L’ami de la famille
C’était le grand ami, l’ami de la famille, 45 ans, marié, sans enfant et médecin. Il venait souvent avec sa femme le week-end chez mes parents et il partait en vacances avec eux. J’avais 10 ans. Ma mère a voulu que je me fasse suivre par lui. Ca a très vite dérapé lors des consultations. On peut se dire qu’un médecin ne nous fera rien. Et, pourtant,…J’ai subi des attouchements vaginaux non justifiés, des palpations sur la poitrine récurrentes, des caresses. Il me disait que c’était normal de vérifier que tout se développait bien dans mon corps de jeune fille. Et, quand il venait à la maison, c’était des regards, des mains dans le dos, des caresses sur les cuisses, sans que personne ne s’aperçoive de rien. Ca a duré 4 ans et à 14 ans, j’ai déménagé. 10 ans plus tard, je l’ai revu, par hasard, toujours médecin, toujours marié à sa petite femme et toujours sans enfant. Entre temps, j’étais devenue maman et là, je l’ai senti gêné quand il a croisé mon regard. Il a compris que j’avais compris que ce que j’avais vécu pendant mon enfance – adolescence était des abus. Ses abus. Je sais qu’il a compris. Il a certainement du y avoir d’autres victimes à l’époque des faits qui sont trop lointains. De toute façon, maintenant, il n’est plus de ce monde. Mes parents n’ont jamais rien su. Ils auraient été effondrés à l’époque et, moi, j’ai voulu les épargner. On n’ose pas parler quand on est jeune.
Bonsoir, je lis votre message et la première que j’ai envie de vous dire est “certes vous n’avez pas osé parler mais quel courage de le faire aujourd’hui!”. Nos témoignages permettront peut-être un jour de se rendre compte que ces actes ne sont pas si isolés et qu’ils ont des conséquences. L’agresseur est peut-être un notable dans certains cas, un super pote dans d’autres cas, un mari attentionné…… et j’en passe mais personne n’a le droit de faire vivre ces situations à une autre personne et surtout à un(e) enfant. Je suis désolée pour ce que vous avez eu à vivre et je ne sais pas si vous l’avez déjà fait mais peut-être serait il bon de voir un ou une thérapeute afin de ne pas garder ce “poison” en vous. Le terme est peut-être un peu fort mais je dois vous avouer qu’à ce jour je n’en vois pas de plus convenable pour décrire ce que je ressens face à ces actes odieux. Il avait une épouse donc une femme consentante et il a préféré exercer sa toute puissance avec des patientes. Je suis d’accord avec vous : Vous n’êtes probablement pas la seule.
Le plus important aujourd’hui est de vous reconstruire et d’être fière de ce que vous avez réussi à être malgré cette expérience qu’aucun enfant, adolescent ne devrait avoir à vivre.
Merci de tout coeur et belle continuation de Vie à Vous.