J’avais 10 ans, j’ai été abusé sexuellement par Jacques C, vivant dans la banlieue lyonnaise. et j’ai refoulé ça pendant 2 ans et quand j’ai osé en parler, j’ai été prise pour une menteuse par les gendarmes, qui ont ensuite embrigadé ma mère pour plus qu’elle me croit et qu’elle ne porte pas plainte. Quelle honte !! Je ne m’en suis jamais remise totalement de cela. J’essaye de faire feuille blanche mais cela revient. Cela me bloque par rapport aux hommes à 22 ans . Comment se reconstruit après cela ?
mets toi devant un miroir et parle toi, dis toi encore et encore que tu n’es responsable de rien et que tu as raison. que tu as une vie et tu ne vas pas la gâcher pour des personnes qui ne le mérite pas. chaque jour, recommence, encore et encore… et à un moment, tu sauras. sinon, demande aussi de l’aide à des spécialistes, en parallèles.
Je pense que, pour que vous alliez mieux, le premier pas à faire est d’admettre que ce n’est pas votre parole qui est contestable, c’est bien l’attitude de certain(e)s. Admettre que, pour des raisons qui leur appartiennent, certaines personnes chercheront toujours à glisser “ces choses là” sous le tapis.
C’est leur problème; le vôtre c’est d’aller mieux, et croyez-moi, vous n’avez pas besoin qu’ils changent leur mentalité tordue pour ça. Vous n’avez pas besoin d’eux pour prendre soin de vous.
Votre parole a été niée, mais ce sont eux qui ont tort. Laissez les dans l’obscurité de leurs mensonges et de leur lâcheté, et choisissez, vous, d’aller dans la lumière. Ils ont nié votre parole, mais ils ne peuvent pas vous nier, vous, ni vous atteindre dans ce que vous êtes : une belle personne, digne et qui mérite d’avoir une belle vie. Faites leur l’affront d’être heureuse.
Il vous faudra vous occuper de la petite fille que vous avez été, toujours vivante en vous, et qui a été doublement blessée, par les actes immondes d’un pervers d’abord, puis par la négation de sa parole.
Vous pouvez pour cela vous offrir un espace d’écoute et de compréhension, dans le cabinet d’un psychothérapeute. Vous pouvez évaluer avec lui un éventuel traumatisme, qu’il faudra alors évacuer avec des soins adaptés (EMDR, hypnose…). Vous pouvez pratiquer une activité qui vous mette en contact avec vos ressources intérieures (sophrologie, tai-shi, yoga…). Pratiquer une activité qui vous nourrisse de “beau” et/ou serve d’exutoire à vos émotions (artistique, créative, sportive…). Je conseille aussi des lectures, en commentaire du témoignage “Subis et tais-toi” du 6/12.
Avez-vous parlé avec votre mère? Il peut être important pour vous de lui exprimer ce que vous avez ressenti de voir votre parole niée ainsi. Si vous ne pouvez pas le faire “en face”, écrivez lui une lettre, que vous brûlerez ou enterrerez.
Pour finir, vous pouvez encore porter plainte, le faire vous-même aujourd’hui, si vous sentez que cela peut vous aider. Si vous vous sentez mal reçue dans un commissariat, n’hésitez pas à aller dans un autre. Vous êtes dans votre droit de porter cette plainte.
Vous allez y arriver, n’en doutez pas.