en fin de compte drôle

Longeant une grande avenue assez tard le soir, un très grand, très beau bonhomme me suit et chuchote avec un fort accent américain; 4.000 frs si tu passes la nuit avec moi. Il me suit malgré mon refus, insiste gentiment. Je vois un policier en faction au carrefour tout proche, traverse et m’en approche et lui demande de m’aider. Il me regarde, sourit, me dit: ah, si je n’étais pas en service, Mademoiselle, j’en ferais autant. Le beau bonhomme m’avait suivi en toute innocence, je le regarde, il me regarde et nous éclatons de rire. – Nous avons fini par prendre un café dans un café tout proche, il m’a demandé pardon, m’a raconté ses misères qui n’en étaient pas vraiment et malgré tout, je l’ai trouvé sympathique, il l’était, fonctionnaire d’une grande organisation internationale, tout fraîchement débarqué, s’ennuyant à mort, je lui ai fait comprendre qu’il était mal renseigné, que les ‘petites femmes’ dans les rues de Paris, la nuit, n’étaient pas du gibier et qu’il y avait des endroits pour ce qu’il cherchait, je les lui ai indiqués. Je ne l’ai pas revu, le flic du reste non plus, mais le dénoncer à cette époque-là ne menait nulle part. De nos jours ? J’en doute.

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