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Survivre à tout prix, mais quel est le prix en fait ?

Comme beaucoup ici, j’ai croisé la route d’hommes mal intentionnés. Parmi les diverses agressions à caractère sexuel subies, 3 resteront gravées à jamais.

La 1ère fois, j’avais 17 ans. J’ai flirté avec un garçon puis alors qu’il plus, je me suis refusée. A plusieurs reprises. Les circonstances étaient telles que nous devions dormir dans le même lit. Au petit matin, je me réveille : son corps est sur moi. Je le repoussé (faiblement certes), pour finalement le laisser me violer. Je n’ai jamais porté plainte.

La seconde fois, j’ai 28 ans je rentrais avec le dernier bus de nuit, je m’y assoupi. Un homme me réveille en me pinçant les seins. Je quitte le véhicule, outrée par ses agissements. L’homme me suit. Il veut venir chez moi. Malgré l’indifférence de mon quartier à mes cris de détresse, j’aurai cette chance de croiser une patrouille de police. Ils me sécurisent et interpellent l’individu. J’embauche quelques heures plus tard : je ne porte pas plainte. J’irai le lendemain poser une main courante et j’obtiens des informations confidentielles sur son identité. Je n’oublierai jamais son nom.
Je sombre lentement dans la dépression. Situation classique : peu de gens m’entourent, pour la plupart j’ai qu’à me démerder. Je finis par retrouver le gout à la vie. Je ne veux pas sombrer dans la parano alors je m’autorise à vivre. Grave erreur.

J’ai 29 ans, je rencontre un homme dans le métro, il ne me drague pas ou avec une subtilité telle qu’il passe mon filtre anti-relou. On discute, il est intéressant, j’accepte de le revoir. Je précise mon intention d’entamer une relation exclusivement amicale, il accepte sans ciller : ça tombe sous le sens. La soirée était vraiment extra. Je bois (trop), et lorsque vient l’heure de partir, plus de métro. Je peux rentrer en bus, mais -stupide que je suis- me remémorant mon agression nocturne et rassurée en sa compagnie, j’accepte son invitation à rester. Il tentera de me draguer en fin de soirée, je le repousse, il insiste pas, je m’endors quelques heures.
Puis l’horreur. Je me réveille, brutalement, j’ai très mal. Il m’étrangle avec son bras. Je tente de résister mais sentant la mort venir j’arrête de me débattre (je m’urine dessus, je vois en flash des êtres chers, et j’ai des flatulences, je sais que la suite c’est se déféquer dessus puis cesser de respirer).
Alors je pars, ailleurs, le plus loin possible, lui fait son affaire.
Je porterai plainte, poussée par une amie. J’ai fait 3 commissariats, donc 3 dépositions, puis une visite à l’institut médico-légal. C’était le jour même, je portais toujours mon pantalon couvert de pisse, ça a duré près de 10h. Après ça, au début je continue ma vie, dans le déni “c’est un mauvais rêves”. Je garde ma joie de vivre, je sors beaucoup, objectif : pro-fi-ter. Je suis une survivante. J’ai de la chance me dis-je. Je suis très (trop) entourée, vu la procédure engagée j’ai décidé d’en parler à mes proches et même à d’autres, je ne veux pas en faire un tabou. Puis je pars un mois en voyage. A mon retour, quasi plus personne. J’ai connu beaucoup de déconvenues vis à vis de mon entourage en l’espace d’une année. Mes deux amies “fidèles” ne le sont plus. Je me fâche avec ma famille, je ne veux pus avoir affaire à eux. J’ai travaillé un peu, j’ai essayé de donner le change, de faire marcher la machine. Mais quoique je fasse, ce traumatisme, bien plus ancré que les précédents, je le revis quotidiennement, et j’y arrive pas, c’est top dur. Je tombe amoureuse mais je fous en l’air la relation. Je suis pas très assidue, que ce soit pour m”occuper de moi, pour mener à bien mes projets, pour retrouver une situation”table”, c’est à dire pas SDF, pas ruinée, pas isolée.

Contrairement à beaucoup, mon denier agresseur a complètement admis ses actes. J’ai cette “chance”. Pourtant, il a été condamné, il a eu presque la peine maximale pour un délit requalifié au pénal (6 ans pour agressions sexuelles avec violence) mais je pense qu’il est sorti au bout de trois ans.

Le plus pénible, c’est l’indifférence. Celle de mon entourage proche. Leurs mots prononcés innocemment (“tu l’as pas un peu cherché?” “comment tu peux recoucher juste après?” “va voir un psy” “t’es en boucle, change de disque”).

Despentes écrivait “Je suis furieuse contre une société qui m’a éduquée sans jamais m’apprendre à blesser un homme s’il m’écarte les cuisses de force, alors que cette même société m’a inculqué l’idée que c’était un crime dont je ne devais jamais me remettre”.
Je suis tout autant furieuse contre cette société qui laisse sur le carreau les victimes de traumatismes, supputant qu’on s’auto-guérira, ou sinon … tant pis pour eux ? Quand c’est pas bien fait pour eux…

J’ai un peu plus de 30 ans, et je vois pas de voie de rémission. J’ai plus de projets, perdu foi en l’Humanité. Ou presque, car je garde un soupçon d’espoir. Heureusement, malgré toutes ces déconvenues, quelques individus m’ont soutenue, ce de façon indéfectible. Grâce à eux, j’arrive à occulter ces pulsions de mort qui m’envahissent. Mais je sais pas trop combien de temps je tiendrai… Il n’y a pas un jour où je ne regrette pas d’avoir formulé cette plainte auprès des instances judiciaires, car au moins en me terrant dans le silence, mon traumatisme serait aujourd’hui bien plus acceptable.

C’est vrai que je vois pas de psy, mais j’ai pas la force de rouvrir les plaies et d’endurer seule ce truc, et aussi de faire peser aux rares proches qu’il me reste la charge de m’épauler dans cette démarche. Bref, je suis brisée, lessivée. On m’a d’avantage violée en m’imputant des attittudes, des devoirs lesquels j’aurais du en tant que victime observer.

Je clos ce billet, merci de l’avoir lu, de me laisser m’exprimer ici, pardon du côté décousu, de la longueur et du pessimisme t il est empreint.
Surtout, courage à toutes celles et tout ceux qui croisent le chemin d’individus dangereux et gardent en eux les stigmates de ces rencontres.

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psionic
4 années plus tôt

Chère anonyme, vous posez une bonne question, survivre à tout prix mais quel en est le prix ? Le violeur veut votre mort, donc le prix c’est la vie. Mais survivre n’est pas vivre, Là est toute la différence.

Votre témoignage est bouleversant, et pour nous qui tentons d’aider les victimes ici depuis deux ans, tous les pires aspects de l’atteinte à votre humanité s’y retrouvent. Je ne veux pas m’attarder sur les détails du dernier qui est particulièrement atroce.

Pour connaître un peu la souffrance psychique féminine, la réaction de votre entourage reflète la terrible banalité de la connerie qui fait celle du mal. Inutile de s’attarder sur ceux-ci, heureusement qu’il reste les autres, ceux qui ont de l’empathie pour votre souffrance et votre état psychique et émotionnel.

Venons-en à cela car c’est là que se trouve la solution de l’équation qui détermine le prix.

Vous avez raison, le pire c’est l’absence totale de considération pour la douleur psychique qui n’est qu’une modalité dans les systèmes informatiques de la machinerie administrative de la sécurité sociale et du système de santé. Ce qui fait que les personnes livrées à elles-mêmes finissent dans les cmps. Mais ces centres sont nécessaires et leur existence utile même c’est très inégal en raison de l’état d’abandon de la psychiatrie en France. Le pire c’est pour les enfants, il y a encore moins de pédopsychiatres. En région parisienne les enfants doivent attendre deux ans avant d’être soignés et tous les pédopsychiatres sont proches du burnout.

Je connais assez bien pour l’avoir vu les ravages psychiques du harcèlement, notamment dans le monde du travail première cause de destruction des âmes par la gestion de la terreur. Je connais les conséquences des traumatismes psychiques sur la sécurité matérielle des femmes. Elles sont dévastatrices. Je le sais trop bien, vraiment trop bien. Les effets sont similaires aux traumatismes liés au viol, dans les deux cas il y a piratage de l’âme des victimes par les prédateurs et leurs agents.

Tout comme la justice est sinistrée, la psychiatrie l’est aussi mais pourtant, des personnes très bien s’y démènent pour leurs patients dans des conditions plus qu’indécentes tant pour eux que pour leurs patients. A côté de cela, il y a les réseaux associatifs d’aides aux victimes.

Je pense que vous vous imposez une douleur psychique inouïe en n’allant pas vers le système de soin. On ne guérit jamais vraiment de ce type de traumatisme mais on peut en atténuer les effets considérablement par un bon suivi et de bons traitements.

Ne vous y trompez pas, je ne vous juge pas, personne d’entre nous ne le fera, et dès que nous voyons une réaction qui culpabilise les victimes nous la faisons virer par l’admin.

Je souhaite juste attirer votre attention sur le fait que vous prenez un bien grand risque vital tout en payant le prix le plus élevé qui soit, celui de la souffrance psychique inouïe.

A titre indicatif, je vous indique les coordonnées d’associations que nous donnons aux victimes:

CFCV – Collectif féministe contre le viol
http://www.cfcv.asso.fr
FNSF – Fédération nationale solidarité femmes
http://www.solidaritefemmes.asso.fr
CNIDFF – Centre national d’information sur les droits des femmes et des familles
http://www.infofemmes.com
MFPF – Mouvement français pour le planning familial
http://www.planning-familial.org
Femmes solidaires
http://www.femmes-solidaires.org
FDFA – Femmes pour le dire Femmes pour agir
http://www.femmespourledire.asso.fr
AVFT -Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail
http://www.avft.org
CLASCHES – Collectif de lutte antisexiste contre le harcèlement sexuel dans l’enseignement supérieur
http://www.clasches.fr
Site de prévention des mariages forcés du réseau MFPF
http://www.mariageforce.fr
Fédération nationale GAMS
http://www.federationgams.org

Association d’aide aux victimes

INAVEM : Fédération nationale des associations d’aide aux victimes
http://www.inavem.org
Stop violences sexuelles

http://www.stopauxviolencessexuelles.com

http://www.resonantes.fr/

l’Association Vivre Soleil Renaître est une aide aux victimes de l’inceste, de viol extra-familial, d’agressions sexuelles, …

http://www.vivresoleilrenaitre.org/

Réseau France victimes

http://www.france-victimes.fr/

numéro d’urgence: 116 006

Ces associations peuvent vous aider au quotidien, mais surtout entendre votre souffrance et vous orienter vers de bons thérapeutes aptes à vous guider sur un chemin de guérison.

Vous décrivez un état de psychotraumatisme grave, il vous faut des soins adaptés, voici quelques sites en plus des associations:

** site de l’institut de la victimologie vous avez un annuaire des associations de lutte contre le harcèlement dont l’adresse des centres régionaux:
http://www.institutdevictimologie.fr/annuaire.php

** site de Muriel Salmona: mémoire traumatique ; voir son article mémoire traumatique en pdf sur le site
https://www.memoiretraumatique.org/

** indiqué par Céline9: un site très intéressant d’ailleurs
https://www.cyrinne.com/

Vos proches seraient très bienvenus mais vous pouvez faire ce chemin avec ces associations, c’est leur objet, leur raison de vivre: vous aider à retrouver la vôtre.

Pour les deux premiers salopards, vous avez aussi le contact de l’association PARLER.

https://www.associationparler.com/

Je vous le redis chère anonyme, ne payez pas le prix le plus élevé, il existe des mains qui se tendent pour vous aider, elles sont listées ci-dessus. Nous, ici, nous ne sommes que des intermédiaires, des anonymes derrière leurs claviers mais nous sommes là pour vous. C’est vous qui ferez le plus important, le premier pas est toujours le plus dur dans un chemin de guérison. Allez vers la lumière, ne restez pas dans l’ombre.

De tout coeur avec vous.

Affection, courage et soutien.

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Survivor
4 années plus tôt

Merci Psionic. Je suis la témoignante, vous ne pouvez pas savoir à quel point vos mots sont bénéfiques pour ma psychée. J’ai contacté suite à ce témoignage l’association PARLER (pour l’instant sans suite mais j’imagine qu’ils ont du pain sur la planche), je sais que je dois sortir de ce cercle vicieux, mais j’ai la crainte de devoir en permanence exposer pour mon vécu comme cela s’est produit avant, éventuellement d’essuyer les considérations merdiques de certains etc alors que je suis déjà très seule et cassée… Comme je l’ai dit, je regrette énormément d’avoir porté mon affaire en justice vu les répercussions catastrophiques résultantes et le désinteret de la justice pour le cas des victimes.
C’est la procédure, mais l’on m’a demandé après sa demande de libération anticipée si je souhaitais interdire à mon agresseur ou non de prendre contact avec moi. LoL. Ça me semble tellement évident… Puis on m’a demandé mon avis concernant cette libération, me précisant que c’était plus pour la forme qu’autre chose, les établissement pénitenciers étant en effet surchargé et celui-ci faisant montre de bonne conduite. Je doute du bénéfice d’une incarcération pour le cas de mon agresseur, qui aura certainement été violé en retour par ses co-détenus. Ce sont des soins psys et un suivi au vu de sa dangerosité qui seraient à mon sens nécessaires. Pour autant, la Justice étant ce qu’elle est, je me suis opposée à cette demande.

En tout cas, merci pour ce que vous faîtes pour les victimes ici et merci à votre équipe (vous êtes bien membre du staff de BTP?) d’avoir publié ce témoignage. Je vous tiendrais informés selon l’évolution de mes démarches, je me dis que ça peut servir à d’autres.

Bien à vous

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psionic
4 années plus tôt

Chère Survivor, je suis ravi de vous lire et je vous remercie chaleureusement de nous répondre. Comme je l’écris parfois, votre seconde phrase ce vous exprimez vaut pour moi tous les honneur du monde. Vous avez bien fait de contacter l’association PARLER car elle accomplit un travail fantastique depuis sa création. Ne vous inquiétez pas, elle vous répondra très bientôt. C’est souvent d’ailleurs Sandrine Rousseau qui répond en personne. Je ne suis pas membre de l’association mais j’ai orienté de nombreuses victimes et certaines d’entre elles m’ont fait part d’un excellent retour qui les a beaucoup aidées. Je comprends votre réticence à dévoiler votre expérience traumatique si affreuse et dont vous portez les douloureux stigmates à votre âme donc dans votre humanité. Je sais par notre bonne amie Louve que l’association sait très bien accueillir les victimes qui ont des parcours très traumatiques. Les femmes membres de l’association qui vous accueilleront vous permettront de faire toutes ces démarches dans un cadre bienveillant et entre femmes, à votre rythme et selon vos besoins. N’ayez crainte sur ce point tout devrait bien se passer mais je vous comprends parfaitement car c’est toujours très douloureux de devoir raconter des expériences traumatiques dévastatrices avec le risque de voir ressurgir les états émotionnels de ces abominables moments.
Au sein de l’association vous ne subirez aucun jugement ni aucune remarque culpabilisante, blessante ou niant votre souffrance. Bien au contraire, vous serez enfin entre personnes qui ont cette expérience commune et qui se retrouvent pour les partager et s’en sortir collectivement par la parole qui guérit, qui apaise et qui aide à trouver son chemin de guérison. Vous pourrez parler et rencontrer des thérapeutes aptes à comprendre et concernées par votre souffrance, en dehors de tout cadre institutionnel formel.
Je comprends aussi votre dépit en ce qui concerne la justice et son fonctionnement. En effet, la justice française souffre de son étouffement, de ses manquements et de son manque de considération pour les victimes d’autant que certains segments syndicaux ont des positions très discutables sur ce point. Le manque de moyen, la pression pour la gestion des prisons surpeuplées font que les violeurs sont vite relâchés encore une douleur pour les victimes qui elles souffriront toute leur vie. Vous avez raison sur cas. Je dois aussi préciser qu’au sujet de la demande qui vous a été faite elle s’explique en ce que la plupart de dossiers de viols traités par la justice concernent des proches des victimes, dans 80 % des cas je crois. La demande a pu vous paraître saugrenue ou débile mais elle s’explique par la proximité entre auteurs et victimes. Vous avez fait ce qu’il fallait évidemment et vous avez raison sur ce qu’il conviendrait de faire pour cet auteur. Sandrine Rousseau propose d’ailleurs de faire un fichier public des violeurs et agresseurs sexuels dans lequel votre auteur serait inscrit dans l’hypothèse où ce serait adopté. J’ajouterai enfin que dans votre cas et malgré les regrets que vous avez au sujet de cette plainte qui a plutôt ajouté à votre souffrance, vous avez si j’ose dire la chance d’avoir obtenu justice avec une incarcération de l’auteur, ce qui représente d’après les estimations environ 1% des viols commis sur le territoire. Ce sont toutes ces questions que le grenelle des violences aux femmes ont essayé de changer mais comme tout changement d’institutions c’est très long et compliqué.

Pour finir, je ne suis pas membre de l’équipe BTP, je suis juste un des bénévoles concernés par la souffrance des victimes et révolté par la dégradation des relations hommes femmes, l’augmentation de la violence faites aux femmes de puis 20 ans, le demi siècle de regrès qui s’annonce, bref nous sommes un petit groupe qui aidons les victimes en répondant a leurs témoignages. L’administration du site suit mais nous sommes justes quelques volontaires concernées.

Je vous remercie de nous tenir au courant de vos progrès et démarches, et je vous souhaite de trouver votre chemin de guérison afin de sortir de la souffrance psychique, de la blessure de l’âme qui est la pire des souffrances.

Je le répète, de tout coeur avec vous.

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