Ma vie de fille de 9 ans à 18 ans, ponctuée d’un harcèlement ou d’une agression sexuelle par an. Liste non exhaustive.
1984 – 9 ans
Le petit copain de la fille au pair s’amuse à me coincer quand sa copine a le dos tourné.
Il plaque sa bouche sur la mienne et passe ses mains sous ma jupe pour fourrer ses doigts dans mon sexe.
Il est gras et transpireux, il pue, je suis pétrifiée de dégoût. Son regard malsain me glace le sang.
Il me souffle à l’oreille “C’est notre petit secret, ne le dis à personne”.
Je fais tout pour éviter de me retrouver seule avec lui. Et je ne porte plus de jupes.
1985 – 10 ans
Dans le train de nuit pour aller chez ma grand mère en vacances d’été.
Un homme grogne et gémit dans la couchette au dessus de moi. Il est en train de se masturber.
Je suis seule, recroquevillée sur ma couchette, cachée sous mon drap, et je sais qu’il m’observe.
Je me faufile hors de la cabine et passe le reste de la nuit à errer dans les couloirs du train en attendant que le jour se lève.
1986 – 11 ans
Un jeune homme me suis de la sortie du collège jusqu’à chez ma mère.
Il ne me parle pas mais il me regarde en se frottant l’entre-jambes. Je fais des détours pour le semer.
Il tambourine avec insistance à la porte. Je ne réponds pas, mais il sait que je suis là.
De rage, il défèque sur le paillasson devant la porte. J’ai du nettoyer sa merde.
1987 – 12 ans
Prof de physique chimie, vieux pervers qui place dans sa classe les filles aux premiers rangs et les garçons au fond.
Et il a la sale manie de faire venir les jeunes filles au tableau, surtout si elles sont en jupe.
Il s’amuse à faire tomber la craie par terre et les oblige à se baisser pour la ramasser et les reluquer.
Il a une dent contre moi, car je refuse de m’assoir au premier rang et que je suis toujours en pantalon.
Un jour que je suis en short pour le sport, il me touche les fesses. Je gueule et quitte la classe en claquant la porte.
Convocation chez le directeur, puis conseil de discipline, et exclusion 3 jours. Motif : rébellion à l’autorité et indiscipline.
1988 – 13 ans
1er rdv chez un gynéco, vieux con misogyne, qui me demande de me déshabiller complètement.
Il me parle avec mépris et me fait très mal avec ses instruments. Je suis extrêmement mal à l’aise.
1989 – 14 ans
Maitre de stage. Une chance et un honneur pour moi d’être 2 mois en stage dans cette boite, une opportunité d’apprendre.
Je travaille avec application. Il est très souvent en déplacements, je le croise rarement, 1 à 2 fois par semaine tout au plus.
C’est le dernier jour de stage. Il s’excuse de ne pas avoir eu le temps de mieux me connaitre et m’invite au restaurant “pour fêter ça”.
Il me fait boire, je n’ai pas l’habitude et je ne sais plus où j’en suis. Je suis fatiguée, je veux aller me coucher, je part le lendemain.
Il m’emmène chez lui “pour boire un dernier verre”. Je suis de plus en plus confuse. Il me dit de ne pas m’inquiéter et de m’allonger.
Il me déshabille et me dépucèle sur le lit conjugal (sa femme et ses enfants son absents), puis jette le drap tâché de sang.
1990 – 15 ans
Prof de français – prof principal – directeur d’études. Après les cours, il me demande de venir chez lui pour “réviser”.
Il me plaque contre un mur et se frotte sur moi. J’arrive à me dégager et je file sans me retourner.
Il me menace “Je n’ai qu’un mot à dire pour te faire virer” et me saque en cours à chaque fois qu’il peut.
1991 – 16 ans
Un homme qui me cherche à chaque fois qu’il me voit, mais que j’envoie systématiquement balader.
Un jour il me chope, il me tient par la ceinture d’une main, et il fourre l’autre dans ma culotte.
Je lui décoche une bonne claque. Il n’insiste plus et m’évite.
1992 – 17 ans
Maitre de stage en formation. Ce vieux con ne m’apprend rien d’intéressant et m’exploite au boulot.
Un soir il me propose de me ramener à mon appart en voiture. J’accepte car il fait nuit, il gèle et je suis à pied.
Il pose sa main sur mon genoux, remonte sur ma cuisse et me susurre “c’est une femme comme toi qu’il me faut”.
Je bloque sa main et l’oblige à arrêter la voiture. Je fini le trajet à pied. Le lendemain je ne suis pas retournée travailler.
1993 – 18 ans
Il fait nuit, je rentre chez moi à pied, profil discret en jean et pull.
Sur le trottoir en face, 2 hommes me sifflent : “oh mad’moiselle !” et insistent lourdement : “oh salope réponds quand on te parle ! sale chienne”.
J’allonge la foulée en regardant mes pieds, pas de provocation, je ne réponds pas.
Ils traversent et se séparent. Maintenant l’un se retrouve devant moi, l’autre derrière moi.
Je rentre dans une allée d’immeuble, espérant trouver de l’aide, mais ils finissent par me coincer entre les boites aux lettres et l’escalier.
J’en mène pas large, ils puent l’alcool. Je gueule mais personne ne réagit dans l’immeuble.
Je sens que ça va mal finir, mon instinct de survie me hurle de déguerpir mais ils font barrage et m’empêchent de sortir.
Ma seule chance de m’en tirer c’est l’effet de surprise. Ces cons n’imaginent pas d’autre réaction que de la soumission.
J’explose si soudainement et avec une telle violence que j’en suis moi-même impressionnée. Je me dégage à coups de poings comme une furie.
Puis je fais reculer le 1er avec un coup de tête ; il se tient le nez, du sang coule entre ses doigts, il me regarde avec un air ahuri.
Et je couche le 2ème avec un coup de pied dans l’entre-jambes (merci les dr martens), il se roule par terre en gémissant.
Je cours aussi vite que je peux, aussi longtemps que je peux. Je m’arrête juste pour vomir. Je rentre chez moi, je ferme à clé.
1994 – 19 ans
J’ai un copain depuis quelques temps.
Je ne facilite pas la relation en réagissant comme une bête sauvage blessée, sur la défensive en permanence.
Dans un coin de ma tête, j’envisage encore l’homosexualité féminine comme la seule option possible dans ce monde de brutes mâles.
Il apprend petit à petit à m’apprivoiser. Il est patient, gentil, sincère et doux avec moi. Et j’apprends petit à petit à lui faire confiance.
2017 – 42 ans
Aujourd’hui il est toujours la meilleure chose qui me soit arrivée. Je l’aime depuis 24 ans et c’est l’homme de ma vie.
Bonjour, vous êtes une survivante, merci de ce témoignage de courage.
Bien écrit (sans avoir révisé avec votre prof de français délinquant sexuel), on dirait un roman, sauf que… ce devrait être une PAGE VIDE pour CHAQUE FEMME, ces agressions sexuelles.
En tout cas, grâce à votre énergie à vous débattre, vous avez évité bien pire