Nous étions en couple. J’avais dix-sept ans, lui vint-et-un. Nous nous étions rencontrés par l’intermédiaire de connaissances de connaissances. Ça a commencé par des violences verbales : des insultes, mais surtout des récits des violences qu’il avait fait subir à d’autres, des hommes, des femmes. J’avais tellement peur que ça m’arrive à moi aussi. Il a commencé à m’obliger à faire des actes d’ordre sexuels et étant mineure, jeune, naïve à l’époque, je pensais que c’était normal de se forcer. Il avait l’air sincèrement bienveillant dans sa démarche. Et puis avec le temps, quand je refusais, il se mettait en colère, il m’ignorait jusqu’à ce que je cède. Et si ce moment ne venait pas, ou pas assez vite, il décidait de prendre son dû. Il passait à l’acte, me tenait pour ne pas que je puisse me débattre, m’enfuir. Il m’empêchait de crier, voire de respirer. Il m’a violée. Pendant des mois. Quand j’ai voulu le quitter une première fois, il m’a fait du chantage au suicide et a menacé de torturer des filles jusqu’à ce que je change d’avis. Encore aujourd’hui j’ai du mal à réaliser tout ça. Il m’a fallu plus de huit mois pour mettre un mot sur ce qu’il me faisait subir : des agressions, des viols… J’ai honte d’être restée si longtemps. Je me sens tellement stupide. Je n’ose pas porter plainte mais je suis allée au commissariat faire un rapport en citant son nom aux autorités. Je suis certaine que je ne suis pas la seule victime de cet homme. Pour être honnête, j’aimerais savoir qui sont les autres. Savoir que je n’ai pas tout inventé, que le problème ne vient pas de moi, que ce n’était pas ma faute mais la sienne. Je trouve que c’est plus facile de comprendre les autres victimes, voire de le comprendre lui que de me pardonner à moi-même. Je m’en veux terriblement. Et j’espère pouvoir passer à autre chose un jour. Cela fait trois ans. Je suis toujours au fond du trou. Il est temps que je reprenne ma vie en main. La question est : « comment ? ».
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