Désastreuses probabilités
C’était à une fête d’anniversaire d’une amie, j’avais 16 ans. Il y avait un garçon de 18 ans, on a dansé, on s’est embrassé, il a voulu mettre ses doigts, je lui ai dit que ça faisait mal, je lui ai demandé d’arrêter, mais il a continué. Je me souviens surtout de l’herbe mouillée sur laquelle j’étais allongée, le reste est flou : c’était ma première fois. Le lendemain je suis allée à la pharmacie pour prendre la pilule du lendemain en faisant un gros déni, juste pour être “sûre qu’il ne s’était rien passé”. Chaque mois je devais faire des tests pour un traitement que je prenais avec contraception obligatoire, je ne prenais pas ma contraception avec assiduité, je ne l’avais jamais fait. J’ai appris que j’étais enceinte avec les résultats de la prise de sang : effondrement et horreur. S’en sont suivis un avortement médicamenteux au bout d’une semaine ou j’avais l’impression d’être dans un mauvaise épisode d’alien clôturé par beaucoup de sang dans les toilettes. Puis 7 ans de déni, d’évitement, de vide de silence et un jour j’ai pu en parler à une amie. Je m’estime heureuse d’avoir pu sortir de ce déni assez tôt. Aujourd’hui j’ai 25 ans les idées noires sont mes amis, j’essaye d’aller mieux, j’essaye de survivre, je suis déçue par les réactions et l’écoute que j’aurai souhaité de ma famille je me retrouve seule avec mon histoire.
Mon agresseur n’a jamais su que j’avais été enceinte, je le déteste, je ne souhaite pas porter plainte il m’a déjà pris 7 ans, je ne lui en accorderai pas un de plus.
J’espère qu’un jour une écoute sincère sans jugement et culpabilité sera apportée aux victimes de violences sexuelles.