J’ai listé toutes les violences subies au cours de ma vie. J’ai 39 ans.
– A 8 ans, un vieux monsieur inconnu m’attend à la sortie de mon cours de danse, fait le chemin avec moi, me prend la main, me la met dans sa poche… poche trouée, sexe de l’homme au bout, et moi qui le caresse à mon insu. Je réalise soudain et pars en courant. Je pleure et me lave les mains. Je n’ose pas en parler à mes parents.
– A 15 ans, je suis en vacances vers St-Raphael, je traine avec ma copine sur une esplanade, le soir. Je flirte avec un garçon à peine plus âgé que moi. Il m’entraîne à l’écart, derrière un buisson. Je me retrouve sans comprendre avec un doigt dans le vagin. Il sort son sexe, j’ai peur, et je parviens à me dégager. Je réalise aujourd’hui seulement que ce qui s’est passé n’est pas normal.
– A 16 ans une dizaine de gamins me dépassent en courant dans la rue et me mettent leur main aux fesses.
– A 18 ans, pendant une manif, un jeune m’encercle par derrière et me tripote les seins. Je me retourne et lui met une gifle. Il me donne un coup de pied dans le ventre qui me coupe le souffle et me met à terre.
– A 19 ans dans les rues de Paris, je croise un homme qui me traite de sale pute en me croisant, doucement presque dans l’oreille. je réagis, et il me menace. Il a une arme dans la poche. Je passe donc mon chemin la tête basse.
– A 24 ans je suis en Inde. je pars en weekend avec mon prof de tennis. On est à l’hôtel avec deux amis à lui. Dans la chambre, ils se mettent à boire et mettent un film porno. Ils ne parlent plus qu’en bengali et la porte de la chambre est fermée à clef. Je me sens mal et trouve un prétexte pour sortir. Je m’enfuis.
– A 30 ans, à Paris, je marche sur le trottoir. Une voiture qui sort d’un garage me barre la route. Je tente de la contourner, et elle recule, puis avance, puis recule, de sorte que je ne peux passer. Je finis par taper la voiture. Le conducteur finit par s’en aller en m’insultant.
Je passe sur les exhibitionnistes, les frottements dans le métro plus ou moins appuyés, les insultes dans la rue gratuites…
Le titre est bien choisi.
Dans un monde meilleur, rien de tous ces actes ne devraient avoir lieu de manière ordinaire.
Je retiens surtout que vous vous défendez, et la réponse est une autre violence au lieu d’être une fuite guidée par la honte