Ma mère a divorcé de mon père pour “l’amour de sa vie” vers mes 9 ans.
Une fois qu’elle a trouvé un logement pour elle et moi, il a semblé normal que cet homme vive avec nous. Et ma demi sœur est née. Il était tout gentil au début mais le naturel revient toujours au galop comme on dit…
Il se plaignait d’avoir été mis à la porte de ses précédentes conquêtes de manière violentes. Puis il ne revenait plus le soir après le travail.. Ma mère a cherché à savoir pourquoi. Un soir qu’il rentrait vers minuit après une beuverie, elle a reçu pour toute réponse à ses questions des coups de pieds et des baffes. C’est ce qui m’a réveillé. Pendant qu’elle pleurait par terre, il est allé voir ma petite sœur dans son berceau. Il l’a arraché à son sommeil pour la secouer comme un chiffon alors que ce n’était qu’un nourrisson. J’ai hurlé, ma mère s’est relevée d’un bond et lui a ôté des mains. J’ai fuis chez le voisin dont les filles étaient mes amis pour de l’aide. Je leur ai expliqué très vite qu’il avait frappé ma mère et qu’il faisait du mal à ma sœur. La fille aînée du voisin qui avait largement dépassé la majorité m’a demandé de me calmer et d’aller me recoucher car “Ils se disputent ça arrive ce n’est pas grave”. J’ai appelé la police sur mon vieux téléphone (le fameux Nokia 3310 pour situer l’époque). Ils ne sont jamais venus, la seule réponse que j’ai eu est “Ecoute bien jeune fille, ta maman a fait rentrer cet homme chez elle, à partir du moment où elle l’a invité on ne peut rien faire.”
Je suis retournée chez moi en pleurant avec le voisin qui a essayé de raisonner le beau père… Au bout de 30 minutes, 1heure… (comment voulez-vous temporiser ce genre de discussion lorsque vous crevez de trouille ?) mon beau père était avachi sur le canapé. Ma mère s’était enfermée dans la chambre avec ma petite demi sœur. Le voisin est parti.
En fait il attendait que le voisin parte. Je me suis pris la baffe de ma vie. Il a arraché mon petit lustre de ma chambre pour me l’exploser au dernier moment à côté de moi. Il a hurlé. J’étais une salope, une connasse en devenir, une pisseuse, …
Il a continué diverses crises comme ça jusqu’à mes 18 ans où j’ai pu partir vivre chez mon copain qui n’est jamais venu dormir chez moi, j’avais honte de ma mère qui ne se décidait pas à reprendre la situation en main mais encore plus de vivre dans cet enfer.
Chère Anonyme,
Je sais aussi ce que c’est que de crever de peur ! Les crises familiales, les hurlements, la terreur, les coups, les fractures, les bleus, le sang, les boursouflures de la peau frappée, les bosses, les griffures, les morsures, les traces de coups sur l’ensemble du corps, le visage enflé et tuméfié, la douleur, les larmes, l’immense tristesse en soi, les meurtrissures, les déchirures, le cœur qui se meurt, l’incompréhension, la sidération, la confusion, les appels au secours, les flics à la maison tout le temps, la honte, la colère, la haine, le dégoût, l’envie de fuir au loin, l’envie de mourir !
Je sais tout ça, j’ai vécu tout ça ! Et je me doute que vous aussi ! Alors, je vous comprends ! Vous avez toute ma sympathie ! Tendresse !