Ils m’ont violé. Maintenant je peux le dire, je l’ai accepté, intégré peut être pas totalement digéré. Toutes ces histoires ont commencé tôt. Quand j’étais petite fille, quand le garçon te coince pour te montrer comment les grands font l’amour et qu’il se frotte, ça me dégoute, ça me dégoute fort. Il n’était pas beaucoup plus grand que moi mais quand même, il n’avait pas le droit. Je sens encore son odeur, sa peau sèche… j’avais peur, j’étais tétanisé Beurk ! Depuis je vis mal quand les hommes se frottent à moi (même quand je suis d’accord). Je repense aussi à sa sœur, qui voulait qu’on joue à Ken qui viole Barbie, ça me terrifiait…. L’autre jour la psy m’a dit que sans doute il touchait aussi sa sœur… Je n’avais jamais pensé à ça.
Puis il y a eu cette fameuse soirée, cette soirée… J’avais 14 ans, j’ai bu, je n’avais pas l’habitude alors j’ai vomi. Je suis partit m’allongée dans l’herbe plus loin. Ils sont venus à 2, allongé, chacun d’un côté et ils ont commencé à me toucher, ils ont mis leurs mains de porc dans ma culotte. J’ai essayé de les repousser mais j’étais trop affaibli par l’alcool. Ils m’ont pénétré avec leurs doigts dégueulasse, j’ai continué à les repousser et ils ont fini par partir. Ils avaient 2 ans de plus que moi. J’ai longtemps classé cette soirée dans ma tête à « accidents malheureux ». Ben en fait non, ils m’ont violé. Ce qui s’est passé correspond parfaitement à la définition d’un viol.
J’ai aujourd’hui 33 ans, je ne vais pas très bien. Je viens de comprendre aujourd’hui à quel point ces évènements ont marqué ma vie, l’ont changé, on fait de moi une personne vulnérable. Je n’ai jamais réussi à avoir de relation normale avec les hommes, je suis la cible des prédateurs qui ressentent ma faiblesse et mon ambivalence à la violence. Merci la mémoire traumatique. Alors ont ne m’a pas reviolé, mais j’ai été avec des hommes pervers, qui m’ont manipulé, rabaissé, humilié, fait souffrir sans aucune empathie à mon égard. Est-ce que je méritais mieux ? Oui sans aucun doute mais mon cerveau refuse cette idée, en tout cas jusqu’à aujourd’hui.
La thérapie m’aide, la prise de conscience des mécanismes de la mémoire traumatique auront changé ma vie à tout jamais. Comment ai-je pu vivre autant d’année dans le déni, en pilotage automatique, incapable de prendre du recul sur ce qui m’est arrivé. J’avais une telle haine de moi-même, une tellement mauvaise image de moi. Si je n’avais pas rencontré la foi je me serais sans doute suicidée. J’ai vécu des traumatismes, qui se sont enchainé et les conséquences en ont été multiple, sexualité plus que passive, plusieurs IVG, trouble alimentaire hyperphagique, consommation excessive de drogues, achat compulsifs etc…. Les mots m’ont beaucoup manqué, je ne savais pas ce que j’avais ce qui se passait, à certains moment j’imaginait qu’on allait me diagnostiquer une maladie grave que j’avais depuis longtemps qui aurait expliqué tous mes symptômes et bien ma maladie c’est le trauma.
Mais non ! je ne me suiciderais pas, j’ai enfin compris que je ne suis pas une meuf merdique et inadaptée. Je l’ai compris grâce au travail des féministes, grâce à METOO, grâce à ses femmes qui ont la force de parler, de dire stop et de dire non. Merci à toutes les campagnes de prévention, merci à tous les Podcast qui traite de manière honnête la question du viol des femmes. Merci à toute celle qui veulent éduquer.
Notification par e-mail
connecté
0 Commentaires