Il y a 22 ans. Dans une ville de province, au sein d’une association qui dépend d’une fondation où notre leitmotiv est de lutter contre l’exclusion. Tout se passe bien où du moins ce que je crois, je viens d’une autre région, j’ai besoin de travailler, je suis pleine d’entrain. Le directeur est aussi entraîneur de l’équipe de sport… d’un de mes enfants… Il a l’air plutôt sympa, tout va bien. Très vite se sont des propositions de dîner ensemble dans le restaurant qui me tenterait le plus, je décline, je ne vois pas le rapport avec le travail. Les regards se font plus prononcés, des souffles lorsque je passe, des ricanements, des réflexions, des insinuations, il fait mine de se retenir, il aborde des discussions qui tournent autour de son tableau de chasse, il se vente de tromper sa femme… Je m’aperçois qu’il boit beaucoup entraînant une poignée de fidèles. Sur le ton de l’humour, je joue celle qui prend à la légère ses manières mais doucement, je commence à avoir peur et ressentir du malaise. Il comprend comment me mettre la pression, l’alcool aidant, il menace “ton fils ne sera pas sélectionné si… “. Il va jubiler en me proposant des missions qu’il pense insurmontables… je vais les surmonter avec brio à son grand étonnement… alors il me demande ce que je fais avec les chefs d’entreprise pour obtenir tout ce que je veux… ça me blesse, j’aime mon travail, j’y crois. Doucement, je vais m’enfoncer… il rit et continue son jeu destructeur… ça ne marche pas. Je lutte pour ne pas m’effondrer, les autres le regardent d’un air gêné… ça reste un sujet sympa de parler de cul… de faire partie de sa cour. A cette époque, les subventions tombent et servent à étancher sa soif et à honorer son pouvoir… Il ira jusqu’à tenter de me proposer des missions qu’il pense dégradantes, conduire un bus pour faire visiter des entreprises à des demandeurs d’emploi, m’occuper de l’équipe de sport de mon fils pour les amener dans leurs déplacements le week-end. Je me rebiffe et refuse, hors contexte. Il me privera d’un ordinateur portable, vu que je suis un électron libre. Je n’ai plus de bureau fixe mais un coin de table au grès des disponibilités. Les missions que je réussis, il les redistribuera aux collaborateurs pour que je perde la main et les liens avec les entreprises. Il embauchera une collaboratrice, en ce ventant qu’il va assister à une joute féminine qui le fait marrer. Il n’en sera rien, ce sera une autre façon de travailler dans la bonne humeur et le partage. Alors, il me privera de réunion. Il fera de moi un pion qu’il déplace selon ses moqueries. Je ne dirai jamais à ma famille ce que je vis. Un matin, j’appelle mon médecin qui se rendra à mon domicile suite à mon appel désespéré. Je suis à deux doigts de me foutre en l’air. “la situation est grave, c’est moi qui vais porter plainte, si vous ne prenez pas la bonne décision!” me dit-il. Je prends vite, trop vite ma décision toute seule, de toute façon, j’ai du mal à conduire, je finis par monter sur un trottoir et exploser un pneu en l’apercevant. J’ai tout le temps peur. Très vite, je me retrouve dans son bureau, je décide de quitter la fondation à l’amiable. Il devient mauvais. Entre rires et malaise, il me menace que je n’ai pas intérêt à porter plainte pour harcèlement, si je veux, je peux le gifler. C’est comme ça que je mettrai un terme à mon emploi , à ce auquel je croyais “lutter contre l’exclusion des plus fragiles”. Je me retrouverai dans la situation de chômeuse, à mon tour fragilisée, épuisée, en colère après moi. Après plus de deux ans de lutte , j’avais plié, baissé les bras. Des collègues m’inviteront à déjeuner pour que je ne parte pas comme ça… un cadeau m’attendait un livre signé par leur soin “Le harcèlement moral de Marie-France HIRIGOYEN”. Je n’ai jamais pu le lire, ni l’ouvrir. Il est dans un coin de ma bibliothèque où ?
Il faut le lire. Il fait beaucoup de bien. Je vous souhaite du courage pour la suite, le soutien de vos proches et la force de ne plus jamais vous laisser faire.
par ce geste fort, vos collègues ont témoigné en votre faveur ! ce n’est pas si fréquent des collègues qui s’affichent… et qui signent en plus !
que vous le lisiez ou non, prenez ce livre pour bien plus qu’un simple objet. c’est un vrai symbole de sympathie et de gentillesse. il vous montre toute l’estime que vos anciens collègues vous portent. c’est un beau cadeau, plein d’amour !