Enlèvement en boite de nuit…
Année 1973, les années hippies, je venais d’avoir 19 ans, suite à la fin de mon premier grand amour, la tristesse habitait mon cœur…Un soir, pour me changer la tête, j’ai décidé de suivre un groupe d’amis en boite de nuit…
Cette boite je la connaissais bien j’y allais régulièrement depuis plusieurs mois, toujours en groupe. Dans cette boite, quelques semaines plus tôt, je m’étais faite draguer par un beau mec, j’avais un peu flirté avec lui, sur quelques slows, mais sans vraie envie car mon chagrin, mes regrets, dominaient tout autre sentiment à cet époque…En pleine danse, une furie a débarquée, revendiquant que je laisse son mec tranquille… Ok, pas de problème, elle pouvait le garder, j’y étais pour rien si son mec draguait dans son dos…Moi perso, un jeune homme à moto, habitait mes pensées, …
Pour comprendre l’impact de ce qui s’est passé plus tard, il est nécessaire d’expliquer le contexte de cet évènement…
Cet amour que j’avais perdu, je croyais que ce serait l’homme de ma vie, le père de mes futurs enfants, et lui aussi le croyait…Persuadée de faire le bon choix, nous avions franchi le pas, c’était la première fois aussi bien pour lui que pour moi… Ce « don réciproque » était pour nous une preuve d’amour, ni lui ni moi n’avions jamais envisagé d’en faire don à n’importe qui…On s’aimait, on voulait vivre ensemble, on faisait déjà nos plans sur la Comète…
Quand sa mère a trouvé les draps de son fils taché du sang de notre premier moment d’amour, elle a compris que loin d’être « l’initiatrice amoureuse » de son fils, comme elle le croyait, j’étais aussi inexpérimentée que lui, elle a senti le « danger »…
Quand son fils est venu lui parler de nos projets, elle y a mis un véto catégorique…Il avait moins de 21 ans, il était donc encore mineur, si il partait elle lui couperait les vivres, ni plus ni moins, fini les études, fini la moto, et la porte de la maison familiale lui serait interdite…Pour parfaire son œuvre de destruction, elle a commencé à répandre des calomnies sur mon compte…C’était facile pour elle, vu qu’on travaillait dans le même établissement, elle en tant qu’infirmière, moi en tant que monitrice-éducatrice…C’était elle qui m’avait présenté son fils à la fête de noël de la boite, je ne comprendrais que plus tard qu’elle avait une idée derrière la tête…
Peu à peu, à mon grand désespoir, il a fait semblant de croire les ragots de sa mère, il s’est mis à me faire des reproches, il a rendu les armes…
J’étais désespérée et je n’étais plus vierge, pour moi à cette époque c’était un vrai drame…Ce garçon que j’aimais ne serait jamais le père de mes enfants, je m’étais trompée en me « donnant » !
Après l’incident de la boite de nuit, je m’étais mise à sortir avec un ami que j’aimais bien, qui me rassurait…J’avais besoin de tendresse venant d’un homme respectueux, qui ne laisserait pas ses mains se balader sur moi…
Et le drame s’est produit, je n ‘ai toujours pas compris comment !
Ce soir là, dans cette boite ou je me sentait en sécurité avec ma petite bande, je dansais en plein milieu de la piste, toujours triste, mais détendue…Cet homme, celui de l’autre fois est arrivé…Il s’est mis à me parler, faisant de grands gestes, mais à cause de la musique, je n‘entendais pas, je ne comprenais pas…Il m’a fait un geste vers la sortie, j’avais pas vraiment envie de sortir dehors avec cet homme, je ne voulais pas d’ennuis avec sa copine belliqueuse…J’ai cherché mes amis des yeux, noyés dans la foule un peu plus loin, cet homme m’a pris fermement par le bras et m’a entraîné vers la sortie de la boite…
Je n’avais qu’une envie m’en débarrasser, je me suis dis que j’allais écouter ce qu’il voulait me dire, lui expliquer que j’étais là avec mon copain et qu’il fallait qu’il me laisse tranquille, …Sauf que je n’ai pas eu le temps…
A peine sur les marches de l’entrée de la boite, une voiture pleine de garçons, s’est garée au ras de l’escalier, et l’homme m’a poussée à l’intérieur, stupéfaite…J’ai à peine eu le temps d’échanger un regard avec un garçon assis sur la banquette arrière, un garçon gentil et doux que j’ai reconnu, avec qui j’avais souvent échangé dans la boite de nuit… Ce garçon honteux a baissé la tête, alors j’ai compris que j’étais vraiment en danger…
La voiture à démarré sur les chapeaux de roues, m’emmenant loin de mes amis, loin de la sécurité fictive de cette boite de nuit…
La voiture s’est retrouvée dans un quartier que je ne connaissais pas dans cette ville, des jardins ouvriers avec des bâtisses en bois délabrées, on m’a débarquée, emmenée dans une de ses maisons…Les garçons de la voiture sont restés dans la pièce principale, l’homme a dit de ne pas faire de bruit, de ne pas réveiller sa grand-mère, c’était surréaliste, ils ont ouvert des bieres, le garçon que je connaissais, gêné, évitait mon regard, je ne pouvais espérer aucun secours de ce côté là …
L’homme m’a emmené dans une chambre, j’ai résisté, je ne voulais pas aller sur le lit, je me suis débattue, atterrée, pour vaincre ma résistance, il m’a dit ;
– « Tu choisis, c’est moi tout seul ou c’est toute la bande, à toi de voir ! »
J’entendais les murmures, les rires « gras » des garçons dans l’autre pièce, j’étais morte de honte, j’ai continué à me débattre, silencieusement, pour ne pas provoquer sa colère et ne pas faire venir les autres…Puis peu à peu, ma résistance a reflué, j’avais si peur que les autres viennent, une petite voix dans ma tête me disait ; « Peut être qu’il tiendra sa promesse, que ce sera juste lui… »
Ma résistance a cédée d’un coup, tétanisée, déconnectée, il a fini par avoir ce qu’il voulait de moi, sur ce lit au fin fond de ce taudis…
Je me disais que c’était ma faute, puisque j’avais dansé avec lui, flirté avec lui…Il a fini par prendre, ce que jamais, je ne lui aurais accordé de mon plein gré…
Il ont fini par me ramener sur le boulevard, pas loin de la boite de nuit, le jour s’était levé, la boite était fermée, mes amis étaient partis….
Je n’avais pas de sac, pas d’argent, j’étais en petite robe courte et chaussures à talons, hébétée, traumatisée, le maquillage dévasté…
Pour rentrer, j’ai du faire du stop…Un chauffeur de camion s’est arrêté, malgré son regard insistant, son sourire libidineux sur mes cuisses, il s’est abstenu de tout commentaire…Tout le trajet j’étais terrorisée, j’avais peur que ça recommence…
Mes amis et ma colocataire m’attendaient à l’appartement, ils m’ont abreuvée de questions, ils m’ont reproché d’être partie sans prévenir, qu’ils m’avaient cherchée partout sans me trouver…Mais qu’ils savaient que j’étais partie avec un mec…
Ben oui quoi, j’étais partie avec un mec…
J’avais partagé avec mon amour ce qu’il y a de plus beau sur terre, et cet homme venu après lui à tout sali, tout détruit….
Quelque temps après, je me mettrais en couple avec un homme qui m’aime, et que j’aime bien…Persuadée qu’aucun autre ne voudra de moi…Que j’ai de la chance, que lui, se fiche pas mal que je sois vierge ou pas…
De cet homme de la boite de nuit, je ne dirais rien, à personne, j’ai bien pesé le « pour » et le «contre»…Ce qu’on pensera, c’est ce que disait le regard libidineux du chauffeur de camion, ce que m’ont dit mes amis… On me diras que je l’ai bien cherché, que j’ai flirté avec cet homme, que ce n’est pas un viol…Peut être même qu’on me diras que j’ai eu de la chance, un beau mec qui aurait pu « partager » et qui ne l’as pas fait !
C’est vrai, quoi, ça aurait pu être toute la bande, il aurait pu être moche…Pas de quoi porter plainte…