Sortir de la dramaturgie, oui mais…

Violée par mon cousin vers 8 ans (aucun souvenir, c’est lui que me l’a rappelé). Puis vers 10 ans.
Violée par mon frère vers mes 10/11 ans.
Violée par le mari de ma grand mère vers mes 10/12 ans à plusieurs reprises.
Quelle joie d’apprendre son décès quelques années plus tard (j’aurais clairement préfèré me passer de ce genre de cynisme pour vivre mon adolescence!).
J’ai aujourd’hui 42 ans, je suis plutôt fière du chemin que j’ai parcouru pour me remettre de ces traumatismes…mais parfois, je suis assez exaspérée de me rendre compte que cette question de la violence sexuelle subie revient en boucle cycliquement, souvent sous de nouveaux prismes.
Je sors tout doucement de ma posture de victime, de la dramaturgie de ce vécu, je me sens pouvoir redevenir avec plus de douceur actrice de ma vie. Jusqu’à peu de temps encore, c’est mon hyperactivité, hyper sociabilité, ma combativité et ma lutte qui m’ont aidé à aller de l’avant. J’en ai bien profité mais ça m’a coûté un Burnout dont, au bout de 3 ans, je ne suis pas totalement remise. J’en ai bien profité car ça m’a permis, en me coupant d’une grande partie de mes ressentis, de ne pas plonger tout droit dans les abysses, mais de soigner et guérir pas à pas les blessures de ces traumatismes (thérapies cliniques et psychocorporelles, révélations et dialogues avec les auteurs des violences, avec la famille, les amis…) .
Il me reste aujourd’hui encore des difficultés à me sentir légitime (à peu près pour tout dans ma vie), à estimer mes valeurs, à faire confiance dans la relation (je me suis donc beaucoup construis seule), à continuer de me culpabiliser d’avoir été l’objet de plusieurs personnes (genre en me demandant :qu’est ce que j’ai fait pour les attirer?), à trouver lourd de porter cette part d’identité, celle de femme violée (au regard de toutes les interprétations et surtout les émotions que cela engendre chez l’autre, voir des responsabilités que cela nous fait porter).

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