Je vais vous raconter mon histoire. Je m’en souviens comme si c’était hier. 1982. J’ai 12 ans. Je pars en colonie de vacances. Je suis joyeuse. La semaine s’est super bien passée. Les moniteurs ont été sympas. Il y a eu des « boums », des soirées à thème. C’était génial ! Je me suis faite plein de copines. Pour gagner une journée de vacances supplémentaire, le voyage retour se déroule, de nuit, en train. Il doit être 1 heure du matin. On est tous endormi. Je sens une main me caresser les cheveux, le corps et une bouche se colle à mon visage et m’embrasse. Ça me réveille. C’est un de nos moniteurs. La trentaine. Je crois que je suis en train de rêver. Chut, me dit-il. Ma belle princesse. Tu es si mignonne. J’ai juste envie de t’embrasser. Je lui réponds que je ne veux pas et je le repousse. Il insiste beaucoup. J’ai très peur. Il est en train d’abuser de moi. J’ai 12 ans, je n’ai rien demandé. Je lui demande d’arrêter une fois de plus et de me laisser tranquille. Il essaie de me rassurer, me prend les mains, me caresse encore, mon visage. Je n’arrive plus à bouger. Qu’est ce que je dois faire ? Ça dure un moment. Puis, je me mets, soudain, à crier. L’instinct de survie, sans doute. Arrête. Je ne veux pas. Un moniteur se réveille. Que se passe t -il ? Rien. C’est Anaïs. Elle a du faire un cauchemar. Je me mets à pleurer. Je tremble. Je vais rester près d’elle un moment dit-il. J’ai peur. Très peur. Puis, il décide d’aller rejoindre le groupe de moniteurs au fond du wagon. Avant de partir, il me rassure, me dit que tout va bien, qu’il ne faut pas s’inquiéter, que ce n’est pas grave. Je pense qu’il a réalisé ce qu’il a fait. Il me sourit et me glisse à l’oreille. Tu verras, ma belle princesse, tu apprendras tout ça un jour. Mais, ça, ce sera notre secret. Et, il me fait une bise sur la joue. Ses paroles résonnent encore dans ma tête. Je n’ai jamais pu oublié cette histoire. Elle est enfouie en moi. C’est pourquoi, comme beaucoup de personnes, je me confie aujourd’hui.
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