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je suis en colère

Je suis en colère
Je suis en colère, depuis toujours
Chaque fois que j’arrive à enfouir cette colère, que je l’étouffe, quelqu’un la fait ressortir, et elle me pète à la gueule

Je suis en colère parce que je ne comprends pas comment, lorsqu’à deux ou trois ans, j’ai été voir ma mère à Mesnil Thomas en lui disant que j’avais fait pipi dans ma culotte, comme le jardinier m’avait dit de dire, elle n’a pas reconnu du sperme. Elle avait eu un enfant pourtant ?

Je suis en colère, parce qu’on m’a laissée seule, au moins deux vacances d’été, avec un prédateur d’enfant, ami de ma grand mère, qui a pratiqué sur moi, environ à 5 ou 6 ans des cunilingus, au moins deux années successives.
On m’a laissée seule avec lui dans son atelier, seule avec lui dans la maison quand ma grand mère et sa femme allaient faire les courses, seule avec lui la nuit sur les remparts de Saint-Malo, où la aussi il pratiquait ses méfaits ! C’est à peine croyable, les risques qu’il prenait, mais je m’en souviens parfaitement, je peut montrer l’endroit précis, dans un créneaux des remparts, porte de Dinan.

Je suis en colère, parce ce que, quand j’en ai parlé la première fois vers 15 ans, il était mort et sans doute il avait eu les mêmes agissements sur ses petits enfants ou des petites filles de sa famille

Je suis en colère parce que, quand j’en ai parlé à 15 ans, sans doute de manière floue, il m’était impossible de mettre des mots crus sur ce qu’il m’avait fait, ma mère n’a rien dit, rien fait, n’en a pas parlé à mon père, trop occupée qu’elle était par sa propre douleur et son divorce.

Je suis en colère parce que, pendant mes années de lycée, avec une mère à la dérive, un père focalisé sur sa nouvelle vie amoureuse, alors que moi aussi je partais à la dérive, couchant avec n’importe qui, sans éprouver le moindre plaisir, dessinant des lits « blancs d’hôpitaux » partout, dans mes cahiers, sur les tables de classe, avec écrit, « je veux aller à l’hôpital », « je veux me reposer », personne n’a rien vu, personne n’a rien dit, dans ma famille bourrée de psy, auxquels ma mère a recouru pour elle-même pendant plus de 20 ans.

Parce que, des années plus tard, après avoir réussi un quitté un homme que j’aimais et qui me battait à coup de poings et de pieds, quand j’ai trouvé le courage d’en parler à ma mère, grâce à quelques mois de psychothérapie moi aussi, elle a « découvert » la chose, qu’elle avait manifestement oubliée (mais peut être ne lui avis je jamais dit assez clairement, je doute maintenant ?)

Je suis en colère parce que sa réaction a été : “si ta grand mère avait su ça elle l’aurait tué”, parce qu’elle savait elle que “c’était un cochon” vu qu’il avait couché avec elle ! Pas elle ! ma grand mère ! elle avouait donc qu’elle aurait été incapable de me défendre.

Et je suis plus qu’en colère, parce que des années plus tard, à plus de 45 ans, j’ai évoqué cette histoire à table, le soir de l’anniversaire de ma mère, devant ma tante et ma sœur, leur réaction a été la stupéfaction. Ma mère ne leur en avait jamais parlé, alors qu’elles étaient très proches à l’époque.

Je suis en colère parce que leur stupéfaction, compréhensible, ne s’est pas transformée en sollicitude à mon égard, au contraire.
Ma mère a fait une de ses rechutes « dépressives » dans lesquelles elle se complet depuis 40 ans, et j’ai été rejetée violement.

D’abord on m’a interdit de revenir en Normandie, avec mon mari et nos enfants comme cela était prévu, sous prétexte que ma mère était trop mal et que ma tante ne pourrait pas le gérer, qu’elle devait s’occuper d’elle et non de moi. Je n’ai rien pu dire ni expliquer à mes enfants, que dire ? que ma famille me rejetait parce que j’avais été violée à 5 ans ? Comment ma fille, si proche de ma mère l’aurait elle vécu ? je l’ai protégée, contre moi.

Je suis en colère, car devant mon désarroi, ma sœur m’a reproché d’avoir créé une scène à « la Festen », à table, le soir de l’anniversaire de ma mère et de ne même pas lui avoir fait de cadeaux ….elle même s’était fendue d’un superbe coffret de « savon et senteurs » ….

Je suis en colère, car leur alliance contre moi a été jusqu’à organiser cette année là même, un Noel en Italie, sans moi et sans me le dire, « en cachette » , soit disant pour ne pas me blesser. Toujours se cacher….ce que j’ai deviné toute seule, et qu’elles ont bien été obligées de m’avouer piteusement, lorsque j’ai invité, avec malice, ma tante à ce même Noel, sachant qu’elle serait bien obligée de m’avouer qu’elle été déjà invitée par ma sœur en Italie ☺

Je suis en colère, parce que depuis j’ai enfoui et ravalé cette colère mais que lorsque que le sujet ressort comme aujourd hui et il ressort inévitablement à chaque tension familale, ma mère invente une nouvelle version de l’histoire, « elle savait », « mais elle a bien agi » ce qui est faux et impossible puisqu’à chaque fois elle « redécouvre » la chose.

Mais je ne suis plus en colère, parce qu’avant que mon père ne meurt, et bien qu’il ait perdu une grande partie de ses facultés à ce moment là, ma sœur lui a raconté ce qui m’était arrivé. Je ne suis pas certaine qu’il ait vraiment réalisé la gravité de ce qui s’était passé à l’époque, mais il est parti en le sachant quand même et cela m’a soulagée.

Je ne suis plus en colère parce que j’en ai parlé aux enfants, Basile, Laure et Stella, malgré ma peur, et qu’ils ont merveilleusement réagi, les filles comme Basile.

Je ne suis plus en colère, parce que j’ai fait mon devoir et quelque chose d’utile, en leur disant qu’il fallait qu’ils parlent si quelque chose comme ça leur arrivait, qu’il ne fallait pas qu’ils se murent dans le silence.

Je suis apaisée parce que l’homme que j’aime me défend, est prêt à en découdre avec ceux qui m’ont fait ou qui me font du mal, ceux qui m’ont battue, celles qui m’ont blessée par leur indifférence et leur dégoût hypocrite.

Je suis heureuse parce que ces histoires, mêmes affreuses et traumatisantes ne sont pas toute ma vie et qu’au fond elles ne m’ont pas détruite puisque je suis encore capable d’aimer, d’être heureuse et de construire quelque chose avec ma vie.

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landalouze
landalouze
6 années plus tôt

Très beau témoignage, merci !
Tout ce qui ne nous détruit pas nous rends plus fort, vous en êtes un bel exemple…
Vous comme tant d’autres, témoignez aussi d’une destruction par un homme et de votre renaissance, grâce à un autre…
Ce qui démontre que témoigner des abus subis, ne signifie pas que nous le faisons par “haine” de l’homme, ou en tant que féministe acharnée qui ne dit que du mal des hommes…
Il y a beaucoup de dignité je trouve dans ces témoignages ! Merci ! C’est très bien écrit en plus…

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Victoire
Victoire
6 années plus tôt

Oh que cette monstrueuse et gigantesque colère – née du silence, de l’immobilisme et de l’indifférence de celles et ceux qui sont censés nous aimer et nous protéger – je la connais ! Leur “non réaction” est plus douloureuse encore que les atrocités subies.
Je réalise, en vous lisant, que – des années après les faits – nous nous séparons en deux groupes bien distincts. Il y a celles qui, comme vous – et j’en suis heureuse… ! – rencontrent l’Amour (en devenant mère, en étant aimée par un homme, etc.) ; et que cet Amour répare. Il renverse et annihile tout. Même le pire. Pour les autres – dont je fais partie – cette colère devient pathologique, s’hypertrophie, se nourrit de tout ce qui blesse et se transforme, certains jours, en une violence animale dont on oublie trop souvent l’origine… Etre “regardée” (et non “vue”) et “écoutée” (et non “entendue”) est la clef.

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landalouze
landalouze
6 années plus tôt
Répondre à  Victoire

J”avais écrit ce texte, qui est en lien Victoire avec ce que vous dites ci-dessus…
L’amour qui guide nos pas

L’amour guide mes pas depuis toujours, souvent il m’a fait trébucher, mais c’est aussi lui qui m’a donné à chaque fois la force de me remettre debout.

Toi mon père, tu ne m’as pas aimé, pour des raisons qui furent les tiennes, moi je t’aimais mais cela tu ne l’a jamais “su”, cela tu ne l’as jamais “cru”…
Cela n’aurais rien changé entre nous, de toute façon….

L’amour que le père donne, tu ne me l’as pas donné, mais il fut remplacé, Ho combien ! par l’amour que j’ai su éveiller dans le cœur de ces hommes que j’ai rencontré tout le long de ma vie…

Pourquoi m’ont ils tous aimé si fort, je ne sais, une femme un jour m’a dit que j’étais magique, moi, magique !

Cette petite fille non désirée, portant dans son corps le rejet de sa propre mère, magique…cela pourrait presque me faire rire, mais….si c’était vrai ?

Aujourd’hui je regarde à mon tour, ma benjamine et je la trouve magique…on me dit qu’elle me ressemble…si c’est vrai alors le manque d’amour peut avoir du bon, il peut amener des êtres là ou jamais ils ne seraient allés si ils avaient été aimés…

J’ai eu si peu dans mon enfance mais tellement en tant que femme, que jamais je ne dirais que j’ai manqué d’amour…l’amour est mon oxygène, grâce à celui que je reçois, je suis capable de donner, encore et toujours et de sauver des vies…alors…

Je vous dis à vous, vous les hommes qui m’ont aimé et que j’ai aimé, ceux qui ont semé en moi des enfants qui témoignent aujourd’hui de ce qui fut…je vous dis, merci, vous êtes dans mon coeur à jamais, ce que je suis aujourd’hui c’est à vous que je le dois…

Toi aussi mon père, toi qui ne m’a pas aimé, merci, sans toi, je ne serais pas celle que je suis …alors je ne renie rien de ce que j’ai vécu et subi…

Je ne renie rien car…toutes ces épreuves que j’ai traversé m’ont fait devenir ce que je suis…et j’aime la femme que je suis devenue aujourd’hui !

Merci mars 2010

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la marte
la marte
6 années plus tôt

Derrière la douleur, la lumière. Au commencement une vie de douleur que toi Zaza tu a transformé en bien. Je suis admirative et j’espère trouver le même chemin. Bravo. Si inconnue et si proche à la fois nous sommes toutes. C’est ça que ce site peut nous apporter : soutiens et réconfort. Merci à vous les filles.

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