Il y a un mois environ, j’ai pour la première fois de ma vie eu peur de me faire violer.
Dimanche, 20 heures, F***** m’appelle et me demande s’il peut passer; j’accepte. Je crois le connaître suffisamment pour ne pas être effleurée par l’idée que c’était peut-être imprudent.
Il est alcoolisé je le vois tout de suite. Il apporte avec lui une bouteille de mauvais vin blanc de chez momo. Je refuse les verres mais pas lui, impossible d’avoir une conversation, c’est un monologue de comptoir abrutissant de bêtise.
Il minaude, égare sa main sur mon épaule et s’assoie plus près.
ndla: je suis en quasi pyjama, chaussettes roses fluo en bouclette, pas maquillée, bref dimanche soir.
Je repousse sa main et lui demande « mais enfin F*****, et ta copine…?… »
Lui « ooouuaaiiis… mais tu sais…. je l’aime beaucoup…. mais…. »
Et il me saute dessus, je me débats gentiment mais fermement, 1 fois puis une 2ème puis encore et là je me dis « cette fois tu y passes ».
Je parviens enfin à le mettre dehors, terrorisée et n’y comprenant rien.
Je suis assaillie de pensées contradictoires, dans tous les sens.
Ai-je laissé penser que j’étais open?
Non. Jamais. Je sais bien quand je veux charmer.
Ai-je été consciemment imprudente de le laisser entrer?
Non. Vraiment non. Je suis naïve, sans doute.
Ce qu’il vient de se passer est-il grave?
Alors là. De quel point de vue?
Du sien: « elle me plaît, je sais que son histoire avec mon ami est terminée, la voie est libre, je suis bien desinhibé, le roi du monde. Ah ha elle se débat j’adore! On sait bien qu’une femme qui dit non exprime en fait son consentement! …bon… pas grave… elle a pas voulu… je commence un tout petit peu à me sentir pas bien fier, mais c’est pas grave hein? Elle m’a pas insulté et n’avait pas l’air en colère, j’enverrai un texto plus tard. »
Du mien: « il est bourré comme pas possible et il continue à picoler son mauvais pif à grandes lampées. Il m’emmerde avec son monologue de poivrot ça m’intéresse pas du tout. Putain il se met plus près. Ppffffffff le relou. Puis vite je comprends qu’il est sérieux dans sa connerie et la crainte monte, devient peur. C’est très violent. Il se passe de mon avis, il est bien plus fort que moi, je ne pourrais rien faire. Je me suis tapée le tibia contre le montant du canapé en me débattant de son 2ème assaut et ça me lance. En route pour la porte il tente encore et je hausse le ton, le repousse encore. Enfin il est parti. Quel connard de merde, je ne veux plus jamais voir sa face. J’ai eu un gros bleu au tibia pendant 15 jours.
Hier, plus d’un mois après tout ça, je lui ai envoyé un sms: « je voudrais te voir pour te parler de ce qu’il s’es passé chez moi l’autre jour. C’est important, dis-moi quand tu seras dispo. »
Pas de réponse. Si il ne me répond pas, s’il ne saisit pas l’occasion de reconnaître le mal qu’il a fait, j’irai déposer une main courante chez les flics. Maintenant je sais que oui, c’etait grave.
attention, avec un main courante:
Contrairement à une plainte, vous ne souhaitez pas poursuivre l’auteur des faits. Il ne sera pas forcément prévenu du dépôt de la main courante. Aucune enquête ne sera déclenchée. La main courante permet surtout de dater officiellement les faits en question en vue de toute procédure judiciaire ultérieure.
si vous voulez des poursuites:
Vous pouvez porter plainte en vous rendant auprès d’un organe de police (commissariat ou gendarmerie), ou bien directement auprès du procureur de la République. Dans ce dernier cas, il s’agit de lui adresser une lettre sur papier libre exposant votre plainte.