Un mec normal

Je rencontre un mec au sport, étudiant comme moi, semble adorable et sensibilisé au féminisme, beaucoup de points communs, etc… on se plaît beaucoup, on s’en rend compte rapidement. Je lui annonce alors très clairement que je ne suis pas dispo pour être autre chose qu’être potes, en lui expliquant texto que j’ai à ce moment de grosses difficultés traumatiques liées au couple et à la sexualité, que j’essaie de surmonter avec une prise en charge psychologique. Il me dit pas de souci, qu’il comprend, mais qu’on peut être amis, c’est chouette ! On continue de faire connaissance, il m’invite chez lui à jouer à la console en soulignant qu’il a bien compris que ça ne serait que cela, j’y vais en me disant que je suis contente de m’être fait un pote. Et en effet on se marre bien, on y reste jusqu’à tard. L’heure passe et il n’y a plus de bus, plus de train. Je ne peux pas rentrer chez moi. On finit par aller se coucher, il a un grand lit. Je me mets sur le côté opposé à lui, bien au bord du lit, et je lui tourne le dos, pour être sûre qu’il n’y a pas d’ambiguïté. Lui « évidemment » se tourne vers moi, se rapproche, commence à me caresser le dos. Je n’y réponds pas, je me tends, je me rétracte. Je me dis qu’il va comprendre et arrêter. Il insiste, il vient me faire des bisous dans le cou. Je commence à flipper, je tremble, je me recroqueville de plus en plus, presque en boule. Il me semble pourtant que le message est clair, surtout avec ce que je lui ai déjà expliqué, mais il ne s’arrête pas. En même temps je me demande ce qui m’a pris de venir. Je suis sidérée par la peur et je réalise que je suis coincée ici, je ne peux pas partir et rentrer chez moi. Il se fait de plus en plus entreprenant et je me dis qu’il va finir par me violer quoi qu’il arrive, alors je finis par me jeter dans ses bras et rentrer dans son jeu, dans une manière de me protéger de la violence. Il a dû croire que je disais « non » mais que je pensais « oui », comme on dit… Mais évidemment je ne suis pas réellement d’accord et les angoisses que je cherchais à traiter ressurgissent, quand il commence à vouloir passer en dessous de la ceinture je me mets à trembler violemment, à secouer la tête en murmurant « non non non non » frénétiquement… ce qui finit par l’arrêter. Du coup, il me demande si j’ai déjà pensé que j’étais peut-être schizophrène, au vu de mon comportement, signalant bien que je suis anormale.
Cet acte forcé marqua le début de notre relation, puisque j’avais accepté de l’embrasser etc nous étions donc officiellement ensemble… et moi je ne réalisais pas encore le caractère abusif ce qui s’était passé, je gardais en tête que c’était moi qui avais un problème avec la sexualité, pas lui, et que si je ne faisais pas d’effort, je finirais ma vie toute seule. Après que je lui ai réexpliqué mes difficultés, dit que j’ai besoin de temps et demandé de ne pas me toucher à l’entrejambe car cela réactivait mes angoisses, il réessaiera quand même de le faire (déclenchant en effet des crises de panique…). Quand je lui demande pourquoi, il me dit « je me fais ma propre idée, je pense que tu n’es pas la mieux placée pour savoir ce qui se passe dans ta tête ». …
J’eus bien sûr le droit à des « tu n’as qu’à te détendre », « tu es juste coincée », « autiste », « frigide », « lesbienne refoulée »… « pourquoi tu viens si c’est pas pour ça ? » ne tenant donc aucun compte de tout ce que je lui disais.
Il finit par me quitter au bout de 5 jours de relation car il ne pouvait pas supporter de ne pas pouvoir coucher avec moi pendant tout ce temps…
Tellement fragilisée à l’époque, c’est seulement après coup que j’ai compris que je n’aurais jamais dû poursuivre la relation avec lui après ce qui s’était passé la première nuit. Encore aujourd’hui j’hésite à poster ce témoignage de peur qu’on me dise que je l’ai bien cherché en allant chez lui, en dormant chez lui, en restant avec lui. Mais au fond je sais qu’il n’aurait pas dû.

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3 Commentaires

  1. marine

    Tu as bien fait de poster ton histoire, elle nous montre en quoi la sexualité n’est pas un jeu, et le cercle vicieux de la violence. Tu as été victime et détruit, tu ne sais plus qui tu es et comment t’accorder ou faire en sorte que les autres t’accordent du respect, et pour les bourreaux, (les violeurs comme le petit crétin dont tu parles), y a plus qu’à se servir.

  2. gael

    Quelle idée de se mettre au lit avec un garçon quand on n’en a pas envie.

    Il fallait tout simplement appeler un taxi pour rentrer.

    En toute franchise, comment veux-tu faire croire que tu es agressée sexuellement si tu es dans son lit…

    Si lui, il était dans ton lit, ou plutôt dans un endroit où généralement il n’y a pas de relations sexuelles alors, dans cet environnement différent, il n’y aurait aucun doute pour faire passer ton message.

    Quelque soit ta bonne foi, ta position est difficilement défendable. Une fois dans son lit, c’est ta parole contre la sienne et en plus, en y étant allée sans contrainte…

    La prochaine fois soit plus prudente…

    Sache aussi qu’en général, les hommes ont des besoins sexuels nettement plus pressants que ceux des femmes et aussi une ardeur beaucoup plus grande. Sache aussi que leur vieillissement sexuel est aussi beaucoup plus lent que celui des femmes. Un homme n’a pas de ménopause et peut engendrer jusqu’à sa mort… Apprends donc à voir les hommes comme ils sont et non comme tu voudrais qu’ils soient à tes yeux…

  3. Flora

    Bonjour, je me permet de vous dire qu’il est fondamental , pour vous qui êtes en travail psy sur vous même, d’éviter de vous mettre en danger. Les hommes en général sont assez basiques: si tu accepte d’aller au resto, d’aller boire un verre ou pire de passer une « soirée » dans son appart en « ami » pour eux cela signifie que tu veux coucher!! j’ai mis du temps a comprendre! la notion de »pote » avec une fille n’existe pas. Les codes ne sont pas les mêmes. Effectivement, après tu te positionne en victime, et il y a du bénéfice à cela.
    En toute amitié, réfléchis, travaille sur toi et ne te t’angoisse pas avec l’idée de finir seule!

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