Un psychiatre et une infirmière
Je débutais ma carrière d’infirmière à l’hôpital dans un service d’addictologie. Un grand nombre de patients étaient victimes d’abus sexuels, et étaient suivis par des psychiatres-addictologues à qui ils se confiaient.
Un jour, j’ai surpris une collègue infirmière se prendre une main aux fesses par un des psychiatres. J’ai cru d’abord qu’ils avaient une relation car elle rigolait gênée. Puis j’ai compris que c’était lui qui était sans-gêne. Elle m’a dit qu’il se permettait régulièrement de la tripoter, et qu’elle ne savait pas comment réagir. Cette infirmière a fini par quitter le service pour des raisons familiales.
Quelques années plus tard, ce même psychiatre s’en est pris à moi.
Il a d’abord commencé par des regards salaces. J’ai appris qu’il trompait sa femme régulièrement. Étant très médiatisé, il profitait de ce petit pouvoir pour séduire celles qui croisaient son chemin. Il avait probablement l’habitude d’enchainer les relations sans lendemain avec facilité.
Ses regards à mon égard sont devenus insistants et il sortait sa langue en me fixant. Un jour, il vient me voir et me dit de le retrouver dans son bureau pour parler d’un patient. Je finis ce que j’ai à faire et naïvement je le rejoints dans son bureau. Son bureau, endroit de ses consultations, là où ses patients parlent en toute confiance devant ce médecin qui soignent les maux intérieurs, là où les confidences les plus secrètes sont dites, les souffrances les plus intimes sont exprimées, notamment l’inceste, les viols, la maltraitance. Là, il m’accueille le sexe sorti de sa blouse, il bandait. Il me dit : “maintenant que je t’ai montré ma bite, à toi de me montrer tes seins”. Je rigole et pars un peu déboussolée.
Un autre jour, étant seule à l’accueil du service, il s’assied à côté de moi, me regarde en sortant sa langue comme d’habitude et glisse sa main dans mon soutien-gorge. Je le repousse et il me dit : “ben quoi? tu ne me proposes pas de toucher tes seins, alors faut bien que j’y aille par moi même !”. Je commence à m’inquiéter, et je mets en garde les étudiantes infirmières en leur disant de ne jamais se retrouver seules avec lui, qu’il est dangereux. J’en parle aux collègues qui sont stupéfaits. Je me sens démunie car il fait en sorte qu’il n’y ait jamais de témoin lorsqu’il me touche. Le temps passe, je fais avec. Je suis mariée, je me concentre sur mon travaille et ma famille.
Quelques mois plus tard, je suis enceinte, mon ventre est bien arrondi, je ne peux plus fermer ma blouse entièrement. Il revient à la charge: “Ça m’excite de te voir enceinte, laisse moi t’enculer” Je lui réponds qu’il est fou et il surenchérit : “juste un doigt dans le cul alors, si la sodomie te dérange”. Je pars outrée.
Je suis fâchée, ce type est considéré, respecté dans le milieu, il écrit des bouquins, est dans toutes les conférences, les colloques, passe à la radio, à la télé. Ces consultations sont pleines à craquer, il vise le poste de professeur, il est sûr de lui.
Un jour, des journalistes sont dans le services pour l’interviewer, ils sont avec lui et leurs caméras. Je passe devant, je m’arrête, et je lui dis : “c’est bizarre, aujourd’hui tu ne me demandes pas de passer à la casserole!”. Il joue l’offusqué et me propose un traitement anti-psychotique. Mes collègues me conseillent de porter plainte, mais je n’ai pas le courage car c’est ma parole contre la sienne. Une petite infirmière contre un médecin puissant qui la fait passer pour délirante.
J’ai fini par quitter l’hôpital et travailler ailleurs. Je l’ai croisé un jour dans la rue, j’ai retrouvé son regard et sa langue sortie dégueulasse. Aujourd’hui il est professeur, et tient les rennes de son service, cet homme dangereux a réussi.
Vous pouvez le signaler à l’adresse mail créée par Sandrine Rousseau et l’association Parler, et qui commence par “suisjeseule”.
Cette démarche permet de regrouper tous les signalements autour d’un même individu, pour faciliter le dépôt de plainte, sans pour autant vous y obliger.
Vous pourriez peut-être trouver un moyen d’informer vos anciennes collègues de cette adresse?
De cette façon, une plaignante ne peut plus se retrouver dans la situation de “parole contre parole”
Bon courage.
Si tu connais l’adresse de son bureau il faut envoyer des lettres à toutes les femmes de son service et partager cette histoire … et y ajoutez le lien du site:
suisjeseule.
Sans mettre ton nom.
Entièrement d’accord, un pervers peut accuser une personne isolée d’être folle (ils accusent d’ailleurs toutes leurs victimes d’être folles) mais pas un groupe de personnes qui disent la même chose. Avec tout mon soutien.
Merci pour votre soutien
Je suis tout à fait d’accord avec les autres commentateurs. Cherchez d’autres victimes de ce porc, regroupez-vous et médiatisez le plus possible le fait qu’il s’agit d’un pervers. Pour le moment, vu que personne n’a parlé, il a une carrière, du succès, de l’argent. Il est bon temps que les gens sachent qu’on peut être un luminaire, mais aussi une grosse ordure