« Victims on the run
Un jour l’explosion
La vérité barbare qui bascule dans ma vie
Les murs qui s’écroulent
Les torrents de larmes
Appeler hurler laver
Essayer d’effacer
S’endormir dans le coma lent de la douleur
Se réveiller les cheveux blanchis le cœur en lambeaux
J’ai cent ans mon âme n’est plus que cendres
Et le combat ne fait que commencer
La douleur bâillonnée jour après jour
Pour mieux avancer
Les nuits à se réveiller le visage mouillé de larmes
Fontaine de douleur muette
Mon cri tourné vers Dieu
Questionnement sans réponse
Les pleurs qui défigurent
Qui creusent pour toujours
Les sillons de mon histoire
Comme un livre ouvert dans la tempête
Et viennent les heures de lutte
Les jours de descente aux enfers
Les portes qui doivent s’ouvrir
Si l’on veut survivre
Les mains qui doivent se tendre
Pour continuer d’avancer
Perdre son image
Tout perdre
Qu’importe
Tu n’as plus que ton courage
Ta vaillance ta dignité
Appeler à l’aide
Mille fois encore et encore
Dire redire redire toujours
Pour qu’on m’entende
Pour qu’on sache
Pour qu’on croie
Pour qu’on protège
Pour qu’on punisse aussi
Et fuir pour protéger
L’essentiel
La Vie
On the run
Fuir loin
Aussi loin que possible
A l’étranger
Au-delà des frontières
Attendre survivre se battre travailler aider
Aider à sourire quand c’est possible
Aider à comprendre l’impossible
Aider avec les accoucheurs de l’âme
Aider à oublier le drame
Attendre encore aider encore
Prier lever ses yeux vers les étoiles
Guide-moi
J’accepte le chemin
Donne-moi la force de protéger
De rester juste
Aide-moi
Puis repartir au front
L’âme en peine
Le cœur défiguré
Dire redire et répondre
Aux questions interrogatoires expertises
Aux nouvelles questions
Nouveaux interrogatoires
Nouvelles expertises
Épreuves sans fin
Contre expertises
Bombardement de lettres
De notes de rapports d’analyses
L’autre partie te diabolise
Procès-verbaux topos témoignages
Récit sordide répété mille fois
Je n’ai plus d’âge
J’ai cent ans
Il faut être vaillant
Les soldats le sont
On the run
Tu es un pilier un bouclier
Tu protégeras
Il suffit d’avoir la force le courage
Le temps t’aidera
Avance même si la route est obscure
Tiens bon
Ne t’inquiète pas
De tes insomnies des semaines et des mois
De ta honte quand personne ne te croit
De l’attente de l’incertitude compagnons de voyage
L’horizon le ciel comme seul paysage
Regarde au loin devant toi
Crois
Et puis l’heure de délivrance
Des années plus tard
Quand tu as cessé d’être ce que tu étais un jour
Quand tu n’es plus que cette histoire
Quand ton courage t’aura rendu solitaire
L’heure de délivrance
Enfin
Ils ont dit que c’était vrai
Que c’était mal
Ils ont compris jugé puni
Tu peux recommencer à vivre
A fonctionner
Tu diras oui ça va
Quelle chance dans ma malchance
Merci pour votre aide
Mille et mille fois encore
Mais tes yeux se sont creusés
Ton regard s’est éloigné
Ton corps harassé par tant d’effort
Par tant de lutte
S’est doucement affaissé
Tu es devenu l’ombre de toi-même
Naufragé de l’innocence
Tu sais à présent et pour toujours
Ce qui se trouve de l’autre côté du miroir
Au-delà de ton sourire
Ton doux sourire triste
Qui tait ce que l’Autre ne peut comprendre
De l’autre côté du miroir
L’innommable
Le mal nommé
Le Mal personnifié
L’immonde animal
L’anima menaçant
Le chacal souriant
Le pédophile et sa pantalonnade grotesque
Son obstination érotico-bouffonne
Sa déjante cynique et hideuse
Qui m’accompagnera jusqu’au bout
Au bout de mes souvenirs
De fuite d’horreur d’humiliation
Jusqu’à mon dernier souffle
On the run
Présence de la caresse immonde
Du pédophile
A vomir indéfiniment
Je dédie ce texte à toutes les victimes de pédophilie
Pour qu’elles osent parler
Pour qu’elles osent se battre
Pour qu’elles osent reprendre goût à la vie »