« Banalités ». Une histoire ordinaire comme tant de femmes ont dans leur sac. Comme une envie de vider le mien.
Il me semble que c’est férié aujourd’hui. Il doit être six heure du matin. Je promène mon chien, non loin de chez moi.
Je vis dans une grande ville, mais on y trouve encore quelques espaces verts, comme celui où je me trouve. Il est bordé d’un mur sur une longueur. La route longe la seconde.
Je marche lentement de ce côté, m’arrêtant quelques fois pour attendre le chien qui… vaque à ses occupations de chien (sentir l’urine des autres étant un de ses passe-temps favori. Qui sommes-nous pour juger ?) Il n’est pas attaché , il vadrouille et s’éloigne vers le mur.
A cette heure, peu de circulation. Une voiture approche et ralentit à mon niveau. Je jette un œil dans sa direction. Le conducteur baisse la vitre et se met à me tenir à peu près ce discours :
« tu vas où ? je te raccompagne ?
– non merci, c’est gentil mais…
– vas-y viens !
– non, ça ira je…
Il insiste lourdement. Je suppose qu’il rentre de soirée. Il n’a l’air clair, malgré la lumière des réverbères.
– Allez, on va se faire du bien tu vas voir ! J’ai envie de niquer, putain !
-Euh… tu trouveras peut-être quelqu’un que ça intéresse en boite ou je ne sais où, mais ce n’est pas mon cas.
– J’ai envie de te niquer je te dis ! Te mettre des petites claques et tout…J’ai envie de te faire mal…
Hum ça dégénère me dis-je.
Et voilà t’y pas que notre homme descend de sa voiture, m’imposant une vision d’horreur : Il est là, slip baissé, le pénis à l’air, et il s’approche tant bien que mal, en retenant son pantalon.
Je tourne les yeux vers le chien qui, étant de couleur sombre, était jusqu’ici passé inaperçu et l’appelle. Il me rejoint. Brave bête.
L »homme le regarde puis me regarde, avec un air abruti (encore plus abruti qu’il ne l’était déjà, avec sa démarche de pingouin et ses bijoux apparents) Il hésite une seconde, puis bat en retraite.
Je suppose qu’il a eu, dans un éclair de lucidité, la vision de la mâchoire du chien se refermant sur Popol, et qu’il s’est dit que ça ne valait pas le coup. Sado mais pas maso ! C’est à moi qu’il voulait faire mal !
Et je remercie mon brave animal. A défaut d’un pénis, il aura un os à rogner tout à l’heure.
Malheureusement, sidérée que j’étais, je n’ai pas eu la présence d’esprit de noter la plaque d’immatriculation, et je le regrette.
PS : j’utilise l’humour, parce que cette histoire n’est pas dramatique. Mais ça n’est pas dans le but de minimiser les actes et les paroles violentes/sexistes subies par les femmes.
« Banalités 1 » car je pense en raconter d’autres.