de votre ex, de votre fille, moi je n’ai même pas eu d’ex ni d’enfant, je n’ai jamais pu me reconstruire!
Quant à ma sœur, elle est tombée dans le sexe et la drogue ! Aujourd’hui, elle a un cancer et moi je suis handicapée à plus de 80% par des maladies dégénératives et incurables!
Votre vie de couple n’a pas tenu, ma famille a volé en éclats et les répercutions de ces viols se transmettent sur trois générations car ma sœur a deux filles, dont une à déjà été violée!
Vous écrivez : “Quel gâchis !”
Moi, j’ai envie de crier : “Assassins !”
Il faut savoir qu’un.e mineur.e de moins de 15 ans violé.e, perd 20 ans en durée de vie!
Alors Anonyme, vous avez toute ma compassion, toute mon affection et toute ma tendresse!
Catoune
Chères amies, chère Anne, merci d’avoir commenté ce billet qui l’un des tous premiers des débuts du site. Je ne l’avais pas lu arrivant sur le site vers décembre 2017. Les récits d’agressions pédophiles sont les plus abominables de tous, ceux qui me bouleversent le plus car il y a l’impuissance de l’enfant face à l’agresseur, et surtout les dommages psychiques dévastateurs et très difficiles à réparer. La partie la plus terrible de son billet est me semble-t-il celle-ci:
“Quelle folie, ces moments de masturbation contrainte, imposée par un homme adulte sur moi, ces viols, je me revois, je catapulte ma conscience dans une espace vide, tout noir, et me coupe de totalement de mon corps, je me tiens le plus loin possible de mon corps…”
Il résume là tout le pouvoir destructeur de l’agression pédophile: pour échapper à l’abomination, il sort de son corps et se projette dans le néant, le non-être, la mort donc. C’est d’une portée philosophique incroyablement forte: un petit garçon qui projette son âme dans le néant pour échapper à l’agression, c’est tout simplement indicible et terrifiant. Ainsi, il existe des situations qui sont pires que la mort et dans lesquelles un enfant peut préférer se projeter pour échapper à l’abomination qu’il subit dans l’agression pédophile. C’est ce qui me touche le plus dans ce récit terriblement poignant.
Je suis révolté aussi car j’ai connu ces situations enfant à cette époque maudite où on défendait les pédophiles au nom de la prétendue liberté sexuelle, entendez liberté d’abuser des enfants. Quand on connaît le néant dans son expérience humaine pour tenter de s’évader de l’indicible, c’est qu’on est allé au bout de l’expérience humaine, d’ailleurs beaucoup peuvent très bien ne pas en revenir et devenir fous, notre ami par son témoignage malgré toutes les difficultés qu’il a rencontrées montre des capacités de résistance inouïes.
Du reste, sa mère a dû être séduite par cette pourriture de Tony le pédophile, c’est ce qu’il dit au début, ils sont capables de toutes sortes de saloperies pour arriver à leurs fins abominables, mais j’ai du mal à comprendre comment une mère peut se laisser abuser autant au point de laisser son enfant à un inconnu qui l’emmène à l’étranger qui plus est.
Chère Catoune, si tu me permets juste une petite remarque sur ta proposition relative aux mineurs violés, ce n’est pas leur durée de vie qui est réduite, ce serait bien trop terrible, mais plutôt sur ce groupe de personnes, leur espérance de vie moyenne est réduite de 15 à 20 ans par rapport à la population générale. Pour une personne en particulier, on ne peut rien dire mais la proposition n’est valable que sur l’ensemble des personnes violées lorsqu’elles étaient mineures. C’est beaucoup trop effrayant déjà ainsi, et cela hélas traduit l’effet des pratiques à risques auxquelles ces personnes sont confrontées, et pire encore lorsqu’elles y sont conduites de par les séquelles de leur sévissent qui les poussent à se mettre en danger ou qui attirent toutes sortes de pervers toxiques pour elles. Tout cela cause bien trop de morts prématurées à cause des maladies, des drogues, de la dépression et du suicide. Il est clair qu’il y a là manquement de la société à tenir compte de leur souffrance en leur procurant les soins dont elles ont besoin.
Affection, courage et soutien.
Cher Psionic,
Tu écris : “ce n’est pas leur durée de vie qui est réduite, ce serait bien trop terrible, mais plutôt sur ce groupe de personnes, leur espérance de vie moyenne est réduite de 15 à 20 ans par rapport à la population générale.”
-> Tu as tout à fait raison !
Mais imagine qu’Anonyme ne fasse pas partie des plus chanceux !
Pour moi, il vaut mieux connaitre le pire et se réjouir d’y avoir échappé ! C’est ma façon de voir!
Bien à toi !