« Tu viens, on va dans mon bureau ? »
Pendant deux ans et demi, il a soufflé le chaud et le froid. Nous étions collègues dans le même groupe politique. Lui, à un poste plus élevé que le mien était adjoint au maire, et moi conseillère municipale déléguée. Dès le départ, il a été dans la séduction avec moi, me faisant des compliments, toujours sur le physique. Et puis des réflexions ambiguës, comme celle à un collègue : « N’ouvre pas la fenêtre, ça va la dissuader d’enlever son pull ! » Il me regardait avec du désir dans les yeux, sans chercher à le dissimuler. A côté de cela, il me mettait des bâtons dans les roues, dans mon travail. Je pilotais une réunion dans le champ de ma délégation et il y participait. Presque systématiquement, il exprimait des désaccords sur les projets présentés, bloquant de ce fait leur validation. Au bout de deux ans et demi, il a été remplacé par un autre collègue, qui lui m’a soutenue et le changement a été radical : les projets ont enfin pu être validés et aboutir. Il me dénigrait aussi à demi-mots, devant des agents municipaux, remettant en cause mes compétences. J’étais perdue, dans un état de confusion : comment comprendre que lui, qui était si « gentil » avec moi habituellement, sapait consciencieusement mon travail dès qu’il s’agissait de ma délégation ? Je trouvais son comportement imprévisible et arbitraire, j’avais peur de lui.
Et puis un jour, alors que nous étions seuls tous les deux dans un couloir de la mairie, il m’a dit : « Tu viens, on va dans mon bureau ? » Surprise, je m’apprêtais à répondre par la négative, quand il m’a devancé. « Je plaisantais. », a-t-il ajouté.
J’étais incrédule : Venait-il bien de me proposer un rapport sexuel, de manière aussi abrupte , aussi peu respectueuse? Je me sentais humiliée…et très seule. Alors j’en ai parlé à mon supérieur hiérarchique. Ce dernier a eu un sourire gêné. « Il devrait savoir que tu n’es pas le genre de fille à accepter ces propositions-là. », a-t-il commenté, comme pour lui-même. (Y a-t-il donc un « genre de fille » qui accepte cela ?) Puis il a ajouté : « Ce qui s’est passé est embêtant, ça ne doit pas se savoir. Je lui parlerai. Toi, n’en parle pas à notre cheffe, cela la mettrait vraiment trop en colère. »
Mon supérieur hiérarchique, en qui j’avais pleinement confiance, a donc fait le choix de protéger ce collègue. Et moi je me suis retrouvée seule, à devoir faire comme si de rien n’était et à serrer les dents.
Chère Anonyme,
Si vous voulez savoir comment sont fabriqués, conditionnés les hommes, en particulier dans le milieu politique, je vous invite à lire l’article dont je parle en commentaire dans le témoignage précédent. Vous allez comprendre que rien n’est près de changer et qu’il vaut mieux fuir les hommes de pouvoir, s’en méfier énormément ou alors ne pas du tout se faire d’illusions à leur sujet. Je précise que je suis un être humain hétérosexuel de sexe masculin, mais pas un vrai homme, au sens où tout le monde l’entend.
Chère Anonyme,
Pourquoi ne pas en avoir parlé à la chef de votre responsable hiérarchique ? Qu’est-ce qui vous a retenue ?
Qui vous dit qu’il ne recommencera pas ?
Serrer les dents et se taire, cela engendre des frustrations ! Attention au Burn Out ou à votre santé qui va s’en trouver altérée.