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Nouvel an

Je ne sais pas par où commencer. J’ai tellement de choses sur le coeur : un mélange de peine pour l’ado que j’étais qui n’avait pas à vivre ça et de colère contre toi et cette société de domination (encore malheureusement) masculine.

J’aimerais que tu saches tout et en même temps, je n’ai pas le courage pour une confrontation où tu essayerais de m’imposer ta version, de me décrédibiliser et où je prendrais le risque de me retrouver à nouveau dans un scandale où chacun porte son jugement, m’humilie et me rabaisse.

Cette soirée, c’était mon premier ou deuxième nouvel an entre « amis », sans la famille. J’avais 15 ans, j’étais en 9ème année du cycle. Je me souviens de presque rien de cette soirée. Je sais qu’on n’était que trois filles, mais je ne me souviens même pas des garçons présents. Je me souviens tellement peu de ce qu’il s’est passé pendant et après cet événement que j’ai peur qu’on ne donne pas de crédit à mon récit, à cette blessure et que tu nies ce qu’il s’est passé et que ceux qui ont été témoin me traitent de menteuse. Ce qui m’énerve…Oui, on avait trop bu, mais ça n’est pas une raison pour minimiser cet abus que j’ai vécu. Et si j’ai pu donner l’impression d’aller bien les mois qui ont suivi, c’est parce que j’essayais de sauver mon image que tu as salie et qui a été souillée.

Je ne me souviens pas de la façon dont ça a commencé. Ce dont je me rappelle, c’est d’être enfermée dans des toilettes avec toi qui me dis que tu me laisseras sortir que si je te touche. Je me rappelle ne pas vouloir. Je me rappelle avoir manifesté mon refus, avoir dit non. Et je me souviens aussi que tu étais insistant. Tu as tellement insisté à chaque fois. Et à chaque étape, après un moment, je finissais par céder. Je ne sais pas comment on est passé de ces toilettes à la chambre. Je sais juste que c’est allé crescendo, une demande en entraînant une autre. Je revois vaguement des scènes floues où je fais des choses sans aucun plaisir juste pour que tu me laisses tranquille, parce que je me sentais obligée. Je sais qu’il n’a pas été violent, je sais que je n’ai pas non plus crié, mais il était aussi clair que je ne voulais pas. Je le répète mais c’est parce que c’est important : je te disais que je n’avais pas envie de faire ce que tu me demandais. D’ailleurs, tu devais me demander, essuyer des refus et insister jusqu’à ce que je me dise que c’était la seule solution pour que tout ça s’arrête. Tu ne m’a pas laissé le choix. J’ai réussi à te tenir tenir uniquement lorsqu’il s’est agit de ne pas coucher avec toi. Tu m’a tout fait et tout fait faire, sauf me faire perdre ma virginité. J’ai pas lâché. Je ne sais pas comment, mais je sais pourquoi : le premier, donc le jour suivant, mon premier amour qui habitais à Paris venait me rejoindre à Genève pour une semaine.

Pourquoi est-ce que j’aurais voulu être avec un autre garçon la veille alors que j’attendais ce mec dont j’étais folle amoureuse avec impatience ? Pourquoi en plus, j’aurais voulu être avec toi en particulier qui ne m’attirait pas le moins du monde, qui était dégueulasse avec tes grosses lèvres gercées et tes gros boutons purulents ? Il n’y avait rien qui m’attirait chez toi. Absolument rien. Tu étais un gars fade, sans intérêt et tu t’es transformé en un gros pervers qui mendie du sexe. Tu savais que je ne voulais pas mais tu n’as pensé qu’à toi.

Je ne me souviens pas de comment ça s’est fini, ni de comment tu as fini par me laisser tranquille. Mais je me souviens être allée dans une autre pièce (ou peut-être que c’était la même) et à vomir à travers la fenêtre. J’ai vomi après ça et j’ai pleuré. J’étais allongée dans un lit, isolée, sans aucune envie de continuer la fête et je me souviens aussi à ce moment qu’un autre gars était là, à toucher mon corps pour compter mes grains de beauté en me disant que j’étais belle. J’étais tétanisée. Cette vision aussi me dégoute. Où étaient les autres ? Est-ce qu’ils étaient là ? Est-ce qu’ils en avaient quelque chose à fouttre de ce qu’il s’était passé et de comment je me sentais ?!

C’est horrible parce que non seulement tu ne m’as pas respectée, mais j’ai la sensation que moi non plus. D’avoir assez résisté pour garder ma virginité, mais pas pour le reste, c’est comme si je laissais mon corps pouvait subir certaines choses jusqu’à un certain point, alors qu’en vrai non ! Rien que d’embrasser quelqu’un alors qu’on n’en n’a pas envie, ce n’est pas ok.

En fait, pendant des années, j’ai vécu avec cette idée que tout ce qui s’était passé ce soir là était entièrement de ma faute. J’aurais du savoir dire non (je l’ai fait), j’aurais du insister pour montrer que je n’avais pas envie qu’il se passe quelque chose (je l’ai fait aussi). Mais le problème c’est que même si je savais que tu n’avais pas respecté ma volonté et que tu avais profité de la situation, je m’en voulais essentiellement à moi. Je me disais que si j’avais été sobre, j’aurais pu plus facilement te tenir tête. C’était moi qui avait bu et du coup, c’était moi la responsable. Pendant des années, j’ai vécu avec cette culpabilité, avec ce dégout de moi-même et cette honte. Pendant des années, je n’ai pas osé parler de cette soirée. Pendant des années, j’ai essayé d’oublier ce qu’il s’était passé et je n’ai pas arrêté de m’en vouloir.

Et comment s’est traduit ce mal-être ? Je me cachais physiquement derrière des gros pulls, je ne prenais pas soin de moi et je me cachais aussi en fumant des joins qui me rendaient invisibles. Je voulais disparaître, ne pas attirer l’attention. J’ai restreint mon développement. En effet, suite à cette soirée, la semaine qui a suivi et qui devait être inoubliable, a été une semaine de vide. ça a duré des années.

Pendant des années, je me suis sentie naïve, faible, soumise, dégueulasse, pas digne de respect, ni digne d’intérêt. Je t’ai laissé profiter de la situation et tu n’as pas hésité à le faire, tu as même cherché à le faire et tu as voulu recommencer. Tu ne t’ai jamais excusé pour avoir bousillé mon adolescence, pour m’avoir fait croire que je ne valais rien, que mon avis était sans importance. Tu ne t’ai jamais excusé pour ces blessures d’humiliation que je garde encore une dizaine d’année après, pour la honte que j’ai éprouvé d’avoir cédé, d’avoir été là, d’avoir impuissante à cause de l’alcool. T’as abusé de ma faiblesse, t’as trahi la confiance que je pouvais avoir aux gens en début de soirée. D’ailleurs depuis ça, je fais tellement difficilement confiance aux gens. Et mon estime de moi-même reste très basse.

Et même si je ne m’étais pas dit que tout était de ma faute, comment à 15 ans j’aurais pu aller parler à mes parents de cette histoire, leur révéler ce qu’il m’étais arrivé ? C’est tellement intime, tellement sale, répugnant… Alors que toi, à l’inverse, tu t’es vanté de cette soirée. À la rentrée, j’étais la risée du cycle. On m’a appelé « 69 » pendant le reste de l’année. On me traitait de pute. J’ai été souillée dans mon intimité et humiliée publiquement. J’ai du affronter ça. Sans raison. Juste pour un moment où tu avais besoin d’assouvir tes pulsions.
Et ça m’a poursuivi jusqu’à il y a 3 ans, quand une fille que je déteste pour ça a ressorti ce surnom lors d’un anniversaire. Non seulement, j’avais subi un truc qui me dégoutait profondément, mais en plus, on m’humiliait avec ça et ça faisait rire les autres. J’ai non seulement subi cette nuit, mais j’ai subi toutes ces remarques, ces moqueries, ce harcèlement. C’est à cause de toi tout ça. Personne d’autre ne pouvait avoir répandu le ragot. Et toi, à côté, t’étais fier. Parce que c’est connu, un mec qui arrive à ses fins, c’est un don juan.

Tu ne serais jamais arrivé à tes fins si je n’avais pas été sous l’emprise de l’alcool et si tu n’avais pas autant insisté. Tu le sais au fond de toi. Mais t’étais quand même fier de raconter à tout le monde ce qu’il s’était passé. T’es autant à vomir sobre que bourré. Et je sais que t’as continué avec d’autres femmes. Avec moi, t’as réessayé une fois, mais ça n’a pas marché. Avec d’autres, j’ai appris que oui.

Je me dis que tu mériterais la violence du scandale. Tu t’es vanté de cette histoire, alors que tu aurais du en avoir honte. Tu t’es vanté de cette histoire alors que tu aurais du AU MOINS la garder pour nous. Tu m’a imposé tes désirs, alors que tu n’en avais pas le droit. À cause de toi, j’ai du en plus affronter le jugement et la médisance des gens. Je me suis encore plus renfermée et je suis devenue encore plus méfiante. Pour moi, à cause de tout ça, encore aujourd’hui, c’est difficile de penser que les gens peuvent être bienveillants.

Je ne devrais avoir aucun scrupule aujourd’hui de parler de ce qu’il s’est passé. Tant pis si des gens que tu connais l’apprennent et même tant mieux si tu te retrouves au milieu d’un scandale. Tu le mériterais. L’ado que j’étais mériterait un peu de justice, une compensation pour tout ce que j’ai du affronter seule, sans même mon propre soutien, pensant toutes ces années que tout était de ma faute. La femme que je suis maintenant mériterait cette ré-appropriation de sa valeur, de faire confiance aux autres et de baisser sa garde, de s’ouvrir. Les femmes et tous ceux qui ont subi des abus/agressions sexuels, des viols mériteraient de ne pas avoir peur de parler, de ne pas avoir honte de ce qui leur est arrivé. La société mériterait de ne pas être à la merci de prédateurs égoïstes comme toi qui se croient tout permis. C’est pourquoi aujourd’hui, je raconte mon histoire et je revendique enfin que le seul qui devrait se sentir mal, c’est toi. Les personnes qui doivent avoir honte, c’est UNIQUEMENT toutes celles et ceux qui ne respectent pas les envies de quelqu’un et qui leur imposent leurs désirs.

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