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Balancetonporc.com : le site de témoignages de viol et agression sexuelle le plus visité de France 🇫🇷

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Agressions sexuelles au collège

J’ai longtemps réfléchi avant de poster sur ce site malgré l’invitation qui est faite, puisque je suis un homme. J’ai été victime de harcèlement scolaire à connotation sexualisée pendant ma ma scolarité dans un collège (catholique) en Bretagne de l’Est. Les faits que je relate n’ont jamais fait l’objet d’un procès-verbal devant les autorités judiciaires. Néanmoins, j’en ai été victime. Les auteurs de ces faits, que je qualifie désormais de crimes, étaient des camarades de classe masculins en classe de 5e, de 4e et de 3e. Je n’ai aucun doute que les violences que j’ai subies sont allées à contre-sens de l’éthique représentée par ce collège, qui néanmoins n’a pas assuré suffisamment son rôle en la matière.

Les sévices subis dépassent le cadre du présent site et ils s’inscrivent dans la longue liste de méfaits dont Nora Fraisse a déjà relaté un échantillon dans le livre en hommage à sa fille, qui s’est suicidée à l’âge de 13 ans. Je me limiterai ici aux agressions sexuelles. Les brimades subies ont notamment adopté un caractère sexualisant lorsque j’étais en classe de 4e. Les actions que j’ai subies et que je vais décrire se sont pratiquement toutes passées au quotidien. J’ai été la cible d’injures : au départ, j’étais l’« intello », mais plus tard vinrent les insultes à connotation sexuelle : à partir de la classe de 5e sont tombés à mon égard des termes comme « pédale », « tapette ». N’ayant pas les mêmes intérêts que les garçons de mon âge, j’étais automatiquement classifié dans des catégories qualifiées ouvertement par certains des enseignants de « contre-nature », motif invoqué par mes bourreaux pour légitimer leurs méfaits. Ces injures devinrent mon lot quotidien. En cours d’éducation physique et sportive, les garçons de ma classe prenaient un vif plaisir à m’humilier. Les attouchements subis, les mains aux fesses, ou dans les parties génitales, les pantalons baissés dans les vestiaires de sport, les ballons lancés dans les parties génitales m’ont fait perdre le contrôle de ma motricité et devenir gauche. Les périodes de l’année où l’athlétisme était à l’ordre du jour dans le programme scolaire étaient marquées hebdomadairement par des menaces de viol au javelot, parce que, « étant pédé, j’aimerais sûrement »… Pendant les cours, l’un de mes voisins de classe prenait un malin plaisir à me donner des coups de compas dans les cuisses. D’autres me mettaient la main dans les parties génitales ou se mettaient à se masturber si en cours de langues, les enseignants souhaitaient m’interroger. Le fait de me sentir physiquement faible, à plus forte raison dans un établissement à profil sportif tel que ce collège a miné mon auto-estime. Rapidement, des garçons de ma classe ont compris comment ils pouvaient me faire souffrir. En mai 1992, alors que le conseil de discipline de l’établissement siégeait pour sanctionner les élèves qui, lors des voyages linguistiques de l’établissement, avaient contrevenu à l’interdiction de sortir le soir, j’ai gardé le silence sur l’odieux chantage exercé à mon égard par deux garçons de ma classe : une nuit d’avril 1992, dans la chambre que nous partagions dans la famille d’accueil qui nous accueillait lors du séjour linguistique que nous passions en Allemagne, ces derniers ont exigé de moi que je me mette complètement à nu, sans quoi ils iraient dire aux enseignantes responsables du voyage qu’ils m’avaient surpris en train de coucher avec la fille de la famille. Une telle accusation, bien que parfaitement mensongère, eût pour objectif de me faire exclure de l’établissement scolaire. En tout état de cause, elle visait à m’humilier et m’anéantir.

Ces actes de harcèlement eurent bien entendu des répercussions sur mes résultats scolaires et sur ma vie ultérieure. Pourquoi ne trouvai-je pas la force de parler de ces agissements aux enseignants ? Pour plusieurs raisons. Comme dans tout système fermé (écoles, casernes, prisons), la pression du groupe était immense. Parmi les élèves, il y avait les bourreaux, les suiveurs et ceux qui ne cautionnaient pas les agissements, mais se taisaient par peur de devenir eux-mêmes la cible d’actions de harcèlement. Si j’avais parlé, il m’eût fallu redouter d’être exclu davantage, car aucune forme de délation n’était acceptée. Comme je ne demandais qu’à être intégré au groupe, je m’en suis bien sûr abstenu.

Par ailleurs, je ne croyais pas que l’équipe enseignante donnerait crédit à ce que je leur raconterais. Certains enseignants et les surveillants étaient peut-être disposés à m’aider, mais ne savaient pas comment s’y prendre. D’autres n’ont absolument rien vu. Encore d’autres ont sciemment adopté une attitude d’indifférence et de déni. Ceux-ci me disaient alors que ces brimades étaient des gamineries inoffensives, qu’il me fallait ignorer, que je devais apprendre à m’effacer, et j’en passe. Enfin, car il en existait aussi, j’ai été confronté à des enseignants qui éprouvaient une hostilité ouverte à mon égard.

Par ailleurs, le climat de l’école était anxiogène : les élèves étaient tenus de fonctionner. Malheur à eux dans le cas contraire ! La liste est encore longue. Je mentirais si je prétendais que je n’ai jamais ressenti de douleur, de tristesse, de colère… Certaines cicatrices physiques me sont restées, et des symptômes psychiques continuent de m’éprouver : au printemps de l’année 2016, mes médecins ont diagnostiqué un trouble de stress post-traumatique (F43.1 selon l’ICD 10). J’ai suivi une thérapie, dont j’ai porté seul les frais, puisqu’ils ne sont pas couverts par l’assurance-maladie que j’ai souscrite dans le pays dans lequel je vis aujourd’hui.

Durant les premières années suivant ma scolarité dans ce collège, je n’ai pas encore compris la gravité de ce dont j’avais été victime. Pratiquement 10 ans se sont passés avant que je puisse mettre des mots sur ce vécu. 13 autres années se sont écoulées, avant que je réussisse enfin à trouver le courage de faire appel à des professionnels médicaux. La justice se construit sur l’état du savoir du moment. Dans ce sens, les faits que j’ai subis ne seront pas poursuivis pour deux raisons : ils sont forts difficiles à prouver, puisque que je n’ai pas de preuve, par exemple de trace d’ADN à présenter pour démontrer que j’ai vécu tout cela. L’autre motif est purement juridique, puisque les faits que je relate étaient prescrits sous 10 ans à compter de ma majorité. Toutes démarches judiciaires engagées envers mon ancien collège et mes ex-camarades de classe sont donc vouées à l’échec.

Lorsque j’ai procédé à une demande de renseignements, je dois néanmoins admettre que j’ai été fortement frustré par la déclaration de la juriste me recevant : “Enfin, Monsieur, tous ces ados de l’époque sont maintenant des hommes et sans doute des pères de famille… Voulez-vous vraiement ruiner leur vie ?” Bien sûr que non, car contrairement à des témoignages postés sur ce site, je tiens à préciser que si mes bourreaux reconnaissaient les faits qu’ils m’ont fait subir et qu’ils me demandaient sincèrement pardon, cela apaiserait considérablement ma souffrance. Mais en l’état actuel des choses, je suis encore sur le mode de la colère et de la violence, parce que je n’ai pas entendu les mots « magiques » qui pourraient m’apaiser. Par ailleurs, il ne suffit pas que la justice se mêle de cette histoire pour que justice soit rendue et pour clore ce chapitre. Si j’avais engagé une procédure, je redouterais le risque de subir des blessures psychologiques supplémentaires et inutiles. La responsabilité morale de tous ces méfaits, à mon sens, ne peut être régulée par prescription, mais bien en expiant les fautes commises, mais peut-être en veux-je trop.

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Frédéric
Frédéric
6 années plus tôt

Beaucoup d’hommes sont aussi victimes de l’idéologie patriarcale. Il faudrait inlassablement dénoncer l’injonction à la virilité et l’assignation de genre. Malheureusement, il n’y a pas que l’écrasante majorité des hommes qui soient complices de ce système mais aussi une très grande partie des femmes.

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Coucou
Coucou
6 années plus tôt

Je suis très touchée par la souffrance et la hauteur de vue de ce témoignage. Si seulement la loi évoluait, si l’on pouvait demander justice sans la barrière des délais de prescription, tellement de personnes comme vous pourraient trouver l’apaisement.

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Carnecotta
Carnecotta
6 années plus tôt

Monsieur je suis très touché d autant que je vis et j ai fréquenté un collège de l est breton ou je vis toujours. Je n ai jamais subit de violence sexiste mais un harcèlement moral quotidien. Je me suis toujours senti en marge des autres parce que trop intello trop sage pas assez cool….! J ai été la risée jusqu’a l âge de 13 ans ou je me suis dit que ça ne pouvait continuer je me suis mis au sport à 200 % pour trouver la force qui me manquait pour répondre à cela. Un jour ou pourtant personne ne m’avait offensé, j ai croisé un de mes bourreau et je lui ai mis une gifle. Une petite une toute petite mais qui m a semblé un coup de point final et une formidable revanche. J ai vu dans ses yeux la surprise et j ai compris que plus jamais il ne m embêterai car il avait pris conscience du courage qu il m avait fallu pour lui infliger. Il est parfois des petits cailloux qui nous paraissent des montagnes et ce n est qu en les soulevant que nous comprenons leur véritable nature.

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Espérance
Espérance
6 années plus tôt

Merci beaucoup pour le courage et la sincérité de votre témoignage. Il est très important de montrer que les femmes ne sont pas les seules victimes de harcèlement et maltraitance sexuelle. Cela est beaucoup plus tabou même lorsque les victimes sont des hommes et les institutions réagissent généralement par le déni ou la minimisation, comme vous le décrivez très bien, alors que les séquelles physiques et morales sont pour la vie. Je comprends très bien le soulagement que vous procurerait le fait que les bourreaux demandent pardon. Mais souvent seuls les suiveurs ont des regrets sincères, tandis que les meneurs ne le font pratiquement jamais, car ce sont des pervers dans l’âme. C’est un deuil à faire, mais il n’y a rien à attendre de ces gens-là. En revanche, vous devriez contacter si c’est possible ceux qui ont été témoins mais n’ont rien dit parce qu’ils avaient peur. Si déjà ceux-là ont des remords, c’est déjà plus de soulagement qu’on ne l’imagine. On a vraiment besoin d’une forme de justice, que les tribunaux d’aujourd’hui sont complètement incapables de donner. Je vous souhaite d’avoir une belle vie car vous semblez réellement la mériter.

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6 années plus tôt

Courage…

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