Un après-midi festif entre amis. Nous sommes plusieurs, nous décidons de fêter le carnaval chez une amie à 80 km de la maison.
Sont conviés à la fête des amis communs, la plupart en couple. Moi je suis célibataire et mes amies proches savent qu’à cause de réminiscences du passé je ne veux plus qu’on me touche, je ne veux plus de relation depuis des mois, je suis en thérapie.
Je suis la personne chez qui tout le monde vient toujours verser son trop plein, comme une thérapeute gratos, on trouve toujours le chemin de ma maison quand on ne se sent pas bien et ça s’est fort ressenti lors du confinement.
Mes amis savent que, comme diminuée physiquement avec 3 organes en moins, je suis assez rapidement soule et même des fois j’oublie ce qui peut se passer. Qu’importe, quand on est entouré d’amis, on est en sécurité. Mes amis savent aussi que j’ai en horreur tout ce qui concerne l’infidélité, et que quand bien même il ne resterait qu’un seul pénis sur terre, je ne prendrais jamais celui d’une amie, surtout si ce qu’il y a autour du pénis ne m’attire pas.
Et bien ce jour-là, nous avons bu, picolé, puis re-bu, puis re-picolé, au point que mon dernier souvenir se situe vers le milieu de l’après-midi et le suivant chez moi au réveil le lendemain matin. C’était le carnaval, certes entre nous, pas dans un lieu public mais bien dans une maison. Donc je me réveille le lundi matin, avec encore mon déguisement et la coiffure ridicule que je m’étais faite. Si j’avais dû souffler dans un éthylotest au boulot, il aurait été clairement positif.
Merde! Je ne me souviens pas de grand -chose d’hier. Bah ce n’est pas grave, mon amie, celle qui conduisait hier m’a toujours affirmé que je savais me tenir même quand j’avais beaucoup festoyé. Mais je me sens mal.
Arrive mardi matin, je suis sur le point d’aller travailler, je vois que j’ai reçu un message écrit du mari d’une amie. Il y est écrit quelque chose du genre “Je suis surpris de ce silence, ne penses-tu pas qu’il serait temps de parler de ce qui s’est passé entre nous dimanche? Ma femme me fait un cinéma tout ça parce que je me suis tapé une de ses amies…”
Décharge électrique dans tout le corps, j’ai froid, je tremble, mes yeux se mettent à piquer … Mais de quoi parle-t-il? Que s’est-il passé? Où? Où étaient les autres? Personne n’a rien empêché? Merde, j’ai envie de crever! C’est quoi ce bordel? Je ne me rappelle de rien? Comment cela a pu arriver? Il ne me plaît pas ce type , tout le monde le sait! ….
Ca s’est passé il y a presque un mois, et je ne comprends toujours pas, je ne comprends pas pourquoi mes amis ne sont pas intervenus. J’aurais voulu traverser une autoroute, mis le feu à la maison ou fait un AVC, ils auraient fait pareil???
Ils ont mis, une des amies que je qualifierais de témoin passif et le protagoniste mâle, 15 jours à me raconter leur version (les autres ne m’adressent même plus la parole), comment j’ai “merdé”, comment j’ai mis le bordel au sein du groupe d’amis, moi, je je je je … Il n’y a qu’un seul coupable désigné sans jugement, perspective ni remise en question, c’est moi: une sombre sale pute qui passe son temps, sans doute par jalousie, à détruire des couples. C’est moi qui suis forcément timbrée, j’ai des trous de mémoire, je dois aller voir mon comportement chez un psy!
C’est la deuxième fois de ma vie où on me prend pour un morceau de viande, une fois à 9 ans, une fois à 47 ans.
Oui j’ai bu, c’est de ma faute si j’étais soule, mais est-ce de ma faute si quelqu’un en a profité sous le regard indifférent de soi-disant amis?
Pour ma part, je reste chez moi, j’ai peur de moi mais surtout des autres. Je ne vis plus, mais je parle de plus en plus… Peu importe l’interlocuteur, son âge, son genre, son origine, la question qui revient c’est “Et tes amis n’ont pas empêché ça?”
Dieu merci, je n’ai aucune image qui me revient en tête, j’ai juste la chanson CORPS de Yseult qui ne sort plus de ma tête, comme un leitmotiv qui me dirait “Hey Poulette, ne lâche pas l’affaire, t’as deux filles magnifiques qui ont besoin de toi pour encore longtemps”!
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