Nantes, entre Graslin et Place Royale pour celles et ceux qui connaissent, c’est un coin qui « n’est pas censé craindre » même si on est d’accord que cela ne veut rien dire. C’était en septembre 2016, j’avais 20 ans. Oui, je me suis déjà faite siffler, j’ai eu droit aux regards déplacés, aux remarques désagréables…mais jamais aucune agression que j’avais pu vivre jusqu’alors n’était allée aussi loin. Et je me considère comme chanceuse. Je sortais de mon école plus tard que d’habitude ayant besoin de finir un projet, il était quasiment 22h. Je marche, les écouteurs dans les oreilles, il commençait à faire froid donc je portais un gros manteau sombre fermé jusqu’au cou, un jean, chaussures bleues foncé. J’étais chargée de 3 lourds sacs. Je descends donc de cette Place Graslin à la Place Royale pour rentrer chez moi. Je suis fatiguée et j’ai froid. Dans cette rue, 3 hommes débouchent derrière moi. Je les entends parler et je sens surtout qu’ils se rapprochent de moi. Je baisse le son, l’adrénaline monte: je sens que quelque chose ne va pas, tout mon corps me met en alerte. J’arrête ma musique, j’entends enfin ce qu’ils se disent et là effroi: ils organisaient mon viol. Tous les trois planifiaient mon viol, se demandant dans quel coin de rue, à quel moment, qui commencerait. J’étais tétanisée. Complètement tétanisée. Je continuais d’avancer, mon cœur battant à mille à l’heure je me disais que non, ça ne pouvait pas être à mon tour, je ne pouvais pas vivre ça. Personne dans les environs. Crier à l’aide? au feu? il parait que crier au feu est plus efficace…C’est alors que j’entends « Prochaine rue, on la pousse. » Il me restait quelques mètres pour trouver une solution. Quelques mètres et je me faisais violer. C’est là que j’ai réalisé à quel point tout se passe tellement vite dans ces situations. Et puis j’ai reçu un appel téléphonique de mon copain. Il c’était avancé pour venir m’aider à porter mes affaires pour rentrer et se demandait où j’étais. C’est ce qui m’a sauvé.
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