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Victimes et bourreaux

Je voudrais à travers mon histoire personnelle parler d’aspects d’une agression sexuelle qui me tiennent a cœur.
On a tendance à méconnaître la nature d’une agression sexuelle. Il y a les attouchements, les viols, à des âges différents, dans des contextes différents, qui ont des conséquences différentes. Sans oublier ce que j’appellerai les “agressions sexuelles du quotidien”: l’amant trop insistant, le parent qui dépossède l’enfant de son corps, l’école qui impose à des touts petits d’aller aux toilettes à un moment donné quitte à ce qu’ils se pissent dessus, à la maternité où on insère à un nouveau né un tuyau dans l’anus. Est ce qu’il y a une classification? Une hiérarchie? Les victimes elle mêmes s’y perdent. Longtemps je me suis crue coupable,… pourtant dès lors qu’une personne s’impose sur une autre sans son consentement éclairé (ce que ne peuvent pas donner les enfants, les personnes sous l’emprise de la drogue ou alcool, celles qui sont soumis à un rapport hiérarchique,…), il y a agression.

De ce traumatisme découle un engrenage dont on a rarement conscience. Pour donner un exemple avec mon histoire : attouchements en colonie par un animateur vers 5 ans, abus sexuel par le fils du directeur en colonie de vacances (je ne sais et ne saurai probablement jamais s’il y a eu viol à proprement parler, je ne me souviens pas de tout) à 7 ans, viol d’un oncle par alliance vers 12 ans, agression (plaquée contre le mur et tenue par plusieurs, pendant que d’autres me tripotent, DEVANT le collège) par des gars de ma classes en 3ème, plaquée contre un mur et embrassée par un ami de mes parents à 15 ans… pour finir une relation toxique entre mes 18 et 21 ans avec un pervers narcissique, qui ne me demandait pas toujours mon consentement pour avoir un rapport sexuel. Heureusement, sur ma route mon mari actuel, qui n’a jamais entretenu ce schéma pervers, de quelque manière que ce soit. Je pense aussi à ces femmes qui entretiennent un rapport compulsif ou excessif avec le sexe (j’ai eu ma période), sans se rendre compte que c’est lié à la ou les agressions sexuelles subies. Désolée pour les messieurs, mais le mythe de la “salope qui aime le cul” est souvent faux…..

D’ailleurs, on ne se rends pas compte de toutes les implications d’une agression. Il y a bien sûr la sexualité (encore très difficile pour moi-même après des années, 4 enfants et un mari respectueux et aimant) mais pas que! Il y a le rapport au corps complètement faussé, j’ai été boulimique/anorexique pendant des années, l’angoisse avec mes propres enfant de les voir devenir agresseur ou agressé,… et surtout la répétition d’un schéma parfois toute sa vie : pour moi la petite fille dominée qui n’a pas pu/su réagir, coupable d’avoir été agressée, en attente d’une aide extérieure qui ne viendra jamais.

Je me pose aussi la question de qui sont les victimes, qui sont les bourreaux? Le but n’est pas de remettre en question au moment T qui est la victime et qui est le bourreau, que ce soit bien clair! Le bourreau est celui qui agresse et la victime celle agressée. Je parle de quand on prend du recul, quand on regarde avant, après et autour. Souvent les bourreaux sont d’anciennes victimes. De même qui il y a souvent double traumatisme : l’agression, puis la réaction ou la non réaction de l’entourage. Dans mon cas, des parents qui n’ont pas su me protéger, et qui ont fait des choix à mon détriment (privilégier leurs amis par exemple) et des phrases malheureuses, ma mère à propos de l’agression de leur “ami”, ou mon grand père qui m’en a voulu d’avoir parler. Et encore, les animateurs de colo, les profs et surveillants du collège qui ferment les yeux. Et la victime peut se changer en bourreau, de part mon traumatisme par exemple j’en deviens égoïste et traite parfois mon mari comme un violeur alors qu’il souhaite juste avoir des relations normales avec sa femme !
Ah et la justice…Elle n’est pas la pour nous aider:!! A 18 ans, j’ai porté plainte contre mon pseudo oncle, d’abord à Paris où j’ai été entendue, une enquête à ensuite été faite, dont j’ai eu des nouvelles par bribes. On m’annonce qu’ils ont retrouvés le mec en question, qui vit illégalement en France, et qui a sur le dos plusieurs plaintes pour violences conjugales et séquestration. L’affaire est transféré a Argenteuil parce que c’est là qu’il vit (???!!). Je reçois une lettre me disant de me présenter au commissariat. Et là surpriiiiissse, mon agresseur est la, dans la salle d’attente, (heureusement je n’étais pas venue toute seule), on passe devant le juge pour ce que j’apprends être une confrontation. Je suis en sueur, au bord de l’évanouissement. On nous pose des questions sur ce qui c’est passé, il reconnait en partie les faits mais nie l’agression sexuelle à base de “ça va c’était qu’un baiser” ” c’est comme ça qu’on fait dans mon pays” “si elle est pas contente faut la marier” “elle avait pas l’air contre quand son petit ami l’embrassait dans la salle d’attente”… seule réponse de la juge “on est en France ici monsieur” ok…. Et elle me demande, en présence de mon agresseur bien sûr, si je veux toujours porter plainte, sachant que c’est ma parole contre la sienne, que c’était il y a longtemps, qu’il vaut mieux abandonner parce qu’il n’y aura pas de suite,… évidemment j’ai laissé tombé! En sortant, il m’attendait dans le couloir…je suis passée en trombe rejoindre mon petit ami. Cette expérience m’a malgré tout servie, j’ai pu revoir mon agresseur et le faire passer du statut de “monstre immonde et inhumain, bon à être tué” à “homme perdu et pervers” qui accessoirement ne méritait pas toute l’importance que je lui donnait dans ma vie. Mais ce n’est pas pour tout le monde pareil,…

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Flora
Flora
6 années plus tôt

Bonjour, vos mots m’ ont beaucoup touchée. effectivement quand on passe à un autre niveau de lecture, on s’aperçoit de la complexité de la situation. la sexualité étant le lieu ou s’exprime ce qui est de plus intime en soi. ayant été maltraitée bien petite par ma famille, j’ai enchaîné des relations toxiques avec des hommes. Je suis à ce jour en reconstruction et je me dis que finalement j’ai été mon propre bourreau..comme si je devais me punir jusqu’à ce que je comprenne que je dois me respecter moi même et ne pas attendre de qui que se soit cela. Les relations entre les être humains répondent à une loi d’attraction. L’épreuve intérieure est difficile, mais incontournable pour passer à autre chose. Certes, il ne s’agit pas de renverser la responsabilité, l’agresseur reste le responsable et quand on y pense il à encore plus de chemin à faire pour trouver la paix. Je mesure à quel point ces relations toxiques m’ont servi à aller au fond de moi même pour commencer à m’aimer et me respecter, ce qui enfant ne m’a pas été enseigné. Il n’est jamais trop tard.
Merci encore.

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sophie
sophie
6 années plus tôt
Répondre à  Flora

Merci pour ce commentaire, j aimerai vraiment qu’on passe plus de temps a parler de la reconstruction et du chemin intérieur, long et plus complexe que ce que l on pense généralement! En parler c est déjà très bien, mais pas suffisant…
Bon courage à vous, à nous, vous êtes sur la bonne voie!

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