LETTRE A MES FILLES
Je ne prends pas l’initiative de parler de ce qui met arrivé il y a prêt de 40 ans que pour faire justice mais pour libérer une voix qui n’arrive pas à s’exprimer tant la douleur est forte.
J’ai pensé que les années allées comme pour beaucoup de choses mauvaises de mon enfant effacer cette horreur de ma tête, de mes pensées.
Je ne sais pas si je suis la seule victime de cet homme mais je ne pense pas que ça soit le cas.
Trop facile de s’en prendre à une petite fille.
Nous étions en week-end chez ma tante Odette, dans sa maison de campagne. Il y avait mes cousins et cousines. Ma tante m’avait installée dans la chambre de ma cousine Christiane et de son mari Jacques. La chambre se située au 1er étage. Elle était grande. Il y avait 2 lits. Un grand au milieu de la pièce et un autre contre le mur coté porte. Le couple avait pris le grand lit et moi l’autre. Je ne sais pas pourquoi je n’avais pas été mise avec mes parents peut-être parce que les autres chambres n’avaient qu’un lit ??? Le soir, après avoir mangés, mes parents avaient décidé de jouer à la belote avec mes cousins, cousines, mon oncle et ma tante.
La petite fille sage que j’étais devait aller se coucher. Au départ, j’étais seul dans la chambre.
Quand le cousin Jacques est venu se coucher. Au début, il s’était mis dans le grand lit. Mais à un moment il est venu dans le mien. Ta peau est douce elle est très douce : a-t-il répété, pendant qu’il me caressait.
Le mur que je regardais m’avait enfermé dans le plus terrible des cauchemars. Je ne comprenais pas ce qui se passait.
Je n’ai aucune idée du temps que ça duré. A un moment donné, j’ai prétexté que j’avais soif pour sortir de ce lit et de cette chambre.
Je n’ai rien pu dire à mes parents. J’ai enfoui ce dégoût tout au fond de mon âme sans me rendre compte du mal que savait engendrer.
Détruite. La petite fille rieuse et rêveuse était morte.
On ne peut pas aimer le plus aimant des hommes sans penser quand il vous caresse qu’un autre vous a brisé votre âme d’enfant, par ses caresses et ses paroles.
Ceux qui sont, pour une femme, des moments de tendresse et l’expression de l’amour, ont été pour moi que dégoût.
Je veux aujourd’hui comprendre pourquoi moi et surtout savoir si d’autres petites filles ont subi elles aussi le même sort.
Nous n’aurons pas de réponse à nos questions … Et nous portons ce fardeau de la culpabilité en étant victimes. La douleur est sournoise elle se tait et en rien de temps remonte à la surface, le cardio s’emballe et les larmes montent.
Mes craintes ne s’apaiseront qu’à sa mort, mais les douleurs resteront pour toutes ses victimes …
merci d’avoir parlé même longtemps après, nous sommes si nombreuses et pourtant peu osent témoigner même anonymement