Bonjour,
J’ai bientôt 40 ans et cela s’est passé à mes 15 ou 16 ans. J’étais venue trouver refuge chez ma tante (qui est aussi ma marraine et dont je suis très proche) , parce que ma meilleure amie venait de faire une tentative de suicide devant moi. J’étais moi même dans un état pitoyable et je venais chercher du reconfort. Ma tante s’est absentée pour faire des courses et pendant son absence, mon oncle m’a servi un verre d’alcool fort pour me remonter le moral (vodka je crois) et m’a serrée fort dans ses bras. On était dans la cuisine. Je me suis sentie obligée d’accepter l’étreinte même si je n’en avais pas envie, et il m’a embrassée en introduisant sa langue dans ma bouche. Je l’ai repoussé immédiatement, et me souviens que sa fille de 4-5 ans est passée à ce moment là devant nous. Je ne me souviens pas du tout de la suite. Je pense que je me suis isolée, sous le choc, en attendant ma tante.
Je n’ai rien dit à ma tante, mais j’ai tout raconté à ma mère qui m’a dit de ne jamais en parler à mon père (le frère de ma tante). J’étais dans tous mes états… Elle en a parlé avec mon oncle (avec qui elle s’entend très bien-moi aussi je l’avais adoré jusqu’à ce jour). Plusieurs mois plus tard je crois, mon oncle m’en a reparlé, m’a assuré que ces gestes n’avaient pas eu lieu et que ma mémoire me faisait défaut et il a condamné ces actes en m’assurant que dans son pays ces actes là étaient absolument impensables et d’une grande gravité.
J’ai beaucoup souffert surtout du fait de cacher ça à ma tante et me dire qu’elle ne méritait pas ce salaud. Pourtant, je n’ai jamais rien dit. J’ai aussi beaucoup souffert que ma mère ne m’aie pas vraiment aidée et continue à être très amie avec lui, et ils se font d’ailleurs de grandes embrassades quand ils se voient. De mon côté, 25 ans plus tard, je lui fais “la gueule”, l’ignore quand il est là, et mon cœur se serre de dégoût quand je sais que je vais le voir…
Depuis cet épisode j’ai fait toute ma vie des crises d’angoisse, je sais que c’est cet épisode qui a déclenché les crises, je ne sais pas si elles lui sont toujours liées. Mais c’est mon corps qui réagissait fort car dans ma tête je me suis toujours dit pour me calmer : il ne m’a pas forcée, ce n’est rien qu’un baiser, ce n’est pas très grave.
Ce n’était pas qu’un baiser volé, c’est tout simplement dégoûtant, une agression sexuelle, car les lèvres/bouches font partie de l’intimité d’une personne.
Il ne faut pas se sentir coupable et c’est terrible de devoir avoir si grande confiance en soi pour avoir le droit de vivre décemment en tant que femme dans cette société patriarcale, qui accepte/toléré/laisse passer ce genre de comportement.
Triste de voir qu’une mère préfère ne pas se battre pour sa fille, elle doit être dans le déni car ne peux/veut y croire de quelqu’un de si proche dans la famille avec qui elle s’entend bien.
Ce que les gens oublient c’est qu’une personne de ce type peut avoir deux visages, ou porter un masque qui tombe lorsqu’il en a l’opportunité ou baisse sa garde. Vous étiez seule, jeune, sans défense, et il n’a pas hésité une seconde a profiter de cette occasion dès qu’elle s’est présenté à lui. Les mentalités à l’époque (25 ans plus tôt n’est pas si veux que ça) n’y changent et n’excuse en rien.
Triste qu’il faille être fort en tant que victime afin d’avoir la force de faire ouvrir les yeux aux autres afin qu’on nous croit et nous défende.
Je suis de ton coeur avec vous.
Merci Luwna, ton retour me touche beaucoup. Cet épisode me revient régulièrement en tête et je garde beaucoup de chagrin et oui de la culpabilité d’être restée silencieuse. J’ai parfois envie de confronter cet oncle, ma mère, parfois même dire tout à ma tante…. Mais je n’en ai pas la force et surtout peur des conséquences pour ma tante.