J’avais 20 ans. C’était il y a 10 ans. Nous voyagions entre volontaires du Service Volontaire Européen en Géorgie, à Rustavi. Accueillis par des membres d’une association, nous avions confiance. Je suis également accompagnée de mon amour de l’époque. Je me réveille le lendemain d’une soirée en restaurant et un de nos hôtes me glisse que j’ai souhaité une relation sexuelle avec lui la nuit dernière. Je panique, je proteste, mais surtout, je me questionne : ai-je voulu ça? La culpabilité me suit, est là, toute proche de moi. Vis à vis de mon amour, et vis à vis de moi-même: ce n’est pas “mon style”, le coup d’un soir, dans un contexte comme celui-ci. En attendant, je suis mal physiquement, j’ai des vertiges, je suis rongée mentalement. Je ne me souviens de rien de cette soirée; enfin du repas oui, et d’un tour aux WC où l’un de nos hôtes est là. Le reste, c’est le trou noir.
En rentrant en Moldavie (où j’étais volontaire) 5 jours après, je fais des tests. Les analyses montrent de la benzodiazépine dans mon sang. Je reviens en France voir mes proches, j’essaie de parler de quelque chose que je sais sans savoir, et je vais en justice porter plainte. J’ai le nom indélébile de la personne,celui qui m’a dit que c’était moi qui voulait. Mais le dossier est incomplet; je me suis rasée la tête entre temps, les analyses complémentaires au papier des analyses du médecin moldave sont infaisables. Il y a “nom lieu” deux ans après.
Je reste avec une histoire incertaine à mon esprit,
je reste avec une quête de “qu’est ce que peuvent ressentir les personnes qui ont subi un viol” car moi, je n’ai pas grand chose pour comprendre, je n’ai pas d’images pour savoir, et il n’y a pas d’instance qui a pu me statuer victime à un moment T.
Le doute est continuel, le doute sur moi même est constant.
Des images peut être refaites par mon esprit depuis le temps; une culpabilité est ancrée, et je n’ai pas réussi à en parler autour de moi, hormis un psy.
Même si je ne suis pas à l’aise avec cette atmosphère de délation, je témoigne aujourd’hui afin de me faire du bien et aussi car je trouve ça bien, que les gens parlent.
Le silence ça exclu. Soi, et l’Autre. Il faut parler. Entre femmes, entre hommes, et surtout entre hommes et femmes. Pour redéfinir les relations que l’on peut avoir, pour apprendre de l’autre mutuellement, et ensemble se défendre contre l’inhumanité et l’attaquer.
Il ne s’agit pas de”DELATION”, il s’agit de parler pour obtenir Justice et pour nommer des agresseurs.
Il ne s’agit pas de mesquineries pour nuire à quelqu’un qui ne vous a rien fait, à son voisin, pour, par exemple s’approprier ses biens, comme au temps de l’Occupation. Il faut arrêter avec cela. Le terme est impropre dans nos situations, nous ripostons enfin et c’est tout!
Nous osons dire ce que nous vivons! Nous déchirons le rideau derrière lequel se cache l’horreur, nous la montrons, c’est pénible à regarder pour certains, mais il faut. On l’ a fait pour les Allemands voisins des camps qui disaient ne rien savoir, ne pas croire… En fait nous c’est cela qu’on fait et c’est très dur.
Pour en savoir plus ;
Le service volontaire européen (SVE) fait partie du volet jeunesse du programme Erasmus +, mis en place en janvier 2014 par la Commission européenne. Il permet à des jeunes de s’engager et de participer à des activités dans des domaines tels que la culture, le sport, la protection civile, l’environnement etc. dans un pays de l’Union européenne ou ses voisins
Bonjour Anonyme,
Vous écrivez : » je trouve ça bien, que les gens parlent. »
Puis-je vous demander quelle benzodiazépine a été dépistée ? Ça peut aider des victimes de le savoir !
Pourquoi vous êtes-vous rasée la tête ? Et quel est le rapport avec le fait que les analyses complémentaires sont infaisables? J’aimerais comprendre et ça peut aider les autres victimes !