Avec ce mouvement j’ai eu moi aussi envie de témoigner, si cela peut aider des personnes qui vivent des situations semblables.
Ça a commencé il y a 7 ans. Cela s’est passé au travail, dans le milieu de la restauration.
Je travaillais en cuisine, c’était mon premier emploi (après les stages de formation). C’était dans un nouveau pays, je venais de m’y installer avec mon conjoint pour une nouvelle aventure. Cela faisait 2 ans que nous étions ensemble.
J’étais jeune (20 ans), et j’ai rapidement pris goût au rythme de restaurant, l’ambiance avec les collègues, les sorties après le travail..
J’avais peu confiance en moi à cet âge, et j’étais une des rares femmes en cuisine.
Un de mes collègues a commencé à me draguer, de manière très “flatteur”. Je ne cherchais pas à aller plus loin, j’étais très bien dans mon couple, cela me donnait surtout plus de confiance en moi.
Sauf que rapidement je me suis laissé embarquer dans ce jeu, et nous avons entamé une liaison (lui aussi été en couple).
Ce n’était rien de sérieux, et au bout d’un mois j’ai voulu arrêter car je sentais que j’allais vers une mauvaise route, je ne voulais pas continuer de tromper mon conjoint. Je me sentais mal.
J’ai donc dit à ce collègue que je voulais arrêter. C’est là que les choses ont commencé à mal tourner.
Il a commencé à me faire du chantage, en me disant qu’il irait tout dire à mon conjoint, que nous avions eu des rapports sexuels, qu’il en rajouterait alors que c’était des mensonges.
Cela a commencé à me stresser, j’ai paniqué. Pour moi c’était une liaison sans importance mais je m’en voulais, je ne voulais pas faire plus de mal à mon conjoint (il se doutait de quelque chose mais rien de plus).
J’ai donc continuer à flirter par peur que cette personne aille dire des choses fausses à mon conjoint.
Ensuite mon conjoint l’a appris. Je lui ai tout dit, lui ai expliqué que je regrettais, que j’arrêtais. Sauf que j’étais pris au piège et je n’arrivais pas à stopper cette liaison. Je continuais contre mon gré. Je me sentais mal mais faisais semblant. Je continuais à mentir à mon conjoint mais n’osais plus me regarder en face. Je perdais complètement confiance en moi.
Un jour j’ai envoyé un message par erreur à mon conjoint, qui étais destiné à ce collègue.
Nouveau clash. Mon conjoint ne me faisait plus confiance, car je continuais malgré que je lui avais dit le contraire. Je lui ai dit que j’étais pris au piège, mais il avait dû mal à me croire. La confiance continuait de diminuer…
Je suis désolée il y a tellement de choses qui me reviennent que j’ai dû mal à tout mettre en ordre. Cela fait quelques années, mais me replonger dans cette histoire n’est pas facile.
Sur les plusieurs mois qui ont suivi, mon collègue est devenu mon supérieur (sous chef), et là c’était la catastrophe. J’avais arrêter de flirter avec lui mais il ne l’acceptait pas, et en profitais pour m’en faire baver au travail, et me traitais différemment des autres. Je me sentais écrasée au travail, pris au piège. Il mélangeait le privé du professionnel.
Cela me rendait tellement malade que je me faisais vomir, je ne mangeais pratiquement plus rien. Comme si je refusais de me nourrir pour me punir. Encore aujourd’hui dans des moments de stress ou de colère il m’arrive de me faire vomir.
J’ai faites aussi de nombreuses crises d’angoisse au travail, ça me pourrissait la vie. Dans ces moments là mon collègue redevenait tout gentil et m’affirmait qu’il ne dirait rien. Pour autant je continuais d’être naïve, alors que j’aurais dû voir qu’il me manipulait. Mais j’étais bloquée.
Mon conjoint a voulu m’aider, et je l’en remercierait jamais assez, car cette situation était très dure à vivre pour lui. Il essayait de me donner à nouveau sa confiance.
Il voulait que je porte plainte et que j’en parle au chef propriétaire. J’avais tellement peur des conséquences que je n’y arrivais pas, et je le décevais du fait de ne pas agir.
J’en ai parlé au chef de cuisine, qui a tenté d’améliorer la situation en nous réunissant. Mais on attaquait seulement la surface du problème, jamais en profondeur.
Je n’ai jamais porté plainte ou été plus loin. Avec le temps j’ai repris un peu confiance (un petit peu), et j’ai réussi à “accepter” une bonne entente avec cette personne pour avancer au travail.
J’ai voulu changer d’endroits à plusieurs reprises mais mon conjoint m’a poussé pour ne pas mettre de côté ma carrière. Qu’il fallait que je sois forte.
Au bout de 3 ans 1/2 cette personne est partie, et j’ai changé moi aussi quelques mois après. Je savais que j’avais besoin d’un nouvel environnement et que j’avais réussi à pousser le plus fort que je pouvais, mais je n’ai pas atteint le niveau que j’aurais pu s’il n’y avait pas eu tout cela.
Ce qui a été dur vers la fin, c’est qu’une partie de moi bouillonnait de colère contre cette personne, contre tout le mal qu’elle m’avait faite. Et j’avais tendance à l’exprimer en étant agressive avec lui au travail (ce qui été une erreur car c’était mon supérieur et il en jouait).
Mais il y avait aussi une partie de moi qui l’appréciait (sans avoir de sentiments plus forts je préfère le préciser). Mon moi plus jeune et naïve qui y voyait peut être un éventuel ami.
J’ai appris à devenir cette personne au travail, pour un meilleur climat. Sur les derniers mois c’est lui qui me demandait la paix, et moi j’étais toujours en colère. Mais on en discutait car d’une certaine manière j’avais été proche de lui. Et c’est aussi ça qui me rendait en colère, comme si je n’avais pas le choix d’être “gentille” avec lui après tout ce qu’il m’avait fait.
Je suis contente de ne pas être partie avant lui, de ne pas avoir “abandonner”, même si affronter le problème différemment aurait peut être aidé.
Cela a été difficile sur beaucoup de choses.
Mon couple, qui a heureusement duré, mais il y a eu des périodes difficiles à traverser. Au début je n’osais même plus aller de l’avant côté intimité avec lui, je n’arrivais pas tellement je me sentais mal et n’ayant plus aucune confiance.
Aussi chaque dispute m’apportait un stress tel que je craignais que l’on se sépare à chaque fois.
Au travail aussi cela a eu des conséquences. Je ne sortais plus avec l’équipe en dehors du travail, j’étais plus isolée. Je n’ai pas créer de vraies amitiés à cause de cela. Même si aujourd’hui j’ai quelques amis dans ce monde, j’ai peu d’entourage de ce côté là.
Peut être aussi aurais je évolué différemment? Je ne regrette pas mon choix d’aujourd’hui et ce que je fais, seulement j’aurais préféré un meilleur début d’expérience, qui aurait pu m’apporté beaucoup plus et aurait pu faire une différence dans mes choix d’aujourd’hui.
Bonjour Mina. Merci de nous mettre en garde. Nous les femmes sommes trop sensibles à la flatterie, mais nous ferions bien de relire plus souvent la fable du Corbeau et du Renard…