J’ai 45 ans. J’ai enfin réussi il y a 3 mois à passer la porte d’une gendarmerie. J’ai enfin porté plainte contre mon agresseur.
J’ai la chance immense d’être née dans une famille aimante, enveloppante, une famille que j’aime profondément. Mes parents sont des amours. Ma grande soeur est devenue au fil du temps ma seule et unique confidente, et par le fait ma meilleure amie. Mon grand frère était une forte personnalité, un homme que j’admirais et que j’estimais, même si je l’ai peu connu puisque 10 années nous séparent. Je l’aimais sincèrement.
Ma famille a vécu des choses difficiles à une époque, des événements qui ont abouti au départ de mon père puis de ma mère l’année de mes 16 ans. Ma soeur était déjà partie en fac dans une autre ville. Je me suis retrouvée seule dans la maison qui m’a vue grandir, obligée de me débrouiller comme une adulte, moi qui jusque là avait été couvée comme un trésor, et protégée des difficultés de la vie d’adulte.
Mon frère est venu vivre avec moi. Pour m’aider. Pour m’épauler. Pour rassurer nos parents et s’assurer que je ne perdais pas pied. Il a pris des habitudes. Ces habitudes, il les a gardées au fil des années.
J’ai 45 ans. J’ai enfin réussi il y a 3 mois à pousser la porte d’une gendarmerie. Parce-que cela fait 29 ans que je subis des agressions sexuelles de la part de mon grand frère.
29 ans de souffrance, d’angoisses, de dégoût.
29 ans de mensonges.
29 ans d’écoeurement.
C’est fini.
Ma plainte a eu l’effet d’un coup de pied dans une fourmilière. Mon grand frère n’est pas seulement incestueux, il est aussi connu pour escroquerie, abus de confiance et… pédophilie sur mineures de moins de 15 ans.
29 ans de silence. Et bientôt les Assises.
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