Je suis une femme qui a beaucoup de chance : il ne m’est jamais rien arrivé…
Et pourtant j’ai toujours eu peur de rentrer chez moi seule le soir… Et pourtant ma maman m’avait toujours interdit de sortir, sauf si j’étais accompagnée par au moins un garçon… Je n’ai jamais su qui m’avait mis une main aux fesses dans les couloirs du collège… Le jour où mon instit de CM2 m’a mis une main aux fesses, je n’ai rien dit : je savais bien que c’était ma faute : on m’avait prévenue qu’il était bizarre et je me sentais coupable de lui avoir tourné le dos alors qu’on m’avait prévenue. Je me souviens de cette soirée où un homme m’avait suivi avec sa voiture alors que je rentrais seule le soir. J’étais à pieds et j’ai réussi à le semer en courant dans les sens interdits et me cachant… Je me souviens de cette journée où un autre homme m’avait suivie toute l’après-midi en ville. “on va s’amuser” avait-il dit… Il y avait beaucoup de monde, je le perdais mais il me retrouvait toujours un peu plus loin. J’ai toujours détesté prendre les transports en commun, je ne compte même plus le nombre d’inconnus qui ont profité de ces trajets pour me toucher… Je me souviens aussi de cet homme qui était venu se masturber à côté de nous parce qu’on était allées se promener au bord de la rivière, une copine et moi… Je n’ai pas eu le temps de voir le visage de l’homme qui a passé son bras par la vitre de ma voiture pour me toucher les seins parce que je m’étais arrêtée vitre ouverte… Je me souviens du collègue qui m’avait touchée et serrée très fort contre lui pendant que je me débattais, puis d’autres personnes sont arrivées il m’a lâchée et c’était comme si rien ne s’était passé…
J’aurais voulu être libre de faire ces petites choses : tourner le dos à mon instit, tourner le dos à un homme tout simplement, aller me promener seule, prendre les transports en commun, garer ma voiture vitre ouverte… Et pourtant, visiblement, je n’ai pas ces droits!
Mais je ne me plains pas : je sais bien que ce que je vous raconte, ce n’est pas grave, c’est banal, on a toutes vécu ça et j’ai beaucoup de chance de n’avoir vécu QUE ça.
Je suis de tout cœur avec vous, les filles, et je vous promets une chose : d’éduquer mes fils!
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