La première fois, j’avais 12 et demi. Il faisait beau, c’était l’été. Nous étions prés d’un étang et prés d’une plage. C’était en août. Mon frère aîné avait deux ans de plus que moi. Il m’a convaincue de me laisser caresser, les seins, le sexe, les cuisses. Il éjaculait sur moi sans me pénétrer. J’étais surprise, honteuse, tenue au secret par ses paroles…car pour une fois, il était gentil avec moi. Son emprise a commencé à ce moment là. Cela a duré deux ans, le temps qu’il trouve des femmes qui lui ont appris les jeux de l’amour. Pour moi, est venu le temps de la séparation entre mon corps abuse et mon esprit qui essayait de se donner un avenir. Mes parents n’ont rien vu…ou rien compris. J’essayais d’alerter. Je faisais le poirier en essayant d’attirer l’attention. Je faisais des crises de nerfs…évidemment confondues avec les affres de l’adolescence. Cette relation subie a gâche ma vie amoureuse et sexuelle, jusqu’à ce jour. J.ai perdu toute estime de moi, toute confiance. Je me suis barricadée. La première fois que j’en ai parlé, c’était il y a vingt ans. Il m’a fallu encore quelques années pour le dire à ma mère… qui n’arrivait pas à me croire. Son regard me condamnait car je tuais l’image idéale de ce fils aîné tant chéri dans une fratrie de quatre. Elle a murmuré un vague pardon. Depuis elle souffre d’un Parkinson..
Voilà aujourd’hui j’ai 55 ans, je divorce après 12 ans de vie commune… avec un manipulateur. Je serai peut-être à jamais seule. Je m’accroche à mon métier, celui de journaliste, qui était mon choix, ma vocation d’enfant, et qui est depuis lors, ma colonne vertébrale. J’ai pensé souvent à la mort mais je ne suis pas passé à l’acte. Risque tout, amatrice de sports à risque, sans peur, je sais qu’on peut se rater. Je n’en ai pas eu le courage. Et lui,? Il vit une vie bourgeoise, entouré de ses enfants, de sa femme, de sa belle famille. Moi, il me reste ces souvenirs qui me hantent encore comme une salissure impossible à nettoyer et qui amène, toujours des larmes. Je libère ma parole ce soir car les thérapies ne m’ont pas guérie de cette dépression sans fin. Quant aux médicaments, ils ne m’ont pas non plus soignée. Demain? J’espère qu’un jour ce frère viendra s’excuser. L’espoir fait vivre parait-il, alors je vis encore. Surtout un conseil : Il faut libérer sa parole si un tel drame vous arrive. Ne pas croire que le temps effacera la tache… C’est faux. Le vrai courage, c’est celui de dire.
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Vous n’êtes pas seule . Votre témoignage est précieux , vous êtes très courageuse . Même si il y a prescription , peut-être que d’écrire une lettre à votre agresseur vous soulagerait . Libre à vous de lui envoyer . Et n’oubliez surtout pas, vous êtes la seule victime de cette histoire et vous n’êtes pas seule.
Mathilde