Directeur de thèse harceleur sexuel : ce serait bien que tu me regardes prendre ma douche ?
De manière identique, le milieu de la recherche universitaire est un haut lieu de harcèlement sexuel envers les femmes et curieuse ..absent des tabloïds…
qu’est ce qu’une thésarde ? son statut est intermédiaire et son avenir professionnel est entre les mains de son directeur de recherche en qui elle doit avoir confiance pour pouvoir mener à bien sa thèse et pouvoir ensuite poursuivre sa carrière dans ce milieu très masculin et macho. En tous cas dans certaines disciplines dont les sciences économiques qui étaient la mienne. A Paris 1- Panthéon-Sorbonne.
Suite à des agressions sexuelles et harcèlement systémique en DEA par un équivalent DSK qui faisait de toutes femmes ou jeunes femmes une cible, un vrai prédateur sexuel, un vrai méchant, taré ( autre post à venir ! ) j’ai changé de fac et ai rejoint le laboratoire du ROSES à Paris 1.
J’ai trouvé un directeur à l’air brave, pointu dans son domaine; je ne connaissait pas cette fac je n’étais pas au courant des bruits de couloir le concernant car en fait, toute les filles de son groupe de recherche y passaient si elle voulaient bénéficier d’aides, de vacations, postes etc et partir avec lui à l’autre bout du monde comme assistante…
Avec une maie vietnamienne, à qui il faisait aussi des avances sans cesse, comme à) toute fille, on l’avait surnommé “vieille chaussette” (VC). En lien avec son patronyme . ça nous faisait rire. Au moins cette fois j’avais une autre personne qui en miroir me disait que le problème, c’était bien de son côté…
Je passe les détails mais assez rapidement cela a tourné à :
“et si on allait croiser les baguettes ensemble, y a plein de restos dans la quartier ce serait sympa ?”
l’œil torve, le sourire libidineux, la cinquantaine bien tapée…une carrière en Afrique principalement ou il se vantait du 3e bureau et du service en chambre très particulier “misieu, c’est le bonheu’ qui passe – faisait il avec l’accent africain’…il faisait référence aux très jeunes filles qui passaient dans les couloirs des hôtels et toquaient à la pote des hommes blancs seuls en mission pour leur apporter…du savon !
Il avait l’œil brillant et pétillant à l’évocation de ses années d’Afrique, la belle époque des PAS en sciences économiques….
Il se targuait de sa générosité à aider ses étudiantes africaines si dévouées et brillantes (ça c’est vrai aussi, il a permis à pas mal d’étudiants des PED Asie, Afrique de venir en France étudier).
“t’as vu Melle machin, celle qui travaille sur l’agriculture en Chine, elle est drôlement calée” ..le tout accompagné d’un geste des deux mains dessinant des formes pulpeuses et d’un clin d’œil complice et grivois.
J’avais 26 ans.
et je sortais déjà d’un DEA très traumatisant…je ne sais même pas comment j'(ai pu faire ma recherche et soutenir face à ce monstre.
J’ignorais que VC faisait cela systématiquement; j’ignorais aussi que le prof du DEA était un prédateur (ce mot n’existait pas à l’époque) et avait aussi agressé bon nombre étudiantes est de cadres à la fac et à la banque mondiale et sans doute partout où il est passé; j’avais honte; j avais peur aussi – et à raison – pour mon diplôme; je me sentais évidement responsable de la situation.
Et là, je change de fac et rebelote un autre taré vieux bonhomme libidineux dégoûtant.
J’esquive, je me dis que bon, il est moins violent que l’autre celui-là c’est plus le style affectif; je devrais pouvoir gérer; de toutes façons ou aller ? j’avais tenté des actions en DEA et aucun résultat. Aucune des autres étudiants victimes n’avait voulu témoigner.
Je me dis que je vais bien arriver à me tenir à distance et avancer seule sur ma recherche. Trois ans minium…allais-je tenir…. ? Change de fac et de directeur ça ne se fait pas, il faut changer de sujet…ça compromet à coup sûr une carrière universitaire , impossible donner un motif de départ…c’est l’omerta, un milieu de vieux mecs qui se serrent les coudes.
Par contre toutes les possibilités de partir en voyage d’études me passaient sous le nez..mais Melle machin , si calée, , elle y allait.
VC me proposait des rendez de travail dans un studio de la fac ou il dormait de temps à autre; c’étai un filou, il était sur tout les bons plans pour avoir des sous, des locaux, des notes de frais… Il proposait aux étudiantes asiatiques fraîchement débarquées de Chine ou du Vietnam de les héberger dans ce studio, “c’est tellement plus pratique pour elles les pauvres tu comprends ? …. et je suis un peu comme leur papa de France; on reste collés l’un à l’autre, c’est gentil, très tendre tu vois, rien de sexuel, tout le monde a besoin d ‘affection non ?”.
VC était marié et parlait volontiers de sa femme qui était géniale car dans la confiance totale. Par ce problème donc pour lui à abuser de son pouvoir auprès d”étudiantes, démunies ou non.
et une jour , j’allais le vir pour finaliser un dossier pour aller présenter un papier r à un colloque à Bangkok, il y allait; il me dit, “tu sais j’ai réfléchi, la fac nous donne une enveloppe pour l hôtel et la bouffe, et nous on se débrouille avec; en général ce qu’on fait avec les collègues, c’est qu’on s arrange entre nous une prend une chambre , et avec l’économie on garde ça dans notre poche. Et puis ce serait tellement sympa , tu vois le matin, je te regardera prendre ta doche et toi tu me regarderai prendre la mienne … – et il accompagne ça du geste en se caressant le haut du corps – ….non ? qu’est ce que tu en penses ?”.
J’ai failli vomir en l’entendant.
J’étais prise de dégoût à cette idée, révoltée aussi de voir l’argent de la fac profiter à ce genre de crapule.
J’avais une haute estime du savoir, de la recherche, de l’université…je suis descendue de mon perchoir…
J’ai dit dans un souffle , “ah non je pense pense pas que ce soit sympa.
Je prendrai ma chambre.”
Il se braque et me dit de réfléchir, que je passe à côté de la chance e ma vie etc… et que d’autres font moins les difficiles…Melle machin à forte poitrine j’ai supposé.
I l n’a pas signé mon dossier; je ne suis pas partie; il a présenté des travaux sous son nom mais que j’avais effectué, pratique courante, voire la norme.
je n’ai plus eu de contact avec lui, j’ai évité et ai fini par changer de labo et ne pas finir ma thèse. Pour d’autres raisons mais si j’avais eu un appui normal, j’aurai pu continuer. Deux expériences comme celles ci d’affilée je n’ai pas eu le courage de changer encore et le vide
juridique de la thésarde à cette époque m’a plongée dans des abîme de solitude; le harcèlement n’était par ailleurs par reconnu du tout.
cela reste à tout jamais un point de bifurcation dans ma vie.
et une blessure au cœur.
Il m’a retrouvée 10 ans après…j’ai accepté un déjeuner, je lui ai dit ce que je viens d’écrire et que ce n’état pas ok; il a nié en bloc. Et a continué de raconter sa générosité sans borne et de commenter les prouesses des ‘petites africaines si toniques’ et des ‘petites asiatiques si romantiques’.
Je n’attendais rien de ce déjeuner, je voulais le voir en face dans une posture sans enjeu de pouvoir et lui dire sans haine mon ressenti.
Il m’a proposé de partir au Vietnam avec sa femme et lui. Les cons ça ose tout, c’est à cela qu’on les reconnait, merci Audiart !
On ne change jamais …Vade retro sanatas.
merci à cette initiative de me permettre de témoigner.
La fac est un milieu connu pour ça. C’est triste que le savoir soit entre des mains aussi sales.
Votre récit mériterait d’être plus médiatisé que sur ce site; une vraie visibilité même si , à l’heure actuelle ce gros dégueu doit être dans son fauteuil roulant entourés de petites esclaves exotiques.
L’hypocrisie de ces messieurs , le double discours…n’avez-vous jamais penser envoyer ce papier au Canard Enchainé …?
Excellent témoignage!