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Pression pour avoir des rapports

J’avais posté ici un texte que j’avais écrit peu de temps après ce qui m’était arrivé et un an après, j’ai éprouvé le besoin de coucher toute l’histoire sur le papier. Mais je ne peux le montrer à personne, pourtant il faut que ce soit là, quelque part : alors merci pour ce site.

Je souffre de dyspareunie à une « zone gâchette pelvienne », je viens d’être diagnostiquée. Cela provoque une intense douleur à un seul endroit bien précis : plus il est sollicité, plus la brûlure est insupportable : exactement comme si vous gardiez votre main à plat sur une plaque électrique à température maximale. Même quelques heures après le rapport, la douleur reste toujours.
J’avais mal, une de ces douleurs insupportables, lui hurlais donc de se retirer, quitte à revenir en essayant d’éviter cette zone. Il ne le faisait pas, alors je tente de le repousser et, au lieu de suivre ce mouvement, il m’attrape les poignets et les bloque en serrant de chaque côté de ma tête. Cette douleur s’ajoute et je me rends compte que je ne peux plus bouger et que lui ne s’en va pas, je ne peux rien faire. Alors je panique, les larmes montent et j’arrête de parler et de crier pour me concentrer pour les ravaler : surtout, qu’elles ne se voient pas. Surtout pas la honte. Dans ma tête : « mais, *****, qu’est-ce que tu fais, pourquoi tu fais ça, je ne comprends pas ? ». Mais non. Le silence. Et enfin, agacé : « ok, ok, c’est bon, ça va ». Il s’en va, enfin. Là, mon premier réflexe est de saisir cette opportunité de fuite, me rhabiller le plus vite possible (j’ai soudainement honte d’être nue), le mettre dehors, lui dire que je veux être seule. Je ne veux plus le voir. Puis immédiatement, l’idée qu’il ne comprendra pas, que cela créera une gêne, un vrai problème. « C’est bon, ça va » me donne le sentiment que c’est moi qui suis en faute. Je me convainc que ce n’est rien, que ça ne m’a rien fait. L’effet est quasi immédiat, j’ai comme oublié. Comme.
Plus tard, en août, en vacances, notre chambre est collée à celle de ma mère et de mon oncle, mon cousin de onze ans rentre à n’importe quel moment dans la nôtre. Cela me met mal à l’aise et surtout, je ne suis pas très encline à la pénétration car je me rappelle qu’il ne se retire pas immédiatement en cas de douleur insupportable : or je ne peux pas crier avec ma famille à côté. Et si je ne crie pas, je suis condamnée à subir sans même cette possibilité de défouloir.
Et parfois, je suis juste fatiguée, je n’ai pas envie. Mais il insiste. Une fois. Deux. Trois. Quatre. Dix. Je lui propose d’autres options. Mais il n’arrête pas, il me presse, infiniment. Il a décidé que ça se passerait, il n’arrêtera pas tant que je n’aurai pas capitulé. Je ne veux pas que mon refus le vexe, j’ai le sentiment de lui devoir quelque chose. D’être lourde, de le harceler de refus.
Je veux juste que ça s’arrête. Je dis oui. Ca sera rapide, il me fichera enfin la paix, l’angoisse disparaîtra et je pourrai dormir. Mais cela me le rend antipathique.
Un jour, je ne dis pas oui, j’arrête simplement de dire non, je me tais. Dans la douche, je vois mon corps se relâcher d’épuisement alors que je lui ordonne de résister, de s’opposer, mais il ne m’obéit plus. Les larmes montent. Alors, dans ma tête, je me vois le repousser, et dire : « Non, attends, là ça ne va pas, s’il te plaît, stop ». Je n’en fais rien. Aucun son ne sort de ma bouche. Je suis totalement impuissante et je me laisse faire, résignée.
J’ai ensuite appris à mes dépens que, que le rapport se passe bien ou non (je n’ai pas eu trop de douleurs), la négation du consentement le teinte toujours d’un certain dégoût terrible et fatal. Ma décision de le quitter fut prise à ce moment-là ; tous ses contacts me crispaient, me courrouçaient, je ne pouvais plus imaginer le toucher.
Alors, après du harcèlement par messages et appels, on en a parlé, il s’est excusé et je lui ai pardonné. Mais je ne lui avais pas précisé à quel moment exactement il avait dépassé les bornes pour moi. Il me l’a suggéré de lui-même. Or, mon pardon se basait sur son inexpérience, sur le fait qu’il ne se rendait pas compte, qu’il ne voulait pas me faire de mal. En fait, il savait que ce n’était pas correct, mais son plaisir égoïste l’a emporté.
« Tu disais non, mais c’était comme si ça ne comptait pas et que de toute façon j’allais obtenir ce que je voulais », m’a-t-il dit plus tard. « A ce que je sache tu ne t’es pas débattue. D’ailleurs moi aussi j’étais énervé, donc ça n’a pas grand sens tu vois. » « Tu penses vraiment pouvoir trouver quelqu’un qui fera tout ce que tu lui diras ? »

On étudie, en français, la lettre XXVI des lettres persanes de Montesquieu, d’Uzbek à Roxane.
Et j’y repense soudain.
Ai-je été contrainte ?
Peut-on être contrainte par harcèlement, alors qu’il n’y a pas de violence, alors qu’on finit par céder soi-même par fatigue ? De quel côté se trouve alors la responsabilité ? On se sait incapable de continuer à résister sur le moment car, alors qu’on était résolu à ne pas céder, on n’en trouve absolument plus la force. Parce qu’on ne veut pas blesser, ni avoir honte, créer des problèmes, paraître mal-aimable, violente, chiante… ou se retrouver dans une situation où l’on serait réellement contrainte, au sens de forcée physiquement.
Pourtant, les conséquences psychologiques me paraissent en cohérence avec l’idée qu’il s’agit bien de harcèlement, moins grave qu’un viol. Je ne peux pas me dire réellement traumatisée, mon quotidien n’est pas handicapé par ces événements. Il m’arrive et surtout m’est arrivé de vomir de stress en les évoquant, ou de pleurer en y pensant, mais il s’agissait surtout du résultat d’une colère contre moi-même pour n’avoir pas une volonté suffisante, et contre lui pour avoir mis cette volonté à rude épreuve et avoir introduit en moi ce sentiment d’impuissance, de faiblesse de caractère. Ma rancoeur est dirigée contre lui, mais tout cela ne m’empêche pas de vivre. Ce qui s’est passé affecte davantage mon cerveau logique : je ne comprends pas. Alors je vais faire ce que je fais de mieux et prendre la problématique, le problème logique, à bras le corps. Pourquoi suis-je incapable de me tenir à ce que j’ai décidé et de ne pas accepter que l’on y déroge, lorsqu’il s’agit de mon corps ? Et lui, pourquoi semble-t-il affecté de surdité profonde au moment où une dizaine (sinon des dizaines) de « non » sont prononcés, pourquoi sont-ils insuffisants à le faire reculer, alors qu’il est déjà si difficile, pour certaines personnes dont je suis, de refuser des avances ? Suis-je blâmable de me dire que si dire « non » ne suffit pas, rien ne suffira ?
Pourquoi celui qui était censé m’aimer a semblé n’avoir cure de mon désir ? Pourquoi suis-je quantité négligeable ? Au fond, c’est cela. Je suis vexée. Cet événement renforce mon sentiment de n’avoir aucune valeur, et pour cela, je lui en veux. Mais ça s’arrête là. Le moment en lui-même n’a pas été horrible. Un peu gênant, à la limite. Mais c’est l’avant qui m’a réellement blessée, et même angoissée jusqu’aux larmes – que j’ai cachées. Son harcèlement qui, semblait-il, n’allait s’arrêter que lorsque j’aurais cédé. Il aurait fallu que je crie, que je le tape, m’a-t-il dit. D’abord, la situation où l’on était faisait que ça m’était impossible sans me mettre dans un grand embarras. Ensuite, je me fâchais malgré tout. Et enfin, a-t-on besoin d’en arriver là pour être écoutée ? Ne voit-il pas qu’en venir à la nécessité de recourir à cette réaction violente témoigne du fait qu’il y a déjà un gros problème ?
Voilà, c’est une question de principe. L’acte ne m’a pas traumatisée, mais sa négligence à lui, sa négation, même, m’a profondément offensée.
Je sais que je viens de toucher juste puisque ma gorge se serre et les larmes montent en écrivant ces dernières lignes.
Combien de temps ai-je passé, dans les nuits qui ont suivi (pas tout de suite, car j’avais presque oublié ce qui s’était passé durant deux semaines), à essayer, de toutes mes forces, de changer le passé par la pensée. Comme si cela pouvait vraiment fonctionner, réellement !!!
Est-ce trop demander que le premier « non » suffise ?
Aller, mettons, le deuxième ?
Qui peut croire qu’après deux, trois non ou plus, un oui qui suivrait – ou simplement la cessation du « non », comme ici ! – serait un consentement réel, qui témoignerait d’un vrai désir, ici et maintenant ? Et quel genre de personne n’est pas dérangée par un tel « consentement » arraché par la force d’une réitération infinie de sollicitations ?
Je sais ce que j’aurais dû dire. « Tu te rends compte de ce que tu fais là ? Tu te rends que je te dis non et que tu continues d’insister lourdement ? » « Ca ne va plus être possible longtemps, je te le dis ». J’aurais dû montrer qu’il y avait un problème, le mettre en évidence. Mais moi non plus, je n’avais pas envie de voir qu’il y avait un problème. Moi aussi, je voulais l’effacer et non mettre l’accent dessus.

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Man1
Man1
1 année plus tôt

Salut j’ai lu ton témoignage plusieurs car il m’a beaucoup touché et j’ai ressentie une forme de culpabilité que tu ne devrais pas porté sur tes épaules mais c’est plutôt lui car en couple ou non ce sont des viols, tu as dis non à plusieurs reprises et même si tu n’avais pas dis non tu n’avais pas dis oui, tu avais mal aussi bien physiquement que psychologiquement. Tu n’es pas responsable et c’est dur de se rendre compte de cela alors ne te blâme pas non plus de ne pas réussir à mettre un mot ou bien à ne pas réussir à répondre à tes questions. La violence peut être psychologique comme physique. Ça reste un viol même sans violence car un viol peut se dérouler avec de la manipulation, c’est son harcèlement, sa pression et son instance qui ont provoqué cette sensation d’être exténué de ne plus pouvoir gérer cette situation. Tu n’es pas seule et si un jour tu as l’envie essaye de te diriger vers quelqu’un pour parler ou bien travailler sur cela car même si ça ne t’empêche pas de vivre pour accomplir les tâches du quotidien, c’est quelque chose qui t’a marqué et qui continue à pesé sur toi.

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