Je m’excuse d’avance d’utiliser ce canal pour digresser du sujet imposé, mais je suis de plus en plus en colère au fil des réactions publiques sur ce fameux hashtag et je ne sais pas ou l’exprimer.Partageons-nous le même monde que les 100 femmes qui répondent, au maigre soulagement que répresente une plateforme anonyme pour les victimes,par une polémique intitulée:”Nous défendons une liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle” ou intitulé avec finesse “le droit à coller des mains au cul”.
Je peine à comprendre l’intérêt de ces dames à s’exprimer dans un moment pareil ; pour surfer le buzz ? Ce serait très grossier.
Ces propos ressemblent à des répliques de dîner mondain emprunté à ces messieurs; je ne comprends pas ce qu’elles ont pu lire dans ces témoignages qui ait trait à la séduction ou la drague? Suis-je la seule à me froisser pour ça?
Cette solidarité en pleine lumière pourrait remplacer celle de l’ombre qui nous offrait une illusion de protection pour partager toutes ensembles.
J’ai mal en entendant des femmes être solidaires “Elles mentent, elles en rajoutent,à moi,cela n’est jamais arrivé…””Certaines le cherchent en s’habillant..comme ci.”Si on ne peut plus draguer,alors..”
Si ces dames voyaient un homme se prendre une grosse claque en pleine rue sans raison, se trouveraient-elles malignes de donner une opinion du même genre:” Si on ne peut plus laisser sa nature spontané s’exprimer, alors..
Je voulais simplement relever que, a contrario de tout ce qu’on peut lire dans les médias et entendre des bouches publiques, ce mouvement n’est pas tourné vers la délation des personnes et l’exclusion. Plutôt vers la délation des comportements.
Pour dire la cruauté, beaucoup ont l’élégance de ne pas nommer l’intéressé autrement qu’en expliquant leur lien avec lui et la situation, comme pour éveiller la vigilance d’autrui, d’abord dans un souci de protection d’autres victimes. Cet esprit doit résister au buzz des 100 femmes.
La place de ce débat doit être celle que choisit les femmes concernées par ces situations ; elles doivent ramener la raison dans le discours qui a juste commencé et questionner aussi les raisons sociales de leur silence.
Ce hashtag aura servi à révéler les reproches faites aux victimes;
Et c’est assez rude pour justifier l’usage de l’anonymat.
Il répare l’exclusion sociale de chaque victime, qui après la solitude, apprend la confiance de choisir les mots pour le partager.
Je le défend, à défaut d’une autre voie. Alors, Merci…
J’ai d’ailleurs un peu l’impression que les 100 femmes du Monde sont surtout solidaires des hommes de leur milieu social, dont l’argent est souvent utilisé pour contraindre les femmes moins aisées à s’humilier devant eux. Sur ce site, nous apprenons à nous entre-aider entre victimes (hommes et femmes d’ailleurs), mais certaines femmes particulièrement “gagnantes” ne voient pas forcément cela d’un très bon oeil.
M’étant faite violer par quelqu’un en qui j’ai eu le tort d’avoir confiance et m’étant souvent faite agresser sexuellement par des inconnus dans la rue ou les transports (dont certaines TRES dégueulasses, et quelques fois devant des “copines” qui ne m’ont jamais défendue et ont toujours minimisé la situation quand je leur reprochais après – il est VRAI qu’elles se carapatent en se disant “mieux vaut elle que moi”), j’ai un opinion un peu différente.
Je trouve en effet que certains propos de ces 100 femmes sont maladroits (voire choquants en dehors de cette tribune du Monde). Mais sur le fond, il est également vrai que – pardon – il est existe “main au cul” dans les transports ou la rue donc forcément non désirée, et “main au cul” en soirée bien arrosée où une femme danse collée-serrée avec un homme, même si en effet elle ne compte pas rentrer avec lui. Et que l’homme, prenant la danse sexy pour un signe de désir, tente de tripoter – mais s’il est normal dans sa tête, n’insistera pas 2h quand elle enlève sa main, et si c’est le cas, la femme pourra choisir de ne plus danser avec, sans avoir été choquée à vie.
C’est cette distinction qu’il faut faire, et que les féministes ne font plus, depuis l’affaire Weinstein. Si on crie à l’agression à chaque fois qu’un homme nous caresse vaguement, comment va-t-on en rencontrer de nouveaux, à la fin?