J’ai 64 ans et ai été une femme battue et trompée par son mari médecin généraliste( et rugbyman). Violent (voir ci dessous), excessivement possessif et jaloux mon ex mari s’accordait bien des incartades au devoir de fidélité. Me refusant suite à toutes ces agressions à mon “devoir conjugal” j’y ai été contrainte une fois, renversée à terre vêtements arrachés et pénétration de force…Le sentiment après cela? un désespoir énorme face à l’impossibilité de pouvoir faire quoi que ce soit puisqu’à l’époque le viol entre époux n’était pas reconnu, se sentir salie, niée et totalement seule .Sur les deux faits graves de violences conjugales de sa part l’un a été un passage à tabac à coups de poings et de pieds, l’autre a été une tentative de meurtre par strangulation . Les “mobiles ” de ces violences ? la première fois j’étais allée chez une amie d’enfance et collègue sans veiller à l’heure ( retour 21h), la seconde j’avais été retenue sur mon lieu de travail jusque 20h30 et avais averti de mon retard. S’il ne s’agit pas ici d’agression sexuelle au sens propre du terme, il s’agit d’agression perpétrée par un homme de pouvoir voulant contraindre sa femme à se soumettre à son désir, à lui obéir sans tenir compte de son désir à elle, un sexiste dangereux dans une société dont beaucoup de membres considèrent que hommes et femmes seraient des humains ni de même nature ni de même rang . Je voudrais dire ici la culpabilité que l’on a à être battue, on se persuade que l’on a dû faire quelque chose de mal. Je voudrais ne plus me souvenir du silence de l’entourage familial ou de voisinage qui sait ce qui s’est passé et qui reste indifférent. Je voudrais crier la réaction de policiers qui refusent de prendre votre plainte car ils ont besoin de votre mari pour les prises de sang aux interpellés en état d’ivresse par exemple, le mépris et le regard suspicieux des mecs du commissariat, le refus du commissaire lui-même de vous aider. A l’époque les policiers étaient presque tous des” mâles” et si une femme était battue c’est qu’elle le méritait comme dit le proverbe. Je voudrais dire la nécessité dans laquelle je me suis trouvée – pour avoir un certificat de coups et blessures avec ITT de + de 10 jours- de consulter un médecin loin du rayon dans lequel mon mari exerçait son pouvoir de notable. Me déplacer seule en consultation pour garder toute cette démarche secrète malgré le traumatisme subi. La première fois qu’il m’avait battue j’avais été amenée – par le généraliste que j’avais appelé au secours- aux urgences de l’hopital local qui connaissait bien le Dr Jekyll., Le registre des entrées avait noté qu’il s’agissait d’un accidentée de la route empêchant ainsi toute plainte de ma part. La honte que l’on ressent est pire encore que la douleur physique car elle dure plus longtemps . Aujourd’hui plus de trente ans après les faits je ressens toujours ce malaise indicible au fond de moi, ce chagrin qui perdure. Il a fallu presque dix ans de procédure d’un divorce terrible pour mes enfants et moi-même qui ai demandé et obtenu réparation pour ne plus avoir rien à voir avec un homme que j’avais tant aimé jadis. Même si je sais que le tort que j’ai eu c’est d’épouser un psychopathe machiste, quelque chose de très lourd et très douloureux continue de saigner au fond de moi. La psychothérapie suivie pendant des années n’a pas pu tout guérir. Elle aide à se remettre debout et à oser continuer… sans haïr. La réparation en justice joue le même rôle elle rétablit en outre les équilibres entre agresseur et victime
– pour l’agresseur : le rappel à l’ordre supérieur et le risque d’incarcération l’oblige à changer son regard sur lui-même et ses comportements que tout le monde tolérait jusque-là.
– pour l’agressée au terme d’une longue lutte la société/justice enfin reconnaissait les préjudices subis.
Les femmes doivent lutter pour demander justice et toutes n’ont pas cette force. Elles ne doivent pas craindre de porter plainte ni de se défendre. Le sujet est trop grave pour ne pas l’aborder en militante du droit des femmes à disposer d’elles-mêmes. Plus de mains au cul et plus de coups de poings dans la gueule.
Mon témoignage se veut un soutien et un encouragement à toutes celles qui sont au cœur d’une affaire judiciaire. suite à un viol ou et des violences, ou qui vont s’y lancer.
Je voudrais dire enfin que sans un prise de position très claire de la part des pouvoirs politiques et policiers sur ces sujets révélateurs de la mentalité d’une société les choses ne changeront que très lentement.
Merci beaucoup pour votre témoignage…
Votre témoignage est poignant, révélateur et aidant pour les nombreuses victimes qui sont actuellement dans le même état que vous l’avez été . Merci infiniment d’avoir témoigné . Cordialement, L’innocence trahie.
Bonjour, je tient à vous remercier de votre témoignage. Il y a 3 semaine j’ai fuie mon foyer et portée plainte suite à des coups et violes. (Lorsque je me suis pointée au commissariat avec mon bébé à 8h du matin les policiers ont refusés de m’ouvrir la porte et d’enregistrer ma plainte. J’ai finalement après avoir été baladée toute la journée dans 2 hôpitaux et 3 commissariat, j’ai réussi à déposer plainte à 18h!!!! ) Je suis aujourd’hui dans l’obligation de me cacher. Mon porc réside toujours dans MON APPARTEMENT, et je me fait harceler tous les jours. Émotionnellement je suis détruite et je vie dans la peur.