En voyage en Colombie, dans les années 1985, dans un village perdu du côté des Caraïbes et de Panama.
Pour une erreur de jeunesse, la police locale nous a interpellé mon frère et moi. Comme nous n’avions pas un sou et que nous ne pouvions pas les payer, le chef des policiers après 2 heures de détention, m’a proposé de venir avec lui (viene con migo) pour racheter notre liberté.
Expérience terrible d’abus total sur ma personne, qui m’a fait porter pendant trop longtemps une grande culpabilité (tout était de ma faute, je l’avais bien cherché…). C’est grâce à une amie que j’ai pris conscience que ce qui s’était passé 15 ans auparavant n’était pas anodin : c’était un VIOL, peut-être un VIOL consentant mais un VIOL quand même !!!
Comprendre cela m’a aidé à dépasser cette profonde blessure.
Chère Pica,
D’habitude on ne voit cela que dans les films ! Vous vous reprochez d’avoir “consentie” à ce viol ! Mon sentiment est qu’ils vous aurez violée de toute façon, mais cela aurait été plus brutal ! Vous auriez pu être battue et pire encore ! Avez-vous parlé à une psychiatre de ce qu’il vous est arrivé ? Avez-vous pu confier tous les détails de votre viol, car il faut tout dire, tout évacuer pour vous laver de cette boue ! Il en va de votre santé ! Celles et ceux qui gardent ça en eux, qui l’enfouissent bien profondément en eux, développent plus tard des maladies graves et souvent incurables ! Surtout ne culpabilisez plus, ils vous auraient très certainement violée et ensuite ils vous auraient tués vous et votre frère ! Vous lui avez sauvé la vie (et la vôtre) par votre sacrifice ! Vous avez fait preuve de courage et vous m’impressionnez ! Vraiment ! Je ne pense pas que j’aurais eu ce courage sauf peut-être pour sauver quelqu’un à qui je tiens ! Je suis persuadée que si votre frère n’avait pas été avec vous, si vous n’aviez pas eu à craindre pour lui, vous n’auriez pas “consentie” ! Et je suis d’accord avec votre amie, il s’agit bien d’un viol car ils ont exercé une menace sur vous et votre frère ! Navrée de ce qui vous est arrivé et je suis de tout cœur avec vous. Soyez fière de vous, vous avez fait ce qu’il fallait, vous avez pris soin de votre frère !