Quand j’avais 8 ans mon oncle en avait 16. Si chez lui la sexualité était éveillée chez moi non. J’ai toujours été proche de mon oncle, le petit frère de ma mère. Nous avons joué ensemble une grande partie du temps de mon enfance mais un jour nos jeux ont différés. C’était l’été et comme d’habitude les enfants avaient eu l’autorisation de quitter la table pour aller jouer dehors. Derrière la maison, sous la salle de bain il y avait un vide sanitaire où nous nous cachions souvent lorsque nous jouions à cacha cache. Sauf que ce jour là on ne jouait pas à cache cache et que mon oncle m’a dit: “viens on sera tranquilles pour regarder parler et regarder des BD sans les petits”. Je n’ai pas compris ce qui me tombait dessus. Mais je ne me suis pas défendue et du haut de mes 8 ans j’ai fait comme il m’a dit: je n’ai rien dit à personne. Pourquoi? Parce qu’il m’avait prévenu que personne ne me croirait et que j’allais me faire gronder, que plus personne ne me parlerait et ne jouerait avec moi. Alors j’ai eu peur.
Oh je n’ai pas été la seule de ses victimes, ma cousine de 14 ans a été retrouvée dans son lit et la réaction de mon cercle familial m’a confirmé que j’avais tout intérêt à me taire car chacun s’est entendu pour dire que c’était elle, que c’était une délurée, une perverse et je ne l’ai plus revue pendant plus de 10 ans car ses parents ne venaient plus chez mes grands parents et nous n’allions plus chez eux. Mais j’ai pris mes distances, je m’arrangeais pour rester proche des adultes et ne plus me retrouver seule avec lui. Mon cerveau m’a permis d’éluder, c’était salvateur, mais je grandissait mal, je volais, je mentais, je me renfermais.
Devenue sexuellement active à 16 ans tout m’ait revenu, d’abord des cauchemars, puis les odeurs, les sensations, les impressions mais surtout ma détresse, ma tristesse. J’en ai gardé une rancune contre les hommes et mon premier amour était un jeune homme abusif, violent et manipulateur, puis je suis passée aux femmes, puis je suis revenue aux hommes mais sans grande confiance et surtout sans plaisir. Alors j’ai tenté de me suicider, 2 fois mais sans grand succès.
Quand j’en ai parlé à ma mère à l’âge de 24 ans elle m’a répondu ceci: “dans toutes les familles il y a un tonton bizarre et puis il ne t’a pas violée”. Non, effectivement, il a juste tripoté mon petit corps, m’a forcé à l’embrassé et introduit ma main dans son pantalon avant de mettre son pénis dans ma bouche… Rien de grave quoi selon elle. Et puis elle en a parlé à ma sœur, à ses sœurs et à sa mère: “voilà ce qu’elle dit”. Ma famille m’a jugée, m’a rejeté et dans cette histoire je ne suis qu’une menteuse qui cherche à semer la discorde tandis que lui profite des siens.
J’ai 40 ans, je ne fréquente plus ma famille maternelle et ma mère passe tous ses Noël avec son frère et le reste de sa famille. Je ne lui en veux même pas, j’ai pitié d’elle, mais lui… je ne peux plus le voir ni lui adresser la parole et je crains toujours pour ma fille. Je suis suspicieuse. J’aime mon mari et c’est vraiment un homme bien mais je n’arrive pas à m’ôter de la tête que lui aussi pourrait être un mâle abusif surtout que notre fille est jolie. Je ne pardonne pas, je n’oublie pas et ma vie est gâchée dans le sens où ça me hante, où je m’en veux de n’avoir rien fait contre lui, de ne pas l’avoir affronté mais il a un fils qui est étranger à ça et je ne veux pas briser leur lien alors je continue de me taire et ça continue à me dévorer lentement.
Ce que vous avez subi est un viol car il y a eu pénétration même buccale sans votre consentement. Sollicitez des livres en médiathèque par exemple pour aborder le sujet avec votre fille. Qu’elle entende que si besoin sa parole pourra être validée. Même pour le fils de votre oncle jecrois que vous pouvez parler. Seule la parole pourra faire surgir les non dits et libérer les personnes. Courage à vous
Ce que tu décris est malheureusement classique dans les familles où éclatent un inceste. Celui où celle qui dénonce ouvre la boîte de pandore que personne ne veut voir, alors on lui reproche d’avoir parlé ou de mentir comme dans ton cas. C’est douloureux. De plus tu était petite du coup pour survivre ton cerveau à disjoncter et peut-être dissocié pour ta survie. J’ai vécu sensiblement la même chose et c’est dur. N’ai plus peur pour ta fille, maintenant que ta mémoire est revenue tu peux mieux la protéger et en fonction de son âge tu peux lui parler. Il existe des soutiens l’AIVI et SOS inceste. La libération de la parole aide à se sentir mieux. Beaucoup de courage à toi. Sois forte.