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Une vie de femme

J’ai lu dans le monde du 22 août 2020 l’entretien avec Christine Delphy sur le féminisme et j’ai voulu à mon tour témoigner pour les générations qui viennent.
J’ai 79 ans. J’ai eu deux fils et cinq petits-enfants.
L’année de mes 46 ans, mon époux est décédé d’une tumeur au cerveau.
Ecrasée de chagrin, j’ai dû faire face pour élever mes deux garçons, me reloger et trouver du travail.
J’ai eu la possibilité d’être embauchée à la direction régionale de l’entreprise où mon mari travaillait. Je n’avais pas besoin de grand-chose, une pension m’étant versée ; mais je devais travailler pour pouvoir être couverte par la sécurité sociale.
Hélas, j’aurais mieux fait de me casser une jambe plutôt que d’accepter.
J’ai commencé à un tout petit poste d’employée de bureau (j’avais une formation de couturière, sans rapport avec l’activité de l’entreprise). Je devais notamment récupérer et distribuer le courrier dans les bureaux.
Coté hommes :
J’ai tout de suite attiré la jalousie de certaines employées qui me voyaient comme une rivale, mon mari ayant occupé un poste de cadre.
Je me suis vite aperçue que je suscitais aussi une certaine curiosité, voire une certaine avidité, du désir de la part des hommes et plus particulièrement du directeur qui fut ensuite la cause de tous mes ennuis.
Noyée de chagrin, je voulais m’en sortir et j’ai donc entrepris une psychanalyse chez un psychiatre. Hélas, le lendemain des séances, je comprenais, par des sous-entendus, que mon entreprise en avait eu connaissance, notamment à propos des hommes.
J’ai fini par aller voir une avocate, Giselle Halimi, mais en l’absence de preuves tangibles, elle ne pouvait rien faire. Je pourrais vous raconter plus de choses mais ce serait trop long.
Au bout de 13 années pénibles à vivre, je fus mise à la porte, sous prétexte d’avoir 60 ans.
Le procès :
J’avais fait connaissance dans mon entreprise d’une femme ingénieur qui elle aussi avait de gros problèmes au travail et qui m’a aidé par son écoute.
J’ai pu ainsi prendre conscience de mon état de victime et j’ai compris que je pouvais poursuivre mon entreprise au prudhommes pour licenciement abusif.
Cette femme, férue en droit du travail, m’a accompagné chez une avocate spécialisée.
Il m’a fallu aller trois fois aux prud’hommes et deux fois en appel.
Pour la dernière audience, j’ai vu arriver l’avocat de l’entreprise avec le visage blanc comme neige, les mains moites et très mal à l’aise avec la cause qu’il devait plaider qui lui semblait indéfendable. D’ailleurs durant l’audience, contre toute attente, le procureur a indiqué les différentes arguments juridiques utilisables … qui ne pouvaient au final que me donner raison !
Les questions juridiques me passaient complètement au-dessus de la tête mais j’avais la certitude que j’allais gagner, une certitude ancrée en moi.
J’ai enfin, au bout de cinq ans, gagné mon procès, mon employeur ayant finalement renoncé à se pourvoir en cassation. Mais, mauvais perdant, il s’est fait tirer l’oreille pour payer les sommes auxquelles il avait été condamné !
Coté vie amoureuse :
Après mon licenciement, je passais mes longues après-midi d’hiver à surfer sur Internet, à la recherche d’un compagnon.
J’ai pris contact avec un homme et on s’est rencontré au Golf.
Très vite nous sommes partis plusieurs fois en week-end.
Un soir, au moment de se mettre au lit, je lui ai raconté ce qui m’était arrivé. Il a pris conscience de ce à quoi je devais faire face et s’est dégonflé comme une baudruche. Il s’est enfuit.
Voilà ce que fut ma vie amoureuse : un mari et un amant.

Mais qui sont ces hommes qui convoitent des femmes en les considérant comme des choses et fuient à la première difficulté ?
A toutes les jeunes filles des générations montantes, je veux dire : osez être vous-mêmes, gardez la tête haute, ayez confiance en vous. En cas de problème, ne restez pas seule ; rejoignez une association pour en parler. Mettez à profit la chance que vous avez aujourd’hui de vous défendre, y compris devant les tribunaux ! N’ayez pas peur, la vie est belle : c’est grâce à l’humour que j’ai pu m’en sortir et aujourd’hui je me sens forte !

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